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« Chaque abandon est pour nous un arrachement douloureux. Mais ce qui fait la beauté du Vendée Globe, c’est son exceptionnelle dureté. J’ai à cet instant une pensée toute particulière pour Vincent Riou et son partenaire PRB, présidé par Jean-Jacques Laurent, ainsi que pour les skippers qui ont dû se résoudre à l’abandon».
Entendre les silences de Vincent Riou, sa voix qui se perd à la vacation, permet de mesurer combien un abandon dans le Vendée Globe est un drame personnel. Chacun des marins laissés sur le bord de la piste a dû se résoudre à l’impensable, finir par accepter de ne plus faire partie de l’aventure.
Ce qui fait le caractère unique du Vendée Globe, c’est aussi l’extrême simplicité de ses règles : en solitaire, sans escale, sans assistance. Et c’est aussi son exceptionnelle dureté. Dès lors, l’abandon peut paraître souvent injuste, mais il est aussi inscrit dans les gènes de la course du Vendée Globe. C’est Yannick Bestaven, en 2008, qui démâte après quelques heures de course et voit tous ses efforts pour réunir le budget nécessaire pour être présent au départ, anéantis. C’est encore Isabelle Autissier qui, en 1996, est obligée de finir hors course pour avoir obtenu de l’aide pour changer un de ses safrans brisé suite à un choc avec un objet flottant non identifié…. Dès la première édition, l’épreuve avait été marquée par près de 50% d’abandons et pour la précédente édition, ce chiffre a grimpé jusqu’à 60%.
L’organisation vit chaque abandon comme une amputation. Pourtant, les infortunes de mer font partie de l’histoire du Vendée Globe. Bruno Retailleau, Président de la SAEM Vendée, entend bien le réaffirmer : « c’est l’extrême dureté de cette course, son caractère parfois tellement injuste et aléatoire qui génère pour le grand public une telle fascination et qui en fait aussi une aventure sportive unique au monde ».
En attendant, la course a déjà repris ses droits : en tête Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) résiste toujours aux assauts d’un Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) en pleine bourre et d’un François Gabart (MACIF) toujours aussi incisif. Derrière eux, la lutte est rude pour la quatrième place entre Alex Thomson (Hugo Boss) et Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat). A l’arrière de la flotte, il ne reste plus qu’Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) dans l’hémisphère nord, quand le quatuor Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) Arnaud Boissières (Akena Vérandas) Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur) et Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) se rend coup pour coup au large de Recife. Enfin, Mike Golding (Gamesa), Jean Le Cam (SynerCiel) et Dominique Wavre (Mirabaud) auront croisé la route de Vincent Riou et de son bateau blessé. Une manière de relativiser les petits bobos du jour quand on mesure la chance d’être toujours en course autour du globe.
Ils ont dit...
"J’y ai cru hier. Quand j’ai percuté l’objet flottant, il faisait nuit et je n’ai pas vu le problème de tirant d’outrigger. La première fois que j’ai regardé, cela ne me semblait pas dramatique. Hier, je me suis battu pour remettre en ordre le bateau. La réparation à l’avant avait bien avancé, la peau extérieure était refermée. J’ai fait une réparation sur le tirant cette nuit. Pas une réparation définitive mais quelque chose qui me permette d’aller jusqu’au Brésil. J’ai déjà vécu la situation de perdre mon gréement et il est hors de question que cela se reproduise. Ce matin, je suis monté dans le mât pour mettre mon gros étai et assurer le gréement sur tribord. Je viens de changer d’amure pour rejoindre le Brésil. C’est un des côtés difficiles du métier de marin, il n’y a pas toujours de justice. Il faut savoir être fataliste et accepter sinon on ne vit plus. C’est tellement d’investissement et de travail en amont, c’est dramatique comme fin. Il faut que j’apprenne à vivre avec, voilà c’est tout. Oui Jean Le Cam m’a appelé la nuit dernière. Merci à tous pour votre soutien, j’apprécie."
Vincent Riou (FRA, PRB)
"Ça va bien, le moral est bon, temps superbe, beau ciel bleu et mer bleue marine, c’est sympa.
Je suis vraiment triste pour Vincent. On sait tous les efforts que chacun met pour monter son projet et quand il y a un abandon, c’est vraiment triste. Il accumule un peu la malchance le père Vincent. Mon dernier Vendée, j’ai commencé à le travailler le jour où j’ai abandonné. Je me suis dit : « tu ne vas pas quitter sur cet échec et tu vas repartir. » C’est sûr qu’abandonner sur un truc aléatoire comme ça, c’est vraiment dur, surtout que Vincent est chef de projet et entrepreneur à part entière. Il n’est pas juste skipper, il a aussi une grosse part dans la construction de son bateau ; c’est d’autant plus triste, car il est impliqué de A à Z dans son projet.
J’ai utilisé le vent que j’avais pour remonter, j’en avais un peu plus que mes voisins à l’est. Même si je suis un peu plus rapide, ça reste très serré. Ça va être intéressant mais de toute façon, les résultats réels n’apparaitront que dans six ou sept jours."
Jean-Pierre Dick (FRA, Virbac Paprec 3)
"Au sujet de l’abandon de Vincent Riou: « Franchement, quand j’ai vu de quel type de problème il s’agissait, je me suis dit que s’il existait une personne dans la flotte qui puisse réparer ce genre de chose, c’était bien lui. Mais même pour quelqu’un comme lui, ça aurait été extrêmement compliqué. C’est vraiment très triste, pour lui et pour la course en général. C’était l’un des grands favoris. Je pense que Vincent a suffisamment d’expérience pour malheureusement avoir eu à subir plusieurs déconvenues dans sa carrière. Notre sport est un sport où les problèmes techniques peuvent vous trahir mais là, c’est d’autant plus frustrant qu’il s’agissait d’un tout petit objet comparé à la grandeur des océans. S’il était passé 10 mètres plus à gauche ou plus à droite, il serait encore en course. Le destin ne lui a pas été favorable, c’était écrit. Maintenant, il va avoir quelques jours pour trouver un endroit où faire ses réparations et digérer tout ça."
Mike Golding (GBR , Gamesa)
"J’ai découvert l’abandon de Vincent tout à l’heure, c’est triste et malheureux. Il faisait partie des favoris et il aurait amené plein de choses jusqu’à la fin de la course. J’ai vu les dégâts et c’est vrai que c’est toujours difficile d’aller dans les mers du Sud, si le bateau n’est pas à 100%. C’est dur car c’est un concurrent que j’apprécie beaucoup. Vincent connait la matière et le composite ; il était celui d’entre nous le plus capable de réparer ce qu’il s’était passé."
François Gabart (FRA, Macif)
"Je me porte très bien. Il y a du soleil mais malheureusement je n’ai pas beaucoup de vent. Il y a 6-7 nœuds, je suis un peu au ralenti. Mais sinon tout va bien, j’ai pu récolter de l’eau grâce aux grains et j’ai pris aussi des douches. La seule chose qui ne va pas, c’est le vent.
Pour le passage de l’équateur, je vais offrir du vieux rhum pour Neptune et j’en prendrai une petite gorgée."
Alessandro Di Benedetto (ITA, Team Plastique).
Entendre les silences de Vincent Riou, sa voix qui se perd à la vacation, permet de mesurer combien un abandon dans le Vendée Globe est un drame personnel. Chacun des marins laissés sur le bord de la piste a dû se résoudre à l’impensable, finir par accepter de ne plus faire partie de l’aventure.
Ce qui fait le caractère unique du Vendée Globe, c’est aussi l’extrême simplicité de ses règles : en solitaire, sans escale, sans assistance. Et c’est aussi son exceptionnelle dureté. Dès lors, l’abandon peut paraître souvent injuste, mais il est aussi inscrit dans les gènes de la course du Vendée Globe. C’est Yannick Bestaven, en 2008, qui démâte après quelques heures de course et voit tous ses efforts pour réunir le budget nécessaire pour être présent au départ, anéantis. C’est encore Isabelle Autissier qui, en 1996, est obligée de finir hors course pour avoir obtenu de l’aide pour changer un de ses safrans brisé suite à un choc avec un objet flottant non identifié…. Dès la première édition, l’épreuve avait été marquée par près de 50% d’abandons et pour la précédente édition, ce chiffre a grimpé jusqu’à 60%.
L’organisation vit chaque abandon comme une amputation. Pourtant, les infortunes de mer font partie de l’histoire du Vendée Globe. Bruno Retailleau, Président de la SAEM Vendée, entend bien le réaffirmer : « c’est l’extrême dureté de cette course, son caractère parfois tellement injuste et aléatoire qui génère pour le grand public une telle fascination et qui en fait aussi une aventure sportive unique au monde ».
En attendant, la course a déjà repris ses droits : en tête Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) résiste toujours aux assauts d’un Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) en pleine bourre et d’un François Gabart (MACIF) toujours aussi incisif. Derrière eux, la lutte est rude pour la quatrième place entre Alex Thomson (Hugo Boss) et Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat). A l’arrière de la flotte, il ne reste plus qu’Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) dans l’hémisphère nord, quand le quatuor Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) Arnaud Boissières (Akena Vérandas) Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur) et Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) se rend coup pour coup au large de Recife. Enfin, Mike Golding (Gamesa), Jean Le Cam (SynerCiel) et Dominique Wavre (Mirabaud) auront croisé la route de Vincent Riou et de son bateau blessé. Une manière de relativiser les petits bobos du jour quand on mesure la chance d’être toujours en course autour du globe.
Ils ont dit...
"J’y ai cru hier. Quand j’ai percuté l’objet flottant, il faisait nuit et je n’ai pas vu le problème de tirant d’outrigger. La première fois que j’ai regardé, cela ne me semblait pas dramatique. Hier, je me suis battu pour remettre en ordre le bateau. La réparation à l’avant avait bien avancé, la peau extérieure était refermée. J’ai fait une réparation sur le tirant cette nuit. Pas une réparation définitive mais quelque chose qui me permette d’aller jusqu’au Brésil. J’ai déjà vécu la situation de perdre mon gréement et il est hors de question que cela se reproduise. Ce matin, je suis monté dans le mât pour mettre mon gros étai et assurer le gréement sur tribord. Je viens de changer d’amure pour rejoindre le Brésil. C’est un des côtés difficiles du métier de marin, il n’y a pas toujours de justice. Il faut savoir être fataliste et accepter sinon on ne vit plus. C’est tellement d’investissement et de travail en amont, c’est dramatique comme fin. Il faut que j’apprenne à vivre avec, voilà c’est tout. Oui Jean Le Cam m’a appelé la nuit dernière. Merci à tous pour votre soutien, j’apprécie."
Vincent Riou (FRA, PRB)
"Ça va bien, le moral est bon, temps superbe, beau ciel bleu et mer bleue marine, c’est sympa.
Je suis vraiment triste pour Vincent. On sait tous les efforts que chacun met pour monter son projet et quand il y a un abandon, c’est vraiment triste. Il accumule un peu la malchance le père Vincent. Mon dernier Vendée, j’ai commencé à le travailler le jour où j’ai abandonné. Je me suis dit : « tu ne vas pas quitter sur cet échec et tu vas repartir. » C’est sûr qu’abandonner sur un truc aléatoire comme ça, c’est vraiment dur, surtout que Vincent est chef de projet et entrepreneur à part entière. Il n’est pas juste skipper, il a aussi une grosse part dans la construction de son bateau ; c’est d’autant plus triste, car il est impliqué de A à Z dans son projet.
J’ai utilisé le vent que j’avais pour remonter, j’en avais un peu plus que mes voisins à l’est. Même si je suis un peu plus rapide, ça reste très serré. Ça va être intéressant mais de toute façon, les résultats réels n’apparaitront que dans six ou sept jours."
Jean-Pierre Dick (FRA, Virbac Paprec 3)
"Au sujet de l’abandon de Vincent Riou: « Franchement, quand j’ai vu de quel type de problème il s’agissait, je me suis dit que s’il existait une personne dans la flotte qui puisse réparer ce genre de chose, c’était bien lui. Mais même pour quelqu’un comme lui, ça aurait été extrêmement compliqué. C’est vraiment très triste, pour lui et pour la course en général. C’était l’un des grands favoris. Je pense que Vincent a suffisamment d’expérience pour malheureusement avoir eu à subir plusieurs déconvenues dans sa carrière. Notre sport est un sport où les problèmes techniques peuvent vous trahir mais là, c’est d’autant plus frustrant qu’il s’agissait d’un tout petit objet comparé à la grandeur des océans. S’il était passé 10 mètres plus à gauche ou plus à droite, il serait encore en course. Le destin ne lui a pas été favorable, c’était écrit. Maintenant, il va avoir quelques jours pour trouver un endroit où faire ses réparations et digérer tout ça."
Mike Golding (GBR , Gamesa)
"J’ai découvert l’abandon de Vincent tout à l’heure, c’est triste et malheureux. Il faisait partie des favoris et il aurait amené plein de choses jusqu’à la fin de la course. J’ai vu les dégâts et c’est vrai que c’est toujours difficile d’aller dans les mers du Sud, si le bateau n’est pas à 100%. C’est dur car c’est un concurrent que j’apprécie beaucoup. Vincent connait la matière et le composite ; il était celui d’entre nous le plus capable de réparer ce qu’il s’était passé."
François Gabart (FRA, Macif)
"Je me porte très bien. Il y a du soleil mais malheureusement je n’ai pas beaucoup de vent. Il y a 6-7 nœuds, je suis un peu au ralenti. Mais sinon tout va bien, j’ai pu récolter de l’eau grâce aux grains et j’ai pris aussi des douches. La seule chose qui ne va pas, c’est le vent.
Pour le passage de l’équateur, je vais offrir du vieux rhum pour Neptune et j’en prendrai une petite gorgée."
Alessandro Di Benedetto (ITA, Team Plastique).
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