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Ce vendredi 5 mars à 08 heures 35 minutes et 46 secondes (heure française), Ari Huusela a franchi la ligne d’arrivée des Sables-d’Olonne après 116 jours, 18 heures, 15 minutes et 46 secondes de course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, à la 25e place, 36j 14h 31min après le vainqueur. Le skipper de Stark avait pour ambition d’être le premier Finlandais à boucler le Vendée Globe, c’est fait ! Avec l’arrivée de « Super Happy Ari » se ferme la ligne d’arrivée de ce 9e Vendée Globe.
L’AMBIANCE
Après avoir longé l’île d’Yeu, peut-être bien pour un dernier plaisir à la conclusion de son dernier bord par le nord du golfe de Gascogne, Ari Huusela s’est présenté sur la ligne d’arrivée ce vendredi matin, un tout petit peu plus tôt qu’il l’imaginait. On salue toujours le chef de bord quand l’avion rejoint le tarmac plus tôt qu’annoncé… Il faisait beau, frais, et un simple et joyeux cortège a accompagné le skipper jusqu’à la ligne d’arrivée.
LA COURSE D’ARI
Le contrat que le pilote de ligne avait passé avec lui-même, ainsi que ceux qui l’ont entouré, était clair : il se devait d’aller au bout de ce tour du monde, parce qu’il était clair, avant le départ, qu’il ne s’accorderait qu’une chance de tenter l’aventure.
Ingénieur aéronautique devenu pilote de ligne, passionné de course au large depuis sa première traversée de l'Atlantique en Mini650 en 1999, Ari Huusela est devenu le premier skipper d'une nation nordique à terminer le Vendée Globe. Sa 25e place importe infiniment moins que son statut de « finisher », et peu importe que les jours aient pu paraître longs parfois, le Finlandais mérite qu’on universalise le surnom qu’il s’est attribué : « Super Happy Ari ». Au pire, au plus fort de la déprime, lorsque les galères se sont amoncelées sur son bateau, a-t-il concédé qu’il n’était que « happy ». « Je ne suis pas du tout soucieux du fait d’être dernier, disait-il encore il y a quelques jours. Je suis juste super content d’être dans la course et d’être là où je suis. Je savais que je serais loin des autres, et l’essentiel était de terminer, avec un bateau solide et qui reviendrait en bon état ».
Très longtemps au contact d’Alexia Barrier (TSE-4MyPlanet), le pilote n’a perdu contact avec la défenderesse de la terre que lors des quinze derniers jours quand, entrée la première dans la zone de hautes pressions du sud des Açores, la 6e navigatrice à finir un tour du monde cette année en solitaire a creusé l’écart, Stark restant encalminé dans l’ouest de l’anticyclone.
Quelques moments de son épopée le marqueront peut-être plus que d’autres. L’épouvantable orage sous lequel il s’est enferré dans le pot au noir, à l’aller ; la traversée vers l’Afrique du Sud, sous grande voile d’avant et au contact de Clément Giraud et Sébastien Destremau ; le méchant système dépressionnaire qui le secoue au cap Leeuwin et lui fait affronter plus que la limite qu’il s’était autorisé à défier : 30 nœuds de vent, et les routages calés sur cette limite pour ne pas abîmer le bateau ; la tempête à l’ouest du cap Horn, qui lui fit essuyer des vents de 40 à 50 nœuds, loin de sa zone de confort – mais qui est réellement dans le confort, au Cap Horn ?
Le point d’orgue d’un amour du large
Finir ce Vendée Globe, c’est pour le pilote de ligne le point d’orgue d’une carrière au large entamée en Mini à la fin des années 90. En 1999, sur un 650 dessiné par son compatriote Kamu Strahlmann (ministe en 1997), Ari s’était classé 13e, juste derrière un certain Yannick Bestaven. Plus tard, il a racheté l'ancien Aberdeen Asset Management, conçu par Andrew Cape, mené par Sam Davies lors de la Mini en 2001, pour une 11e place. Privé, pour des raisons qu’il ne comprend toujours pas, de l’édition 2003, Huusela a vendu le bateau à Isabelle Joschke et l’a aidée à prendre le départ. Après une nouvelle Mini en 2007, après avoir également régaté en F18, il a pris le départ de la Route du Rhum sur un Pogo40 dans la classe Rhum, et a pris la 9e place. Restait à conquérir le Vendée Globe, sur le plan Owen Clarke qui eut pour premières couleurs cette de Aviva et pour skipper Dee Caffari (2008-2009). Il y a deux ans, enfin, Ari Huusela faisait équipe avec Mikey Ferguson sur la Transat Jacques Vabre (26e), pour prendre le temps de comprendre le bateau et d’en dominer l’essentiel.
Son aventure aura connu une résonnance épatante. En Finlande, porté par son partenaire, Stark, avec lequel il a emporté trois prix de sponsoring, Ari Huusela a peut-être suscité d’autres vocations. Une de ses plus belles victoires, sans doute, pour ce marin de 58 ans devenu un héros dans son pays.
Après avoir longé l’île d’Yeu, peut-être bien pour un dernier plaisir à la conclusion de son dernier bord par le nord du golfe de Gascogne, Ari Huusela s’est présenté sur la ligne d’arrivée ce vendredi matin, un tout petit peu plus tôt qu’il l’imaginait. On salue toujours le chef de bord quand l’avion rejoint le tarmac plus tôt qu’annoncé… Il faisait beau, frais, et un simple et joyeux cortège a accompagné le skipper jusqu’à la ligne d’arrivée.
LA COURSE D’ARI
Le contrat que le pilote de ligne avait passé avec lui-même, ainsi que ceux qui l’ont entouré, était clair : il se devait d’aller au bout de ce tour du monde, parce qu’il était clair, avant le départ, qu’il ne s’accorderait qu’une chance de tenter l’aventure.
Ingénieur aéronautique devenu pilote de ligne, passionné de course au large depuis sa première traversée de l'Atlantique en Mini650 en 1999, Ari Huusela est devenu le premier skipper d'une nation nordique à terminer le Vendée Globe. Sa 25e place importe infiniment moins que son statut de « finisher », et peu importe que les jours aient pu paraître longs parfois, le Finlandais mérite qu’on universalise le surnom qu’il s’est attribué : « Super Happy Ari ». Au pire, au plus fort de la déprime, lorsque les galères se sont amoncelées sur son bateau, a-t-il concédé qu’il n’était que « happy ». « Je ne suis pas du tout soucieux du fait d’être dernier, disait-il encore il y a quelques jours. Je suis juste super content d’être dans la course et d’être là où je suis. Je savais que je serais loin des autres, et l’essentiel était de terminer, avec un bateau solide et qui reviendrait en bon état ».
Très longtemps au contact d’Alexia Barrier (TSE-4MyPlanet), le pilote n’a perdu contact avec la défenderesse de la terre que lors des quinze derniers jours quand, entrée la première dans la zone de hautes pressions du sud des Açores, la 6e navigatrice à finir un tour du monde cette année en solitaire a creusé l’écart, Stark restant encalminé dans l’ouest de l’anticyclone.
Quelques moments de son épopée le marqueront peut-être plus que d’autres. L’épouvantable orage sous lequel il s’est enferré dans le pot au noir, à l’aller ; la traversée vers l’Afrique du Sud, sous grande voile d’avant et au contact de Clément Giraud et Sébastien Destremau ; le méchant système dépressionnaire qui le secoue au cap Leeuwin et lui fait affronter plus que la limite qu’il s’était autorisé à défier : 30 nœuds de vent, et les routages calés sur cette limite pour ne pas abîmer le bateau ; la tempête à l’ouest du cap Horn, qui lui fit essuyer des vents de 40 à 50 nœuds, loin de sa zone de confort – mais qui est réellement dans le confort, au Cap Horn ?
Le point d’orgue d’un amour du large
Finir ce Vendée Globe, c’est pour le pilote de ligne le point d’orgue d’une carrière au large entamée en Mini à la fin des années 90. En 1999, sur un 650 dessiné par son compatriote Kamu Strahlmann (ministe en 1997), Ari s’était classé 13e, juste derrière un certain Yannick Bestaven. Plus tard, il a racheté l'ancien Aberdeen Asset Management, conçu par Andrew Cape, mené par Sam Davies lors de la Mini en 2001, pour une 11e place. Privé, pour des raisons qu’il ne comprend toujours pas, de l’édition 2003, Huusela a vendu le bateau à Isabelle Joschke et l’a aidée à prendre le départ. Après une nouvelle Mini en 2007, après avoir également régaté en F18, il a pris le départ de la Route du Rhum sur un Pogo40 dans la classe Rhum, et a pris la 9e place. Restait à conquérir le Vendée Globe, sur le plan Owen Clarke qui eut pour premières couleurs cette de Aviva et pour skipper Dee Caffari (2008-2009). Il y a deux ans, enfin, Ari Huusela faisait équipe avec Mikey Ferguson sur la Transat Jacques Vabre (26e), pour prendre le temps de comprendre le bateau et d’en dominer l’essentiel.
Son aventure aura connu une résonnance épatante. En Finlande, porté par son partenaire, Stark, avec lequel il a emporté trois prix de sponsoring, Ari Huusela a peut-être suscité d’autres vocations. Une de ses plus belles victoires, sans doute, pour ce marin de 58 ans devenu un héros dans son pays.
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Les Sables d'Olonne Info
Ce mercredi matin, Isabelle Joschke est revenue aux Sables d’Olonne presque 108 jours après avoir quitté le port Vendéen. Malgré son abandon le 9 janvier dernier et une escale technique de 10 jours à Salvador de Bahia pour consolider la quille de son bateau, la navigatrice franco-allemande tenait à aller au bout de son premier tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance. Un parcours qu’elle aura brillamment animé dans le top 10 jusqu’ au grand large de l’Argentine. Et c’est ce que l’on retiendra d’Isabelle : 18 000 milles d’une course magnifiquement menée et une détermination sans faille pour terminer ce voyage.
Grand soleil, grosse houle… c’est dans ces conditions spectaculaires qu’Isabelle Joschke a franchi symboliquement la ligne d’arrivée puis embouqué le chenal des Sables d’Olonne acclamée par le public. Elle termine son premier Vendée Globe non classée, mais peu importe. « Cette arrivée, c’est une victoire, chaque cap a été une victoire ! » a t-elle déclaré en posant le pied à terre.
La course d’Isabelle Joschke
Finir dans le top 10, telle était l’ambition sportive et le rêve d’Isabelle. A la question « qu’est-ce qui pourrait vous empêcher d’atteindre cet objectif ? » posée quelques jours avant son envol autour de la planète, elle avait répondu : « ne pas naviguer à mon rythme, suivre la cadence des autres et faire des erreurs ».
C’est en écoutant cette voix qu’elle va débuter sa course, prudemment, à sa manière. Pour éviter le passage du premier front trois jours après le départ, elle choisit de se recaler dans le Sud au prix de multiples virements de bord. Elle y laisse pas mal de plumes et entame sa descente de l’Atlantique dans le dernier tiers de la flotte. « Ma prudence m’a coûté cher » reconnaît-elle le 17 novembre. « Je me donne à fond et je suis à l’affût de toute opportunité pour revenir dans le match ». Tiraillée entre performance et sureté, elle va passer plusieurs jours à doser, acceptant tant bien que mal ce compromis difficile. Jusqu’à ce que sa propre cadence épouse finalement celle des autres. En Atlantique Sud, elle négocie bien le contournement de l’anticyclone de Sainte Hélène et revient au contact du peloton de tête. Elle est 12e au passage du cap de Bonne Espérance. Son arrivée dans le Grand Sud, sa découverte parfois éprouvante de l’océan Indien et du Pacifique va se faire dans l’ombre d’une menace. Son bateau (plan Verdier VPLP de 2007) est similaire à PRB. Le naufrage de Kévin Escoffier est dans toutes les têtes. On apprendra plus tard par son directeur de projet Alain Gautier que la question de relâcher en Afrique du Sud s’est posée.
Cela n’empêche pas Isabelle de trouver son tempo et de mener parfaitement sa monture, rivalisant au sein du top 10. Des petits soucis la contrarient (balcon arraché, aériens HS), mais pas de quoi l’empêcher de jouer sa partition dans le premier orchestre. Elle impressionne son monde ! Mais le 3 janvier, 48 heures avant de passer son premier cap Horn, la tige de son vérin de quille rend l’âme, l’obligeant à immobiliser l’appendice avec un vérin de secours. Six jours plus tard, dans une dépression au grand large de l’Argentine, elle annonce que le faux vérin n’a pas tenu. Son bateau n’est plus sûr et elle doit abandonner. Elle mettra 16 jours à rallier Salvador de Bahia, au Brésil. Après une escale technique d’une dizaine de jours, elle reprend la mer le 5 février, bien décidée à terminer son voyage. Rejointe par Sam Davies, elle aussi hors course, la Franco-allemande réalisera les milles restants sous bonne escorte.
Cette littéraire qui a commencé la voile de compétition sur le tard en remportant en 2007 la première étape de la Mini Transat, est dotée d’une force de caractère peu commune, doublée d’une grande intelligence humaine. Elle l’a montré tout au long de la course. « Je voudrais être fière de la manière dont je vais endurer tout ce que je vais rencontrer. Je sais que ce ne sera pas simple » déclarait-elle avant de partir. Classée ou pas, elle est allée au bout du challenge et a prouvé qu’elle faisait partie des grands marins. Alors fière, elle peut l’être !
La course d’Isabelle Joschke
Finir dans le top 10, telle était l’ambition sportive et le rêve d’Isabelle. A la question « qu’est-ce qui pourrait vous empêcher d’atteindre cet objectif ? » posée quelques jours avant son envol autour de la planète, elle avait répondu : « ne pas naviguer à mon rythme, suivre la cadence des autres et faire des erreurs ».
C’est en écoutant cette voix qu’elle va débuter sa course, prudemment, à sa manière. Pour éviter le passage du premier front trois jours après le départ, elle choisit de se recaler dans le Sud au prix de multiples virements de bord. Elle y laisse pas mal de plumes et entame sa descente de l’Atlantique dans le dernier tiers de la flotte. « Ma prudence m’a coûté cher » reconnaît-elle le 17 novembre. « Je me donne à fond et je suis à l’affût de toute opportunité pour revenir dans le match ». Tiraillée entre performance et sureté, elle va passer plusieurs jours à doser, acceptant tant bien que mal ce compromis difficile. Jusqu’à ce que sa propre cadence épouse finalement celle des autres. En Atlantique Sud, elle négocie bien le contournement de l’anticyclone de Sainte Hélène et revient au contact du peloton de tête. Elle est 12e au passage du cap de Bonne Espérance. Son arrivée dans le Grand Sud, sa découverte parfois éprouvante de l’océan Indien et du Pacifique va se faire dans l’ombre d’une menace. Son bateau (plan Verdier VPLP de 2007) est similaire à PRB. Le naufrage de Kévin Escoffier est dans toutes les têtes. On apprendra plus tard par son directeur de projet Alain Gautier que la question de relâcher en Afrique du Sud s’est posée.
Cela n’empêche pas Isabelle de trouver son tempo et de mener parfaitement sa monture, rivalisant au sein du top 10. Des petits soucis la contrarient (balcon arraché, aériens HS), mais pas de quoi l’empêcher de jouer sa partition dans le premier orchestre. Elle impressionne son monde ! Mais le 3 janvier, 48 heures avant de passer son premier cap Horn, la tige de son vérin de quille rend l’âme, l’obligeant à immobiliser l’appendice avec un vérin de secours. Six jours plus tard, dans une dépression au grand large de l’Argentine, elle annonce que le faux vérin n’a pas tenu. Son bateau n’est plus sûr et elle doit abandonner. Elle mettra 16 jours à rallier Salvador de Bahia, au Brésil. Après une escale technique d’une dizaine de jours, elle reprend la mer le 5 février, bien décidée à terminer son voyage. Rejointe par Sam Davies, elle aussi hors course, la Franco-allemande réalisera les milles restants sous bonne escorte.
Cette littéraire qui a commencé la voile de compétition sur le tard en remportant en 2007 la première étape de la Mini Transat, est dotée d’une force de caractère peu commune, doublée d’une grande intelligence humaine. Elle l’a montré tout au long de la course. « Je voudrais être fière de la manière dont je vais endurer tout ce que je vais rencontrer. Je sais que ce ne sera pas simple » déclarait-elle avant de partir. Classée ou pas, elle est allée au bout du challenge et a prouvé qu’elle faisait partie des grands marins. Alors fière, elle peut l’être !
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Les Sables d'Olonne Info
A 17h00 alors que Manuel Cousin naviguait au près dans un vent très soutenu et une mer formée, la tige du vérin de quille de Groupe Sétin s’est sectionnée. Pour l’instant, Manuel Cousin, en contact permanent avec son équipe à terre, essaie de sécuriser le bateau. Il faudra ensuite qu’il mette en place les axes de secours permettant de bloquer la quille.
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Les Sables d'Olonne Info
Ce samedi 30 janvier, à 04 heures, 50 minutes, 15 secondes (heure française), Maxime Sorel a franchi la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne après 82 jours, 14 heures, 30 minutes et 15 secondes à l’issue de ce Vendée Globe. Il termine à 2 jours, 10 h, 45 min du vainqueur, Yannick Bestaven. L’objectif est donc atteint pour le skipper de 34 ans qui désirait avant tout « boucler son tour du monde ». Mais avec l’abnégation qu’il a démontré jusqu’au bout, notamment en affrontant une forte dépression ces dernières heures, le skipper de V and B - Mayenne a fait beaucoup mieux. Explications.
Il fait nuit, le vent de sud-ouest souffle à plus de 25 nœuds, la mer est courte, les creux s’élèvent à 2,5 mètres de haut et la pluie tombe. Voilà le décor de l’arrivée du premier tour du monde de Maxime Sorel.
La course de Maxime
Il a la tête d’un jeune premier, les traits du visage fin et la chevelure blonde, plus ou moins étincelante en fonction des saisons. Mais derrière son sourire et son aisance générationnelle à communiquer, Maxime Sorel, 34 ans, n’a rien d’un novice. Avant de batailler sur tous les océans de la planète, l’homme a toujours fait preuve d’une sacrée abnégation. Lui qui admire Michael Jordan « parce qu’il s’est battu toute sa vie », s’est toujours démené pour mener ses projets. Il y a eu sa vie d’avant, ingénieur d’affaires où les heures ne sont jamais comptées, puis l’idée de se lancer dans la course au large. « Ce qui m’en a donné envie, ce n’est pas seulement de courir sur les mers, c’est de gérer un projet dans son ensemble » explique-t-il.
Des vagues iodées à la vague d’émotion
Mener sa vie comme on le fait en mer, sans rien lâcher. Au fil des années, il enchaîne les courses en Class40 (une Route du Rhum, trois Transat Jacques Vabre dont une victoire en 2017), rassemble des partenaires fidèles (VandB) et constitue une communauté autour de lui, au point qu’un département ne comptant aucun accès à la mer, la Mayenne, le supporte et se passionne pour son aventure. L’envie d’évasion le titillait les jours précédent le départ, au point de braver le confinement et de s’offrir une dernière session de surf à l’abri des regards. Des vagues iodées avant la vague d’émotion. Le Jour-J, il s’amuse – « tu te lèves le matin et tu te dis que tu pars faire le tour du monde » - puis fond en larmes dans les bras de son frère, Jérémy. Ensuite, la brume s’est levée et l’aventure a débuté.
La première nuit est délicate (plus de 40 nœuds), il a fallu enlever un filet engoncé dans son safran mais Maxime fait mieux que résister. Il prend même la tête de la flotte lors du 2e jour et est leader à 8 reprises*. Ensuite, il y a la dépression tropicale. Le skipper parle « d’une mer bouillonnante », de « manœuvres éprouvantes », évoque des problèmes de pilotes mais assure « qu’on a encore notre mot à dire jusqu’à l’équateur. » Il le franchit à la 14e place, au lendemain des leaders. Ses premiers jours de course ? « Exceptionnels à tous les niveaux. Je me suis sentis faire corps avec les éléments, la machine et le temps ».
Conditions musclées et avaries : un skipper jamais épargné
Maxime Sorel conserve son sourire en toutes circonstances, les yeux sont légèrement plus cernés mais le regard toujours fixe, toujours lucide. Certes, il n’est pas épargné et reprend d’ailleurs la maxime « une emmerde par jour » chère à Michel Desjoyeaux. Il y a cet arrêt buffet après une semaine de course, probablement causé par un OFNI, qui fait sauter le capuchon du réservoir de gasoil et vibrer la quille. Progressivement, le skipper engrange les nouveautés : le temps le plus long jamais passé à bord, la découverte des mers du sud « qui oblige à serrer les fesses pendant un mois », le froid qui ronge et le chaos qui affleure.
Début décembre, il flirte à 1,2 mille de la zone d’exclusion des glaces, s’adapte tant bien que mal à la mer désordonnée et aux rafales de 40 nœuds dans l’Indien. « C’est grains sur grains… On m’avait dit que le grand Sud était gris, froid, humide, mais pas que la mer était défoncée comme ça ! » Maxime doit s’adapter au décalage horaire – « c’est très perturbant » - et se transformer en bricoleur acharné. Il doit monter au mat sous 18 nœuds, la faute à deux grandes déchirures sur ses voiles d’avant, puis passer « neuf heures non-stop » pour réparer son J2. Ses genoux le font souffrir, ses mains aussi (« elles sont défoncées, elles brûlent »). Pourtant, le skipper tient bon, solidement accroché à une 11e place qu’il conserve dans les mers du sud.
« Je ne suis pas un marin solitaire pur »
Sur la longue route qui le mène au cap Horn, les déboires de certaines journées ne font pas oublier les sourires et les discussions plus légères. La charcuterie et la mousse au chocolat dans l’Atlantique ont été remplacées par les plats chauds. À Noël, il savoure le repas concocté par un chef étoilé de Saint-Malo. Et puis Maxime reste connecté avec la terre – « je ne suis pas un marin solitaire pur » - lit des articles et sait qu’à terre, la situation est bien plus chaotique qu’en mer.
En fin d’année, il veut transmettre un message : « dire aux gens de faire attention et de ne pas se transmettre le virus à Noël : on aimerait tous faire une énorme fête à l’arrivée »
Après le franchissement du Cap Horn, suite à l’abandon d’Isabelle Joschke (MACSF) qui naviguait non loin de lui, Maxime gagne une place. « Je suis dégoûté pour elle », lâche-t-il alors qu’il a dû affronter des rafales jusqu’à 55 nœuds.
La suite, c’est « l’autoroute des alizés », l’envie de « donner son max » et de résister au retour d’Armel Tripon. Le navigateur réalise à quel point il aura appris – « on pourrait faire encore dix fois le tour de la terre qu’on apprendrait encore » malgré les jours qui passent et la fatigue qui s’accumule. Alors que l’arrivée se rapproche, il y a une dernière difficulté et de taille : une forte dépression, violente avec des rafales qui tutoient les 60 nœuds… Comme un ultime défi pour un organisme et un bateau déjà soumis à rude épreuve. « C’est une course contre la montre, j’ai du mal à manger, à dormir, je cravache », confiait-il vendredi, les traits marqués. Mais Maxime a résisté, jusqu’au bout, et son tour du monde lui ouvre un peu plus le champ des possibles.
*Sur l’ensemble des classements de la course (6 classements par jour), Maxime Sorel apparaît en tête à 8 reprises.
La course de Maxime
Il a la tête d’un jeune premier, les traits du visage fin et la chevelure blonde, plus ou moins étincelante en fonction des saisons. Mais derrière son sourire et son aisance générationnelle à communiquer, Maxime Sorel, 34 ans, n’a rien d’un novice. Avant de batailler sur tous les océans de la planète, l’homme a toujours fait preuve d’une sacrée abnégation. Lui qui admire Michael Jordan « parce qu’il s’est battu toute sa vie », s’est toujours démené pour mener ses projets. Il y a eu sa vie d’avant, ingénieur d’affaires où les heures ne sont jamais comptées, puis l’idée de se lancer dans la course au large. « Ce qui m’en a donné envie, ce n’est pas seulement de courir sur les mers, c’est de gérer un projet dans son ensemble » explique-t-il.
Des vagues iodées à la vague d’émotion
Mener sa vie comme on le fait en mer, sans rien lâcher. Au fil des années, il enchaîne les courses en Class40 (une Route du Rhum, trois Transat Jacques Vabre dont une victoire en 2017), rassemble des partenaires fidèles (VandB) et constitue une communauté autour de lui, au point qu’un département ne comptant aucun accès à la mer, la Mayenne, le supporte et se passionne pour son aventure. L’envie d’évasion le titillait les jours précédent le départ, au point de braver le confinement et de s’offrir une dernière session de surf à l’abri des regards. Des vagues iodées avant la vague d’émotion. Le Jour-J, il s’amuse – « tu te lèves le matin et tu te dis que tu pars faire le tour du monde » - puis fond en larmes dans les bras de son frère, Jérémy. Ensuite, la brume s’est levée et l’aventure a débuté.
La première nuit est délicate (plus de 40 nœuds), il a fallu enlever un filet engoncé dans son safran mais Maxime fait mieux que résister. Il prend même la tête de la flotte lors du 2e jour et est leader à 8 reprises*. Ensuite, il y a la dépression tropicale. Le skipper parle « d’une mer bouillonnante », de « manœuvres éprouvantes », évoque des problèmes de pilotes mais assure « qu’on a encore notre mot à dire jusqu’à l’équateur. » Il le franchit à la 14e place, au lendemain des leaders. Ses premiers jours de course ? « Exceptionnels à tous les niveaux. Je me suis sentis faire corps avec les éléments, la machine et le temps ».
Conditions musclées et avaries : un skipper jamais épargné
Maxime Sorel conserve son sourire en toutes circonstances, les yeux sont légèrement plus cernés mais le regard toujours fixe, toujours lucide. Certes, il n’est pas épargné et reprend d’ailleurs la maxime « une emmerde par jour » chère à Michel Desjoyeaux. Il y a cet arrêt buffet après une semaine de course, probablement causé par un OFNI, qui fait sauter le capuchon du réservoir de gasoil et vibrer la quille. Progressivement, le skipper engrange les nouveautés : le temps le plus long jamais passé à bord, la découverte des mers du sud « qui oblige à serrer les fesses pendant un mois », le froid qui ronge et le chaos qui affleure.
Début décembre, il flirte à 1,2 mille de la zone d’exclusion des glaces, s’adapte tant bien que mal à la mer désordonnée et aux rafales de 40 nœuds dans l’Indien. « C’est grains sur grains… On m’avait dit que le grand Sud était gris, froid, humide, mais pas que la mer était défoncée comme ça ! » Maxime doit s’adapter au décalage horaire – « c’est très perturbant » - et se transformer en bricoleur acharné. Il doit monter au mat sous 18 nœuds, la faute à deux grandes déchirures sur ses voiles d’avant, puis passer « neuf heures non-stop » pour réparer son J2. Ses genoux le font souffrir, ses mains aussi (« elles sont défoncées, elles brûlent »). Pourtant, le skipper tient bon, solidement accroché à une 11e place qu’il conserve dans les mers du sud.
« Je ne suis pas un marin solitaire pur »
Sur la longue route qui le mène au cap Horn, les déboires de certaines journées ne font pas oublier les sourires et les discussions plus légères. La charcuterie et la mousse au chocolat dans l’Atlantique ont été remplacées par les plats chauds. À Noël, il savoure le repas concocté par un chef étoilé de Saint-Malo. Et puis Maxime reste connecté avec la terre – « je ne suis pas un marin solitaire pur » - lit des articles et sait qu’à terre, la situation est bien plus chaotique qu’en mer.
En fin d’année, il veut transmettre un message : « dire aux gens de faire attention et de ne pas se transmettre le virus à Noël : on aimerait tous faire une énorme fête à l’arrivée »
Après le franchissement du Cap Horn, suite à l’abandon d’Isabelle Joschke (MACSF) qui naviguait non loin de lui, Maxime gagne une place. « Je suis dégoûté pour elle », lâche-t-il alors qu’il a dû affronter des rafales jusqu’à 55 nœuds.
La suite, c’est « l’autoroute des alizés », l’envie de « donner son max » et de résister au retour d’Armel Tripon. Le navigateur réalise à quel point il aura appris – « on pourrait faire encore dix fois le tour de la terre qu’on apprendrait encore » malgré les jours qui passent et la fatigue qui s’accumule. Alors que l’arrivée se rapproche, il y a une dernière difficulté et de taille : une forte dépression, violente avec des rafales qui tutoient les 60 nœuds… Comme un ultime défi pour un organisme et un bateau déjà soumis à rude épreuve. « C’est une course contre la montre, j’ai du mal à manger, à dormir, je cravache », confiait-il vendredi, les traits marqués. Mais Maxime a résisté, jusqu’au bout, et son tour du monde lui ouvre un peu plus le champ des possibles.
*Sur l’ensemble des classements de la course (6 classements par jour), Maxime Sorel apparaît en tête à 8 reprises.
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Les Sables d'Olonne Info
Ce jeudi 28 janvier, à 20 heures, 19 min et 55 secondes (heure française), Jean Le Cam a franchi la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne après 80 jours, 13 heures, 44 minutes et 55 secondes de course autour du monde en solitaire sans escale et sans assistance, un temps de parcours calculé après la bonification de 16h15 attribuée par le jury international du Vendée Globe pour son sauvetage de Kevin Escoffier. Le skipper de Yes We Cam ! 8e sur la ligne d’arrivée, prend donc la 4e place pour son 5e Vendée Globe (derrière Yannick Bestaven, Charlie Dalin et Louis Burton), après avoir brillamment animé la course aux avant-postes. Récit d’un tour du monde où le « Roi Jean » est devenu l’icône des houles.
C’est dans une atmosphère particulièrement rugueuse que le doyen de la course a passé la ligne d’arrivée ce jeudi soir : 25/30 nœuds de vent d’Ouest, 2,5 mètres de creux, pluie battante ! Un final en apothéose pour un des grands personnages de ce 9e Vendée Globe.
Des arrivées, Jean Le Cam en a connu, trois lors de ses quatre Vendée Globe précédents. Il sait que les émotions s’entrechoquent à l’heure de reconnecter avec ceux qui l’ont attendu à terre. Cette arrivée-là, il l’attendait autant qu’il la redoutait. « Ce sera une explosion de tout, une bombe atomique et un feu d’artifice », confiait-il la semaine dernière. Jean a l’expérience pour mesurer l’acuité des émotions. « Plus la course est difficile, plus l’arrivée est intense », assure-t-il. Le voilà servi !
La course de Jean
Le skipper avait déjà fait ses adieux aux siens quand il est descendu, seul, sur le ponton le jour du départ. Comme s’il était pressé de partir, enfin, après tant de mois à préparer son bateau dans la quiétude d’un hangar de Port-la-Forêt. Là-bas, les journées étaient déjà à rallonge et les mains façonnées par l’effort. Prendre la mer avait alors valeur de libération, même pour un habitué des longues traversées. Cette fois, Jean n’avait pas oublié de plaquette de beurre et ne s’était pas non plus épanché trop longtemps. Il y avait une course et lui y croyait comme toutes celles auxquelles il a participé et tant pis si son bateau de 2007 n’était pas vraiment cité pour jouer les trouble-fêtes.
Une régularité jamais mise à défaut
Pourtant, au lendemain du départ, Yes We Cam! est en tête. Il le sera à neuf reprises en début de course. Bientôt, une tempête intertropicale balaie la flotte et deux téméraires flirtent avec son centre : Alex Thomson et Jean Le Cam. « Jean se rapproche de moi, il est incroyable », s’extasie le Britannique. L’intéressé s’amuse : « on prévoit toujours plein de choses, on se gargarise, on fait du blabla... Mais ‘bien dire fait rire, bien faire fait taire’ ». Et il assume : « papi fait de la résistance »
Jean Le Cam, qui a le tutoiement facile et la gouaille que les marins n’ont plus, réalise une descente de l’Atlantique qui impressionne, à l’heure où les foilers ont peur de se brûler les ailes. À terre, il gagne en popularité parce qu’il fait valser les conventions, se moque des usages d’une société qui a oublié l’autodérision et offre une fraicheur qu’on n’attendait plus. Le grand public savoure sa spontanéité, le milieu de la course au large admire ses trajectoires. L’image du fanfaron du podium, décapant et décalé, est remisée au profit de celle d’un acharné de la mer à la constance jamais mise à défaut.
Un sauvetage, un duo, beaucoup d’émotion
Sa progression est néanmoins bousculée le 30 novembre au large des côtes sud-africaines. Kevin Escoffier a sauté dans son radeau de survie. Jean est à 20 milles, il se déroute, aperçoit le skipper de PRB, le perd de vue, l’aperçoit à nouveau avant de l’aider à monter à bord. Il est 2h06. « Putain tu es à bord, c’était chaud », lâche Jean. Lui qui a été secouru par Vincent Riou en 2009 sait à quel point ces moments-là marquent, bien au-delà des considérations sportives. À l’appréhension d’une nuit agitée s’est succédé le temps des hommages – jusqu’à celui du président de la République – et une semaine heureuse.
Avec Kevin, ils forment un duo détonnant, complice et à l’humour communicatif. Quand son coéquipier d’infortune lui dit « merci ma caille » et rejoint le Nivôse, un dimanche matin ensoleillé, Jean est ému. « Chercher quelqu’un, être en double une semaine, revenir en solitaire, ce n’est pas évident » confie-t-il. Le marin est économe en mots quand cela le touche trop. Et il y a tout ce qu’il ne dit pas : l’émotion, la peur ravalée, la pointe de nostalgie et les rires de Kevin qui ne résonnent plus.
Sa remontée de l’Atlantique, un modèle du genre
Reste la course qui continue, avec les fronts froids de l’Indien, le Pacifique – « où les longues glissades ne sont que dans les livres » - puis le Cap Horn dont le franchissement « été tout sauf gagné » avec les creux de 6 mètres et les 45 nœuds de vent. Ces épisodes-là, Jean les vit en étant toujours à la bagarre avec d’autres. Il y a Damien Seguin, « avec qui on a causé », Benjamin Dutreux « qui ne mollit pas ». « On ne peut pas se quitter, s’amuse Jean début janvier. Benjamin, il s’énerve de temps en temps, il prend les devants. Parfois je l’appelle et je lui dis Benjamin, c’est quoi le pacte qu’on a fait ? Ça ne va pas, tu prends tes aises ». Ce n’est pas de la condescendance, c’est une marque de respect. Pour Damien à qui il a toujours « rendu des petits services ». Pour Benjamin dont il apprécie tant la course sur un bateau sans dérive comme lui.
Sa remontée de l’Atlantique, un nouveau modèle de trajectoire pixelisée à envoyer à tous les apprentis marins, est l’occasion d’apprécier le bonheur simple d’être à bord, de sentir encore un peu plus l’osmose avec ‘Hubert’. Ce nom a le goût de tendres souvenirs, celui de la bande des trois formée avec Gaétan Gouerou et Hubert Desjoyeaux, qui a été à l’origine de CDK, le chantier par lequel passe tant de rêves de marins d’aujourd’hui. Sur ce retour vers la maison, Jean savoure « la meilleure position qu’il soit » en faisant partie des « chasseurs » derrière les « explorateurs de devant ».
Le skipper sera au contact presque jusqu’au bout et se sera incliné sans jamais rendre les armes. Il aura démontré que l’expérience et la connaissance d’un bateau, si éprouvé soit-il, valait mieux que le survol à tout prix. De ces temps où Jean a réussi à ne jamais manquer de beurre, il a rappelé à quel point il faisait partie des grands de son sport, regagnant le respect chez ceux qui l’avaient trop vite oublié.
À terre, le marin a eu le droit à une chanson entonné par des élèves bretons. Il a été une bouille aimée par les caricaturistes, le seul en course à avoir les honneurs de la une d’un quotidien sportif français et est ainsi devenu une figure pop quand la culture n’avait pas le droit de cité. Jean a fait plus que de la résistance : il a rassemblé les générations et permis de vibrer, de s’évader et de sentir à ses côtés le bon goût du large et de la liberté.
Des arrivées, Jean Le Cam en a connu, trois lors de ses quatre Vendée Globe précédents. Il sait que les émotions s’entrechoquent à l’heure de reconnecter avec ceux qui l’ont attendu à terre. Cette arrivée-là, il l’attendait autant qu’il la redoutait. « Ce sera une explosion de tout, une bombe atomique et un feu d’artifice », confiait-il la semaine dernière. Jean a l’expérience pour mesurer l’acuité des émotions. « Plus la course est difficile, plus l’arrivée est intense », assure-t-il. Le voilà servi !
La course de Jean
Le skipper avait déjà fait ses adieux aux siens quand il est descendu, seul, sur le ponton le jour du départ. Comme s’il était pressé de partir, enfin, après tant de mois à préparer son bateau dans la quiétude d’un hangar de Port-la-Forêt. Là-bas, les journées étaient déjà à rallonge et les mains façonnées par l’effort. Prendre la mer avait alors valeur de libération, même pour un habitué des longues traversées. Cette fois, Jean n’avait pas oublié de plaquette de beurre et ne s’était pas non plus épanché trop longtemps. Il y avait une course et lui y croyait comme toutes celles auxquelles il a participé et tant pis si son bateau de 2007 n’était pas vraiment cité pour jouer les trouble-fêtes.
Une régularité jamais mise à défaut
Pourtant, au lendemain du départ, Yes We Cam! est en tête. Il le sera à neuf reprises en début de course. Bientôt, une tempête intertropicale balaie la flotte et deux téméraires flirtent avec son centre : Alex Thomson et Jean Le Cam. « Jean se rapproche de moi, il est incroyable », s’extasie le Britannique. L’intéressé s’amuse : « on prévoit toujours plein de choses, on se gargarise, on fait du blabla... Mais ‘bien dire fait rire, bien faire fait taire’ ». Et il assume : « papi fait de la résistance »
Jean Le Cam, qui a le tutoiement facile et la gouaille que les marins n’ont plus, réalise une descente de l’Atlantique qui impressionne, à l’heure où les foilers ont peur de se brûler les ailes. À terre, il gagne en popularité parce qu’il fait valser les conventions, se moque des usages d’une société qui a oublié l’autodérision et offre une fraicheur qu’on n’attendait plus. Le grand public savoure sa spontanéité, le milieu de la course au large admire ses trajectoires. L’image du fanfaron du podium, décapant et décalé, est remisée au profit de celle d’un acharné de la mer à la constance jamais mise à défaut.
Un sauvetage, un duo, beaucoup d’émotion
Sa progression est néanmoins bousculée le 30 novembre au large des côtes sud-africaines. Kevin Escoffier a sauté dans son radeau de survie. Jean est à 20 milles, il se déroute, aperçoit le skipper de PRB, le perd de vue, l’aperçoit à nouveau avant de l’aider à monter à bord. Il est 2h06. « Putain tu es à bord, c’était chaud », lâche Jean. Lui qui a été secouru par Vincent Riou en 2009 sait à quel point ces moments-là marquent, bien au-delà des considérations sportives. À l’appréhension d’une nuit agitée s’est succédé le temps des hommages – jusqu’à celui du président de la République – et une semaine heureuse.
Avec Kevin, ils forment un duo détonnant, complice et à l’humour communicatif. Quand son coéquipier d’infortune lui dit « merci ma caille » et rejoint le Nivôse, un dimanche matin ensoleillé, Jean est ému. « Chercher quelqu’un, être en double une semaine, revenir en solitaire, ce n’est pas évident » confie-t-il. Le marin est économe en mots quand cela le touche trop. Et il y a tout ce qu’il ne dit pas : l’émotion, la peur ravalée, la pointe de nostalgie et les rires de Kevin qui ne résonnent plus.
Sa remontée de l’Atlantique, un modèle du genre
Reste la course qui continue, avec les fronts froids de l’Indien, le Pacifique – « où les longues glissades ne sont que dans les livres » - puis le Cap Horn dont le franchissement « été tout sauf gagné » avec les creux de 6 mètres et les 45 nœuds de vent. Ces épisodes-là, Jean les vit en étant toujours à la bagarre avec d’autres. Il y a Damien Seguin, « avec qui on a causé », Benjamin Dutreux « qui ne mollit pas ». « On ne peut pas se quitter, s’amuse Jean début janvier. Benjamin, il s’énerve de temps en temps, il prend les devants. Parfois je l’appelle et je lui dis Benjamin, c’est quoi le pacte qu’on a fait ? Ça ne va pas, tu prends tes aises ». Ce n’est pas de la condescendance, c’est une marque de respect. Pour Damien à qui il a toujours « rendu des petits services ». Pour Benjamin dont il apprécie tant la course sur un bateau sans dérive comme lui.
Sa remontée de l’Atlantique, un nouveau modèle de trajectoire pixelisée à envoyer à tous les apprentis marins, est l’occasion d’apprécier le bonheur simple d’être à bord, de sentir encore un peu plus l’osmose avec ‘Hubert’. Ce nom a le goût de tendres souvenirs, celui de la bande des trois formée avec Gaétan Gouerou et Hubert Desjoyeaux, qui a été à l’origine de CDK, le chantier par lequel passe tant de rêves de marins d’aujourd’hui. Sur ce retour vers la maison, Jean savoure « la meilleure position qu’il soit » en faisant partie des « chasseurs » derrière les « explorateurs de devant ».
Le skipper sera au contact presque jusqu’au bout et se sera incliné sans jamais rendre les armes. Il aura démontré que l’expérience et la connaissance d’un bateau, si éprouvé soit-il, valait mieux que le survol à tout prix. De ces temps où Jean a réussi à ne jamais manquer de beurre, il a rappelé à quel point il faisait partie des grands de son sport, regagnant le respect chez ceux qui l’avaient trop vite oublié.
À terre, le marin a eu le droit à une chanson entonné par des élèves bretons. Il a été une bouille aimée par les caricaturistes, le seul en course à avoir les honneurs de la une d’un quotidien sportif français et est ainsi devenu une figure pop quand la culture n’avait pas le droit de cité. Jean a fait plus que de la résistance : il a rassemblé les générations et permis de vibrer, de s’évader et de sentir à ses côtés le bon goût du large et de la liberté.
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Les Sables d'Olonne Info
Ce jeudi 28 janvier à 4 heures 19 minutes et 46 secondes (heure française), Yannick Bestaven a franchi la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne après 80 jours, 03 heures, 44 minutes et 46 secondes de course autour du monde en solitaire sans escale et sans assistance , temps officiel calculé après ses 10h15 de bonification accordées par le jury international du Vendée Globe pour son implication dans le sauvetage de Kevin Escoffier. Le skipper de Maître CoQ IV a été un des deux hommes le plus longtemps aux commandes de la flotte : 26 jours, soit 32 % du temps de cette fantastique giration autour de la planète. Une magnifique performance pour cet outsider de grand talent qui revenait sur l’épreuve 12 ans après sa première tentative !Pluie, houle de 2 mètres et 20 nœuds de vent d’Ouest… c’est dans ces conditions un peu sportives que Yannick Bestaven a franchi en vainqueur la ligne d’arrivée au petit matin avant d’être bruyamment et chaleureusement acclamé dans le chenal des Sables d’Olonne. L’homme était très attendu. Car de son temps de course dépendait l’issue de ce Vendée Globe !
Ma principale qualité ? « Têtu ». Mon principal défaut « « têtu ». « J’ai aussi de grandes capacités de résilience » avouait Yannick Bestaven il y a deux mois et demi avant de quitter le ponton des Sables d’Olonne. Ces deux vertus, une équipe très solide à ses côtés et, pour la première fois, un recours à la préparation mentale - vont l’emmener au firmament du Vendée Globe. Pied de nez au passé si l’on remonte à 2008, lorsqu’il abandonne la course suite à son démâtage dans le golfe de Gascogne quelques heures après le coup d’envoi…
Ingénieur de formation – il est l’inventeur des hydrogénérateurs qui équipent les IMOCA de ce Vendée Globe- vainqueur de la Mini Transat 2001 sur un bateau construit de ses mains, double vainqueur de la Transat Jacques Vabre en Class40, Yannick rêvait d’un top 5. Après Charlie Dalin, il est celui qui a passé le plus de temps en tête de ce 9e Vendée Globe, à bord d’un bateau de génération 2016 équipé de petits foils et fiabilisé au maximum.
La course de Yannick
Le début de course de l’Arcachonnais est marqué par une « option de préservation », dans le Sud, pour échapper au premier gros front de ce tour du monde. Pendant sa descente de l’Atlantique Nord, il navigue dans le top 10/12, au sein du peloton compact lancé aux trousses du leader du moment, HUGO BOSS. Ses pions décisifs, il va les placer en Atlantique Sud, grâce à sa tactique pour contourner les petites excroissances de l’anticyclone de Sainte Hélène. Deux empannages parfaitement placés et le voici dans le quintet de tête, derrière Dalin, Ruyant, Escoffier et Le Cam.
Le 30 novembre, dans le Sud-Ouest de l’Afrique du Sud, sa course prend une autre tournure. En fin d’après-midi, il est appelé par la Direction de Course du Vendée Globe pour aller porter secours de Kevin Escoffier, en renfort de Jean Le Cam, déjà sur zone. Positionné plus au Sud, Yannick fait demi-tour et passera une bonne partie de la nuit à quadriller la zone, jusqu’à ce que Le Cam récupère le naufragé à son bord. Lorsqu’il reprend sa course, Maître CoQ IV est à plus de 400 milles du leader Apivia. Et il lui faudra du temps pour se remettre de ses émotions. Les mers du Sud, Yannick ne les connait pas. On se souvient du marin barbu, la tignasse hirsute, décrivant des conditions de mer invivables l’obligeant à vivre à quatre pattes comme « un sanglier ». Pourtant, c’est dans cet univers hostile qu’il va trouver son tempo. Son bateau (plan VPLP- Verdier) est simple, fiable bien préparé, il a terminé toutes les courses auxquelles il a participé ces deux dernières saisons. Alors Yannick peut tirer dessus. Sa capacité à naviguer à des vitesses moyennes élevées lui permet de revenir peu à peu dans le match. Au Nord des Kerguelen, il est 3e, tout comme au passage du cap Leeuwin. Devant lui, Ruyant et Dalin, handicapés par leur foil bâbord, se font rattraper puis déborder.
Le 16 décembre, dans le Sud-Ouest de la Tasmanie, Bestaven prend les commandes. Le 28, il fête ses 48 ans dans le sud du point Némo. Il va ouvrir la voie pendant 26 jours – il franchit le cap Horn en tête-, une position d’éclaireur qui lui sera funeste dans la remontée de l’Atlantique Sud. Premier à être ralenti dans le chapelet de bulles anticycloniques qui s’étendent au large de l’Argentine, il subit impuissant le retour du groupe de chasse. On apprend par la suite qu’il a subi des avaries peu après le passage du cap Horn : balcon avant arraché, plus d’enrouleur, quelques voiles d’avant inutilisables. Il se fait doubler le 12 janvier au large du Brésil. Mais en bon sanglier, l’Arcachonnais s’accroche. Bonifié de 10 heures et 15 minutes par le jury international du Vendée Globe, il ne veut pas laisser passer sa chance. Il tente un dernier coup à 1300 milles de l’arrivée en passant dans le Nord de l’archipel des Açores pour aller chercher du vent plus fort. Et c’est un coup gagnant. En abordant les derniers milles vers l’arrivée par le septentrion, il revient progressivement sur l’homme de tête Charlie Dalin. Suffisamment pour prendre l’avantage au classement final.
Ma principale qualité ? « Têtu ». Mon principal défaut « « têtu ». « J’ai aussi de grandes capacités de résilience » avouait Yannick Bestaven il y a deux mois et demi avant de quitter le ponton des Sables d’Olonne. Ces deux vertus, une équipe très solide à ses côtés et, pour la première fois, un recours à la préparation mentale - vont l’emmener au firmament du Vendée Globe. Pied de nez au passé si l’on remonte à 2008, lorsqu’il abandonne la course suite à son démâtage dans le golfe de Gascogne quelques heures après le coup d’envoi…
Ingénieur de formation – il est l’inventeur des hydrogénérateurs qui équipent les IMOCA de ce Vendée Globe- vainqueur de la Mini Transat 2001 sur un bateau construit de ses mains, double vainqueur de la Transat Jacques Vabre en Class40, Yannick rêvait d’un top 5. Après Charlie Dalin, il est celui qui a passé le plus de temps en tête de ce 9e Vendée Globe, à bord d’un bateau de génération 2016 équipé de petits foils et fiabilisé au maximum.
La course de Yannick
Le début de course de l’Arcachonnais est marqué par une « option de préservation », dans le Sud, pour échapper au premier gros front de ce tour du monde. Pendant sa descente de l’Atlantique Nord, il navigue dans le top 10/12, au sein du peloton compact lancé aux trousses du leader du moment, HUGO BOSS. Ses pions décisifs, il va les placer en Atlantique Sud, grâce à sa tactique pour contourner les petites excroissances de l’anticyclone de Sainte Hélène. Deux empannages parfaitement placés et le voici dans le quintet de tête, derrière Dalin, Ruyant, Escoffier et Le Cam.
Le 30 novembre, dans le Sud-Ouest de l’Afrique du Sud, sa course prend une autre tournure. En fin d’après-midi, il est appelé par la Direction de Course du Vendée Globe pour aller porter secours de Kevin Escoffier, en renfort de Jean Le Cam, déjà sur zone. Positionné plus au Sud, Yannick fait demi-tour et passera une bonne partie de la nuit à quadriller la zone, jusqu’à ce que Le Cam récupère le naufragé à son bord. Lorsqu’il reprend sa course, Maître CoQ IV est à plus de 400 milles du leader Apivia. Et il lui faudra du temps pour se remettre de ses émotions. Les mers du Sud, Yannick ne les connait pas. On se souvient du marin barbu, la tignasse hirsute, décrivant des conditions de mer invivables l’obligeant à vivre à quatre pattes comme « un sanglier ». Pourtant, c’est dans cet univers hostile qu’il va trouver son tempo. Son bateau (plan VPLP- Verdier) est simple, fiable bien préparé, il a terminé toutes les courses auxquelles il a participé ces deux dernières saisons. Alors Yannick peut tirer dessus. Sa capacité à naviguer à des vitesses moyennes élevées lui permet de revenir peu à peu dans le match. Au Nord des Kerguelen, il est 3e, tout comme au passage du cap Leeuwin. Devant lui, Ruyant et Dalin, handicapés par leur foil bâbord, se font rattraper puis déborder.
Le 16 décembre, dans le Sud-Ouest de la Tasmanie, Bestaven prend les commandes. Le 28, il fête ses 48 ans dans le sud du point Némo. Il va ouvrir la voie pendant 26 jours – il franchit le cap Horn en tête-, une position d’éclaireur qui lui sera funeste dans la remontée de l’Atlantique Sud. Premier à être ralenti dans le chapelet de bulles anticycloniques qui s’étendent au large de l’Argentine, il subit impuissant le retour du groupe de chasse. On apprend par la suite qu’il a subi des avaries peu après le passage du cap Horn : balcon avant arraché, plus d’enrouleur, quelques voiles d’avant inutilisables. Il se fait doubler le 12 janvier au large du Brésil. Mais en bon sanglier, l’Arcachonnais s’accroche. Bonifié de 10 heures et 15 minutes par le jury international du Vendée Globe, il ne veut pas laisser passer sa chance. Il tente un dernier coup à 1300 milles de l’arrivée en passant dans le Nord de l’archipel des Açores pour aller chercher du vent plus fort. Et c’est un coup gagnant. En abordant les derniers milles vers l’arrivée par le septentrion, il revient progressivement sur l’homme de tête Charlie Dalin. Suffisamment pour prendre l’avantage au classement final.
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Monsieur le Président,
Le 8 novembre dernier, 33 marins se sont élancés du port des Sables d’Olonne pour faire le tour de monde, embarquant à leur bord notre soif de liberté et nos rêves de grand large.
Des millions de compatriotes ont depuis suivi les aventures et les fortunes de mer de ces hommes et de ces femmes au coeur du Vendée Globe. Le 1er décembre dernier vous avez même tenu à vous entretenir en visio-conférence avec Kevin Escoffier et Jean Le Cam au lendemain du naufrage et du sauvetage héroïque du skipper de PRB. Le 13 juin 2019, aux Sables d’Olonne, au Prieuré St Nicolas, à l’entrée du chenal du Vendée Globe et au pied du monument à la mémoire des péris en mer, vous
avez tenu à rendre un légitime hommage national aux sauveteurs en mer rescapés du naufrage de notre canot SNSM. Ce jour restera gravé dans la mémoire des Sablais et de la France littorale. Il résonne encore comme la reconnaissance de la Nation pour la grande famille des « gens de mer » dans un pays qui a trop souvent tourné le dos au grand large. Vous le savez désormais Monsieur le Président, la vie d’un port, la vie des gens de mer, c’est le courage des marins et des familles restées à terre, c’est aussi la douleur des naufrages, la solidarité qui seule permet de vivre et se reconstruire.
Dans la vie d’un port, il y a beaucoup de douleur, sourde, et de joie partagée car ce sont les moments de joie et de communion qui permettent de transcender les deuils et de cicatriser les blessures.
Entre les marins et les terriens il y a un lien permanent d’attention et d’affection que nul ne peut rompre. Ce lien c’est l’espérance, l’espérance de se retrouver, de voir le bateau pointer son étrave au bout du chenal, l’espérance de pouvoir l’accueillir sur le quai ou le ponton, l’espérance de pouvoir vivre pleinement ces retrouvailles. Le Vendéen Globe n’échappe pas à ces traditions des gens de mer. Le Vendée Globe est bien plus qu’une épreuve sportive en solitaire autour du monde ou
qu’un dossier administratif sanitaire et supplémentaire à traiter. Le Vendée Globe est une Aventure humaine qui fait voyager et espérer des millions de personnes à travers le monde. À la grandeur de cette Aventure, à l’héroïsme de ses marins, la France ne peut répondre par le silence de quais fermés au public. A l’exploit de ces femmes et de ces hommes qui nous offrent une leçon de courage et une bouffée d’oxygène au coeur de cet hiver sanitaire, la France ne peut se contenter de quelques légions d’honneur décernées dans un salon feutré. La plus belle des légions d’honneur pour les skippers du Vendée Globe c’est la clameur du public le long du chenal des Sables d’Olonne.
Monsieur le Président, dans un contexte sanitaire très contraint et avec des règles de protection optimales que le maire des Sables est le premier à vouloir faire respecter, il doit y avoir un moyen équilibré d’assurer une présence humaine et chaleureuse sur le bord du chenal pour accueillir dignement les skippers du Vendée Globe, dans le respect de notre culture maritime séculaire.
Il ne s’agit évidemment pas de faire venir des spectateurs de toute la France, ce serait un contre-sens épidémiologique, mais de permettre à quelques habitants du port des Sables, filtrés et entrant dans une jauge stricte et définie, d’accueillir comme il se doit les skippers du Vendée Globe. J’ai fait un certain nombre de propositions au préfet de la Vendée en ce sens. Elles n’ont pas été entendues mais il n’est pas encore trop tard pour apporter un peu d’humanité au retour des marins du Vendée Globe. Je me tiens, Monsieur le Président de la République, à la disposition de l’État pour travailler et mettre en oeuvre toute disposition qui permettrait de rendre aux marins du Vendée Globe les honneurs publics qu’ils méritent.
Dans cette espérance, je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, à l’assurance de ma très haute considération.
Yannick Moreau Maire des Sables d'Olonne
Le 8 novembre dernier, 33 marins se sont élancés du port des Sables d’Olonne pour faire le tour de monde, embarquant à leur bord notre soif de liberté et nos rêves de grand large.
Des millions de compatriotes ont depuis suivi les aventures et les fortunes de mer de ces hommes et de ces femmes au coeur du Vendée Globe. Le 1er décembre dernier vous avez même tenu à vous entretenir en visio-conférence avec Kevin Escoffier et Jean Le Cam au lendemain du naufrage et du sauvetage héroïque du skipper de PRB. Le 13 juin 2019, aux Sables d’Olonne, au Prieuré St Nicolas, à l’entrée du chenal du Vendée Globe et au pied du monument à la mémoire des péris en mer, vous
avez tenu à rendre un légitime hommage national aux sauveteurs en mer rescapés du naufrage de notre canot SNSM. Ce jour restera gravé dans la mémoire des Sablais et de la France littorale. Il résonne encore comme la reconnaissance de la Nation pour la grande famille des « gens de mer » dans un pays qui a trop souvent tourné le dos au grand large. Vous le savez désormais Monsieur le Président, la vie d’un port, la vie des gens de mer, c’est le courage des marins et des familles restées à terre, c’est aussi la douleur des naufrages, la solidarité qui seule permet de vivre et se reconstruire.
Dans la vie d’un port, il y a beaucoup de douleur, sourde, et de joie partagée car ce sont les moments de joie et de communion qui permettent de transcender les deuils et de cicatriser les blessures.
Entre les marins et les terriens il y a un lien permanent d’attention et d’affection que nul ne peut rompre. Ce lien c’est l’espérance, l’espérance de se retrouver, de voir le bateau pointer son étrave au bout du chenal, l’espérance de pouvoir l’accueillir sur le quai ou le ponton, l’espérance de pouvoir vivre pleinement ces retrouvailles. Le Vendéen Globe n’échappe pas à ces traditions des gens de mer. Le Vendée Globe est bien plus qu’une épreuve sportive en solitaire autour du monde ou
qu’un dossier administratif sanitaire et supplémentaire à traiter. Le Vendée Globe est une Aventure humaine qui fait voyager et espérer des millions de personnes à travers le monde. À la grandeur de cette Aventure, à l’héroïsme de ses marins, la France ne peut répondre par le silence de quais fermés au public. A l’exploit de ces femmes et de ces hommes qui nous offrent une leçon de courage et une bouffée d’oxygène au coeur de cet hiver sanitaire, la France ne peut se contenter de quelques légions d’honneur décernées dans un salon feutré. La plus belle des légions d’honneur pour les skippers du Vendée Globe c’est la clameur du public le long du chenal des Sables d’Olonne.
Monsieur le Président, dans un contexte sanitaire très contraint et avec des règles de protection optimales que le maire des Sables est le premier à vouloir faire respecter, il doit y avoir un moyen équilibré d’assurer une présence humaine et chaleureuse sur le bord du chenal pour accueillir dignement les skippers du Vendée Globe, dans le respect de notre culture maritime séculaire.
Il ne s’agit évidemment pas de faire venir des spectateurs de toute la France, ce serait un contre-sens épidémiologique, mais de permettre à quelques habitants du port des Sables, filtrés et entrant dans une jauge stricte et définie, d’accueillir comme il se doit les skippers du Vendée Globe. J’ai fait un certain nombre de propositions au préfet de la Vendée en ce sens. Elles n’ont pas été entendues mais il n’est pas encore trop tard pour apporter un peu d’humanité au retour des marins du Vendée Globe. Je me tiens, Monsieur le Président de la République, à la disposition de l’État pour travailler et mettre en oeuvre toute disposition qui permettrait de rendre aux marins du Vendée Globe les honneurs publics qu’ils méritent.
Dans cette espérance, je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, à l’assurance de ma très haute considération.
Yannick Moreau Maire des Sables d'Olonne
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