˗ Bonjour! Comment elle va?
˗ Hier, Catherine et moi nous sommes allés passer l'après-midi avec elle, Thomas et Louis…
˗ Je croyais que le week-end, elle…
˗ C''est fini… Tu sais bien, l'ingratitude des gens, les convenances, les privilèges de cœur…
˗ A qui le dis-tu? Quand il faut lutter seul, contre l'adversité, la maladie, l'oubli…Toi, je ne suis pas d'accord avec toi, mais alors pour défendre la veuve et l'orphelin, tu n'arrêtes pas…
˗ Mais tu ne peux pas savoir, le bonheur que ça m'apporte… Tiens hier, justement… C'est une véritable chaîne d'amitié que j'ai rencontrée et qui va guider ma plume aujourd'hui…
- Comment ça? Qui as-tu rencontré? Qui t'a écrit? Encore le premier Ministre, le Président de la République, pourquoi pas?
˗ Non, tout simplement des gens comme toi, qu'ils fussent Conseiller Régional, Conseiller général, Maire, Président, ou simple citoyen comme nous… Qu'ils soient Adjoints au maire,
Conseiller Municipal, Président, écrivain, ou simple citoyen comme nous… Qu'ils seront peut-être élus du peuple, ou simple citoyen comme nous… Des amis, quoi...
˗ Et que-t-ont-ils dit? Et qui sont-ils?
˗ "Merci René. Moi je ne sais pas écrire sur la guerre, que la honnir. Et grâce à vous, Jojo restera dans nos cœurs." "Quand pourra-t-on dire, sur notre terre, les guerres,
c'était naguère?" "Ce matin, interrompu dans une lecture banale, je fais connaissance avec Georges BRIERE, moi qui hier encore parcourait les rues de Reims et de Tinqueux,
libre, dans un pays en paix; alors je rends hommage à Georges, Jojo, jeune homme qui a contribué à ce que cela soit ainsi en jetant sa vie dans le combat pour la liberté, pour
notre liberté. Et qui lui n'a pas revu les rues de sa vie."
˗ Mais qui sont-ils?
˗ Louis et son épouse, deux amis de Dom et de Stéphanie, touchés par le cancer du larynx, d'anciens Carolomacériens, devenus vendéens et qui sont devenus nos amis… Lui est
communiste, il m'a conduit jusqu'à Florent, un autre carolomacérien communiste, père aubergiste, rital au grand cœur, écolo de surcroit… Il m'a conduit jusqu'à Bernard, un
Ardennais, l'homme qui a apprivoisé son cancer. En janvier 2003, on annonce à Bernard qu'il est atteint d'un cancer du côlon avec métastases au foie. Il a alors 55 ans et
c'est quelqu'un de très occupé : professeur d'économie, de gestion et de communication, directeur de l'IUT Gaco de Charleville-Mézières, militant de la cause animale, conseiller
régional centriste et mon Président de Comité Régional de Tourisme…Il m'a conduit jusqu'à Jean-Claude, un ancien ingénieur, commercial, photographe émérite, miraculé d'une
hémiplégie, et qui se contente aujourd'hui de ne faire que "trois kilomètres de marche par jour!"… Il m'a conduit jusqu'à Annick, maire-Adjoint d'une ville de la Côte vendéenne, une ancienne Conseillère Régionale Ligérienne, qui a su vaincre elle-aussi ses problèmes de santé… Elle m'a conduit jusqu'à Jean-Claude, l'ancien Maire de Fontenay,
ancien Conseiller Général de Vendée, qui lui aussi a su surmonter la maladie… Il m'a conduit jusqu'à Christian, le maire-Adjoint de Dompierre, qui m'a conduit jusqu'à sa
Collègue Monique qui m'a reconduit vers Louis et Stéphanie…
˗ La boucle de l'amitié s'était refermée….
˗ Non! Tout au contraire… Tous ces gens dont je viens de te parler ont les mêmes valeurs humanistes, radicales même parfois… Tu peux les croire, car en combattant au quotidien
le mal qui les a rongés, ou qui les ronge encore, ils n'ont jamais oublié et n'oublient jamais que le combat qu'ils mènent doit être fait de Fraternité et d'Amour de l'Autre…
˗ Ça ne me dit pas ce que tu fais avec eux?
˗ Tu veux dire ce que j'ai fait, ce que je fais et ce que je ferai avec eux?
˗ Redonner de l'espoir? Partager?
˗ Sans envie de pouvoir… Concevoir ensemble, avec tous, qu'ils soient riches ou pauvres, simples citoyens ou bardés des plus grands titres, des plus grandes fonctions, ou des
plus grands diplômes, un instant de vie, un moment de respect…
˗ Quelques temps de bonheur et de croyance en l'Homme!
˗ Tu sais bien que pour ce qui concerne la croyance en Dieu, qu'il soit Jéhovah ou Vishnou, ou je ne sais qui encore, tous ces amis n'en font pas une condition absolue. C'est du domaine de l'intérieur, de la conscience personnelle… Ils combattent encore, ou ont su vaincre, ou lutter contre la maladie. Bien sûr, il faut croire en la médecine, à l'Amitié… On peut aussi avoir une croyance laïque, simplement humaniste…
˗ T'es moins drôle en ce moment, mais de temps en temps il faut être sérieux… A demain…
˗ A demain, et n'oublie pas : ton amitié guide ma plume et mes espoirs…»
René DUBOIS 14 janvier 2013