Difficile de savoir qui était le plus content des deux équipages ayant franchi la ligne d’arrivée, devant la Nouch Sud, ce midi aux Sables d’Olonne. A bord de Groupe Picoty, Jacques Fournier et Jean-Edouard Criquioche se félicitaient de leur première victoire dans une course majeure de la Class40. Dans leur sillage, Stéphane Le Diraison et Vincent Barnaud étaient ravis de cette leçon de conduite d’un Class40 en accéléré. Et découvraient par la même occasion que la victoire finale n’était pas une hypothèse farfelue. Car, entre les deux prétendants à la victoire dans cette deuxième étape, tout s’est joué à coups de surenchères. C’est en constatant que Groupe Picoty leur prenait chaque jour quelques milles que Stéphane Le Diraison et Vincent Barnaud ont décidé de pousser les limites de leur Bureau Veritas dans les deux cents derniers milles de l’étape. Résultat de l’opération : une inversion du rapport de force et la jouissance pour les petits nouveaux de la classe de voir qu’ils revenaient progressivement sur les habitués des premiers rangs. Les derniers milles tenaient alors de la meilleure des dramaturgies. Voyant poindre le feu de route de Veritas dans leur tableau arrière, les deux leaders commençaient à torcher de la toile. Mais les deux anciens Ministes répondaient coup pour coup et les deux équipages finissaient leur parcours le long de la côte vendéenne, lancés parfois à plus de vingt nœuds, sous grand spi et grand-voile haute. Au final, Groupe Picoty s’impose de moins de quinze minutes.
La main passe
D’autres n’ont pas eu ces états d’âme : à bord de Mare.de2 , Jorg Riechers et Etienne David ont enchaîné des moyennes totalement incongrues, remontant ainsi à la quatrième place de l’étape un peu d’une heure plus tard. Malgré leur mauvais choix stratégique de départ, les deux navigateurs ont ainsi démontré qu’ils avaient les moyens de prétendre à la victoire.
Derrière le quatuor de tête, c’est aussi la foire d’empoigne. Cinquième, Techneau restait sous la menace de Velevent, crédité cet après-midi de la meilleure moyenne de toute la flotte. Stéphanie Alran et Julien Pulvé n’en finissent pas de surprendre leur monde et peuvent encore espérer coiffer les frères Daval sur le fil et, qui sait ? Peut-être ravir une ou deux places au général à l’équipage de l’Express Sapmer et à Grassi Bateaux, handicapé par une avarie de spinnaker.
Le vent de nord-ouest qui continue de souffler sur zone devrait en tout état de cause, permettre à toute la flotte de rallier les Sables d’Olonne dès cette nuit. Seuls manqueront à l’appel Wanted Partner et Hip Eco Blue, en escale à La Corogne. Pour eux, la date limite est fixée à vendredi midi, heure de fermeture de la ligne.
Ils ont dit :
Stéphane Le Diraison (Bureau Veritas): « J’avais poussé pour hisser le grand spi, Vincent était plus mesuré. Du coup, j’ai décidé de barrer en me disant que si on partait au tas, j’en aurais assumé seul la responsabilité. On savait qu’on jouait fort, mais avec le démon de la régate, on ne pouvait pas laisser un concurrent partir. Une victoire, ça met en confiance. On est maintenant convaincu que l’on peut aller vite. Ça met aussi de la pression dans la perspective de la prochaine Transat Jacques Vabre. »
Jean-Edouard Criquioche (Groupe Picoty): « Mon vrai business, c’est le cinéma, il faut toujours des scénarios pour divertir les gens. Donc les arrivées serrées, c’est une déformation professionnelle. On pensait avoir suffisamment d’avance pour être tranquille. Mais quand on les a vus dans notre tableau arrière, on a commencé à faire des choses qui ne sont pas dans le mode d’emploi. Toute la garde-robe y est passée. Si on fait une transat à ce rythme, on explose le bateau avant d’arriver de l’autre côté. En tous les cas, on a pris un pied énorme à pousser nos engins, c’est magique. »
Jacques Fournier (Groupe Picoty): « C’est notre première victoire. Ça va donner à tous les jeunes l’espoir d’y arriver un jour (rires). Bien sûr que ça fait plaisir, parce que il a fallu aller la chercher celle-là. L’intensité des dernières vingt-quatre heures était vraiment énorme. Maintenant, cette victoire on la doit aussi à nos trajectoires et là-dessus, je dois rendre hommage à Jean-Edouard qui développe de très bonnes analyses en optimisant tous les outils de navigation à disposition. »
Yannick Bestaven (Aquarelle.com): « Ce sont des secondes qui sont longues, mais c’est comme ça. Ça prouve qu’il y a du niveau, que tout le monde fait avancer le bateau au mieux. Mon seul regret, c’est que nous avons navigué sur la retenue sur cette étape-là, du fait qu’on a eu pas mal de petits problèmes à résoudre, mais c’est plutôt de bon augure pour la suite. On découvre le bateau. C’est une déception parce que on s’est battu, Christophe avec son problème de dos s’est accroché, mais au final, on est content… »
Classement du 19 juillet à 18h30
1 Groupe Picoty (J Fournier – JE Criquioche) arrivé à 11h51mn 26s
2 Bureau Véritas (S Le Diraison – V Barnaud) arrivé à 12h 05mn 26s
3 Aquarelle.com (Y Bestaven – C Bouvet) arrivé à 16h 54mn 21s
4 Mare.de2 (J Riechers – E David) arrivé à 18h01mn 28s
5 Velevent (S Alran – J Pulvé) à 16 milles de l’arrivée
6 Techneau (A Daval – B Daval) à 17 milles de l’arrivée
7 Matetmat.com (M Galland – M Prochasson) à 18 milles de l’arrivée
8 L’Express Sapmer (D Lazat – F Nouel) à 47 milles de l’arrivée
9 Grassi Bateaux (O Grassi – JB Glin) à 66 milles de l’arrivée
10 Spliff (A Dawson – J Mac Coll) à 60,2 milles à 101 milles de l’arrivée
11 Hip Eco Blue (A Fantini – S Merolla) à 336 milles de l’arrivée
12 Wanted Partner (L Régnier – D Van Weynbergh) à 336 milles de l’arrivée
DNS : Tales
DNS : Exedra
Classement général provisoire avant jury
1 Bureau Veritas 13j 05h 53mn 26s à 8,8 nds de moyenne
2 Aquarelle.com 13j 05h 53mn 51s à 25s du premier