Brillant dauphin de Yann Eliès lors de la première manche, Morgan demeure imperturbable à l’approche du début de ce deuxième acte. Pas d’enthousiasme exagéré qu’aurait pu provoquer son excellente entrée en matière. Pas de stress particulier non plus qu’un désormais statut de favori pourrait engendrer chez le jeune homme. Juste une concentration sans faille sur son objectif : « J’ai fait une belle performance sur la première étape même si je n’ai pas gagné. Maintenant, la seule certitude que ça me donne, c’est celle d’être dans le vrai dans la démarche : je suis bien préparé, je connais mes points forts et je sais que si j’arrive à donner le meilleur de moi-même du début à la fin, je peux rivaliser avec des adversaires de très haut niveau et plus expérimentés que moi. Pour le reste, rien n’est acquis. Sur la première étape, on a bien vu qu’il suffisait d’une toute petite phase de transition pour effacer en quelques minutes un avantage durement gagné en de longues heures. La vraie force, c’est d’être capable d’encaisser ça, de ne pas se déstabiliser et de tout de suite se projeter vers le coup suivant. Sur une Solitaire, il ne faut pas regarder derrière soi, que ce soit pour y voir du positif ou du négatif. Il faut toujours être tourné vers l’avant. Ce que j’ai gagné sur mes adversaires, ou perdu sur Yann, lors de la première étape, n’a finalement aujourd’hui que peu d’importance. L’important, c’est la suite… »
Et la suite, c’est donc cette deuxième étape qui se dresse devant les étraves des 36 Figaro encore en course. 451 milles au départ de Gijón pour rallier Saint-Gilles-Croix-de-Vie en Vendée via l’Ile de Sein. Un parcours, deux tronçons. Les skippers feront donc tout d’abord route direct au Nord vers la Bretagne sur quelques 270 milles. La bouée occidentale de Sein virée, ils effectueront alors un virage à droite toute pour redescendre vers Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Sur cette seconde partie du parcours, le toujours redouté passage du Raz de Sein pourrait constituer un véritable passage à niveau à moins que tout ne se joue sur l’option prise ensuite pour rallier au plus vite la Vendée : prendre la route la plus courte, c'est-à-dire au large des iles de Bretagne Sud, ou aller chercher des effets de brises côtières plus favorables, en passant par exemple entre Belle-Ile et la presqu’ile de Quiberon. « Sur le papier, au regard des derniers fichiers météo, à part le départ qui s’annonce un peu hasardeux, cela paraît néanmoins assez simple », explique Morgan, avant de préciser : « Dans les premières heures, nous risquons d’avoir un vent faible et un peu instable. Il faudra tout de suite être en action pour éviter de se faire piéger. Pour la suite les choses sont relativement claires. Nous devrions être au portant tout le long de la remontée vers la Bretagne avant de redescendre au près puis au reaching sur la fin. Globalement, c’est comme d’habitude : il vaudra mieux être devant ! Mais ça, c’est la théorie de pré-départ et la course au large est loin d’être une science exacte, donc on verra bien. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faudra rien lâcher, jusqu’à la fin… »
Une fin d’étape dont le dénouement se jouera « à domicile ». Une arrivée en terres vendéennes que le pensionnaire du Pôle Vendée aborde pour autant sans pression particulière : « Pour moi, c’est une étape comme les autres. De toute façon, comme d’habitude, je donnerai le meilleur de moi-même avec l’idée de faire le meilleur résultat possible. On va juste dire que si j’ai le bonheur d’être aux avant-postes à l’approche de l’arrivée, ce final à la maison devant mes partenaires et mes amis pourrait me donner le petit surplus d’énergie et de motivation pour faire la différence… »