Il y a les habitués de la classe, ceux qui ont porté sur les fonds baptismaux les premiers exemplaires des monocoques de 40 pieds, tel Lionel Régnier ou Jacques Fournier. Pour d’autres, la navigation en Class40 est une découverte dont la troisième édition « Les Sables – Horta – Les Sables » va servir de révélateur. Ainsi Stéphanie Alran (Velevent) s’est-elle lancée dans l’aventure, forte de son bagage d’ancienne sportive de haut niveau, malgré une expérience encore toute récente dans le monde de la course au large. Après avoir convoyé le Class 40 de Jacques Fournier au retour de la Solidaire du Chocolat, elle a enchaîné sur le Mondial de la série aux côtés d’un équipage entièrement féminin. Pour cette première étape, elle a fait appel à Caroline Olagne-Vieille qui, grâce à son expérience acquise sur la Transat 6.50, devrait faire partager son vécu à sa compagne de course. Objectif pour les demoiselles : engranger le maximum de données avant le départ de la Transat Jacques Vabre en novembre prochain.
Andrea Fantini (Hip Eco Blue) aimerait bien suivre les pas de son compatriote Giovanni Soldini, brillant vainqueur de l’édition 2009. Pour le jeune navigateur italien, il s’agira avant tout de faire le parcours en bon marin, de franchir la ligne d’arrivée dans des délais honorables. Andrea sait qu’il n’en est qu’au début d’une carrière qu’il espère la plus longue possible. Ses ambitions grandiront au fur et à mesure qu’il aura accumulé des milles de course sous la quille. Il s’est adjoint les services d’un navigateur d’expérience en la personne de Salvatore Merolla, même si aucun des deux n’a encore navigué en course en Class40.
D’une classe à l’autre
Matthieu Galland et Mathis Prochasson (matetmat.com) ont succombé au même virus à l’occasion de la Transat 6.50 en 2009. Adversaires sur l’eau, ils sont vite devenus inséparables à terre et c’est donc logiquement qu’ils ont choisi de passer à l’étape supérieure, le Class40, avec comme objectif d’être présent en 2013 au départ de la Portimao, le tour du monde en double en monocoque de 40 pieds.
Pour Yannick Bestaven et Christophe Bouvet (Aquarelle.com) c’est aussi une première, même si les deux navigateurs possèdent, l’un comme l’autre, une solide expérience en matière de course au large. Yannick, vainqueur de la Transat 6.50 en 2001, s’était engagé dans le Vendée Globe 2008-2009 sur l’ancien monocoque d’Yves Parlier. Une expérience qui a malheureusement tourné court après un démâtage dans le golfe de Gascogne. Il a fallu du temps à Yannick pour digérer l’arrêt brutal d’un projet dans lequel il avait investi une grande part de sa vie. Christophe Bouvet, quant à lui, est l’archétype du coéquipier exemplaire. Il a notamment roulé sa bosse sur nombre d’épreuves du circuit Figaro Bénéteau et connaît parfaitement les contraintes de la course au large.
Autre transfuge de la classe Mini, Jörg Riechers (mare.de2) connaît bien la route puisqu’il a ouvert en éclaireur la première étape des Sables – Les Açores 2010, en 6.50m. Ce régatier éclectique qui passe allègrement du Mini au Class40 s’est adjoint un des plus talentueux navigateurs de la planète mer, Etienne David. Le marin suisse possède un palmarès fort d’une place d’équipier sur la Whitbread, le tour du monde en équipage, de multiples piges comme skipper du bateau Ville de Genève sur le Tour de France à la Voile avant de s’essayer aussi au 6.50m, avec comme objectif de briguer un podium sur la prochaine Transat entre La Rochelle et Salvador de Bahia. Adversaires acharnés en 6.50m, ils se sont associés en Class 40 pour l’occasion. C’est en quelque sorte le même raisonnement qui a poussé Stéphane Le Diraison (Bureau Véritas) à embarquer Vincent Barnaud. Les deux marins se connaissent sur le bout des écoutes pour avoir été adversaires sur la Transat 6.50. Et ne dit-on pas que de s’associer avec son meilleur ennemi est parfois le meilleur gage de réussite ?
Un départ au portant
Tout ce petit monde attend donc avec impatience, la soirée de samedi, quand le comité de course lâchera la flotte vers l’archipel açorien. Les premières prévisions météorologiques donnent pour la première partie du parcours un vent relativement soutenu de nord-est à est dominant. Bref ! De quoi avaler des milles sous spi sans forcer outre mesure. Des conditions idéales pour prendre la mesure de sa nouvelle monture…
Il se pourrait donc que cette première étape se déroule à un bon rythme, de quoi permettre aux concurrents de goûter les charmes de l’île de Faial quelques jours avant le départ de l’étape retour, le 13 juillet. Mais on sait que les derniers milles sont parfois les plus compliqués entre dévents des îles et pièges de l’anticyclone. Pour l’heure, il s’agira avant tout de profiter. Une fois le cap Finisterre dans le sillage, il sera temps de faire les derniers choix.