Dernières heures sur Horta. Les concurrents vont et viennent, prennent un dernier café au bar de la marina, embarquent les derniers vivres frais, se penchent une dernière fois sur les fichiers de vent. Le vent de sud souffle gentiment sur le canal entre Faïal et Pico, le soleil est au rendez-vous. Ces conditions idylliques ne masquent pas un tableau plus sombre qu’il n’en a l’air, dès que les navigateurs se penchent sur la route à suivre pour rallier Les Sables d’Olonne.
Le dilemme entre route sud au près serré et contournement de l’anticyclone par le nord est toujours d’actualité. Dans le premier cas, c’est la garantie d’une semaine de navigation à taper contre la vague et le risque d’affronter des vents forts aux abords du cap Finisterre. Dans l’autre, c’est une navigation beaucoup plus tranquille à longer la dorsale aux allures portantes avant de plonger vers l’est. Toute la question reste de savoir quand il sera opportun de traverser la zone de hautes pressions pour rallier la côte vendéenne. Certains routages préconisent de monter vers le nord jusqu’à la latitude des iles Silly au large de la pointe occidentale de l’Angleterre, mais on sait à quel point les champs de pression peuvent évoluer rapidement dans ces zones anticycloniques. Certains se disent alors que des ouvertures pourraient se créer et que si des opportunités se présentent de « couper le fromage » il faudra être assez réactif pour les saisir.
Un classement général en équilibre instable
Cette situation nouvelle, la longueur supposée de l’étape retour, font que des bouleversements au classement sont toujours possibles. Les écarts en temps aux Sables d’Olonne peuvent se compter en heures et personne ne peut considérer que la place acquise aux Açores lui assure une certaine forme de confort. C’est évidemment valable pour le duel des deux leaders, séparés seulement d’une heure et trente minutes. Mais derrière, nombre de prétendants espèrent que la bagarre entre les deux premiers va laisser des possibilités de s’engouffrer dans une brèche et, pourquoi pas, damer le pion au tandem infernal. A bord de BET1128, Gaetano Mura et Sam Manuard comptent sur leur vitesse dans le petit temps. Halvard Mabire et Miranda Merron ont suffisamment d’expérience pour saisir la moindre opportunité de glisser l’étrave de leur Campagne de France dans un trou de souris et même des concurrents plus éloignés peuvent rêver de bousculer les meubles. Premiers éléments de réponse sur les choix des uns et des autres.
Départ sous spi
Le départ donné à 17h23 (TU), directement sans bouée de dégagement, voyait toute la flotte hisser le spi sur la ligne. C’est GDF SUEZ qui prenait le meilleur départ, suivi comme son ombre par Mare. Juste sous leur vent, Solidaires en Peloton et BET1128 affirmaient leurs ambitions. Toute la flotte se dirige maintenant vers la pointe de Sao Jorge, cap au nord, voire à l’est pour certains.
Ils ont dit :
Gaetano Mura (BET 1128)
« On sait qu’on a une bonne vitesse dans le petit temps. Sam est un remarquable régleur dans ces conditions et on a une bonne carte à jouer. Il faudra savoir se positionner par rapport au reste de la flotte. On est bien tenté de jouer notre route par en dessous des autres, pour ne pas se laisser aspirer par la dorsale. On verra sur l’eau… »
Fabien Delahaye (GDF SUEZ)
« C’est plutôt excitant comme régate. On devrait avoir plutôt de bonnes conditions météo, pas trop fatigantes, avec une mer belle. Il va y avoir du jeu, c’est clair. Il va falloir être très vigilant sur ce qui se passe sur le plan d’eau, bien surveiller le baromètre, le plafond nuageux, l’orientation du vent… C’est bien, c’est plus amusant que si on n’avait qu’à rentrer tout droit. »
Louis Duc (Phoenix Europe Carac)
« C’est une étape qui peut réserver des surprises dès les premières heures de course. Je pense que les moments clés ne sont pas forcément ceux que l’on attend. Bref ! Il va y avoir beaucoup de jeu et ce n’est pas pour nous déplaire… »
Jörg Riechers (Mare)
« C’est une étape qui peut nous sourire. Il suffit que l’on arrive à rester au contact sous spi avec GDF SUEZ. Ensuite, quand on passera aux allures de près, on sait qu’on est plus à l’aise. La première place est encore jouable. Et puis, si on finit deuxième, on finit deuxième, mais en tous les cas, on ne va rien lâcher. »
Classement de l’étape (TU+2) :
1er GDF-SUEZ (Sébastien Rogues – Armel Tripon), le 10 juillet à 12h 38mn 28s
2e Mare (Jörg Riechers – Sébastien Audigane), le 10 juillet à 14h 16mn 15s
3e Eärwen (Catherine Pourre – Goulven Royer), le 10 juillet à 16h 11mn 12s
4e Campagne de France (Halvard Mabire – Miranda Merron), le 10 juillet à 19h 38mn 30s
5e RED (Mathias Blumencron – Axel Strauss), le 10 juillet à 20h 22mn 40s
6e BET 1128 (Gaetano Mura – Samuel Manuard), le 11 juillet à 01h 41mn 12s
7e Phoenix Europe Carac (Louis Duc – Stéphanie Alran), le 11 juillet à 01h 50mn 11s
8e Groupe Picoty (Jean-Christophe Caso – Aymeric Chappellier), le 11 juillet à 01h 54mn 02s
9e Solidaires en Peloton (Victorien Erussard – Thibault Vauchel-Camus), le 11 juillet à 03h 17mn 03s
10e Mr Bricolage (Damien Rousseau – Stéphane Le Diraison), le 11 juillet à 04h 16mn 10s
11e Marie-Galante (Dominique Rivard – Olivier Grassi), le 11 juillet à 04h 27mn 13s
12e Partouche (Christophe Coatnoan – François Coquerel), le 11 juillet à 07h 36mn 10s
13e Momentum Ocean Racing (Emma Creighton – Dan Dytch), le 11 juillet à 08h 11mn 20s
14e Deltacalor (Lionel Régnier – Giovanni Pastorino), le 11 juillet à 14h 44mn 04s
15e Kogane (Patrice Bougard – Gilles Dadou), le 12 juillet à 00h 39mn 59s
16e La Belle Equipe (Bruno Rzelteny – Vincent Duguay), le 12 juillet à 11h 40mn 43s
17e Croix du Sud (Michelle Zwagerman – Patrick Conway), le 13 juillet à 02h 58mn 38s
18e Ecoelec (Eric Darni – Erwan Rivallain) hors temps