Il n'y a aucune inquiétude à avoir pour Conrad Colman. Certes, Foresight Natural Energy n'est pas localisé au pointage de ce matin et ne l'était pas hier soir à 22h non plus, mais tout va bien à bord… à part un problème de balise qui n'envoie plus sa localisation. Conrad vient de téléphoner à la Direction de course (ce matin à 4h30) et on étudie en ce moment même les solutions pour relancer l'envoi permanent de sa position, avec bon espoir d'y parvenir très rapidement. Pour les trois bateaux de l'arrière, à savoir ceux de Didac Costa (One Planet One Ocean), Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) et Sébastien Destremau (technoFirst-faceOcean), la nuit a été rude – ils ont probablement traversé des rafales à 50 nœuds – mais le (très) mauvais temps est désormais derrière eux et leurs conditions s'améliorent.
Le Cléac'h : 500 milles d'avance
A l'opposé de la flotte - 6800 milles et une bonne demi-douzaine de situations météo plus loin ! – l'impérial leader Armel Le Cléac'h enfonce le clou. Le skipper de Banque Populaire VIII a réussi la jonction entre les deux systèmes qui l'intéressait depuis plusieurs jours. Il a accroché la dépression qu'il recherchait et navigue à 18 nœuds dans un vent de 20 à 25 nœuds de Sud-Ouest. Il est dans un système totalement différent maintenant d'Alex Thomson. Le Gallois d'Hugo Boss, lui, évolue dans du vent de Nord-Ouest. Il est bâbord amures, et ne peut donc pas profiter de son foil tribord endommagé. Armel Le Cléac'h pourrait donc encore accentuer son avance sur lui, avance qui vient d'ailleurs de dépasser la barre symbolique des 500 milles (contre 175 milles voilà exactement une semaine). Les simulations voient maintenant Banque Populaire VIII au cap Horn dès vendredi matin, avec deux jours d'avance sur Hugo Boss.
La lutte pour le podium relancée
Paul Meilhat (SMA) et Jérémie Beyou (Maître CoQ) sont toujours à la lutte pour la troisième place, avec un léger avantage pour Paul Meilhat ce matin (30 milles). Ils semblent sortir de la zone de transition qui les a freiné… mais il devraient perdre une grande partie de leur avance sur le trio rapproché composé de Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir), Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) et Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) qui n'est plus que 600 milles derrière eux et pourrait encore diviser par deux ce retard d'ici le cap Horn, tant la situation météo leur est a priori plus favorable. Des simulations voient maintenant ce trio avoir moins d'une journée de retard au cap Horn sur le duo Meilhat/Beyou… autrement dit la lutte pour le podium virtuel est totalement relancée !
Dans le reste du Top Ten, tout va bien pour Louis Burton (Bureau Vallée) et Nandor Fa (Spirit of Hungary), qui évoluent maintenant dans des conditions plus maniables. Arnaud Boissières, lui, a doublé la longitude du cap Leeuwin hier soir en 13e position. Dans le millier de milles derrière La Mie Câline, on trouve à la bagarre pour cette entrée sous le continent australien, dans l'ordre : Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut), Alan Roura (La Fabrique), Enda O'Coineen (Kilcullen-Team Ireland), Rich Wilson (Great American IV), Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) et Pieter Heerema (No Way Back). Le Hollandais évolue à 13 nœuds, à un peu plus de 1100 milles de son deuxième grand cap.
Message du bord :
Jérémie Beyou (Maître CoQ) : avant l'heure, ce n'est pas l'heure..
« J'avais bien compris qu'après l'heure, ce n'était plus l'heure quand j'avais raté le train pris par Armel et Alex, en Atlantique Sud. Je m'étais juré de composter mon billet à l'heure dorénavant… mais je viens de comprendre qu'essayer de monter dans le train trop tôt ne sert à rien non plus ! Poussés par un joli flux de Sud-Ouest, SMA et Maître Coq sont venus buter dans la dépression positionnée comme une barrière devant eux. On a tout essayé : en faire le tour par le Nord, lofer, buter dedans… rien n'y a fait. Et puis ce matin, la barrière s'est levée : je suis sorti d'une zone de nuage, de pluie de molle et d'un seul coup j'ai trouvé du soleil et 20 noeuds de vent ! Je regarde ma trace, je vois le détour consenti, les milles parcourus en plus, la moyenne famélique de ces derniers jours et je me dis que c'est cher payé. Dans mon rétroviseur, le ‘groupe Eliès' a refait la moitié de son retard. Rien ne sert de courir, il faut partir à point, la morale de la Fontaine s'appliquerait bien ici… Allez, j'ai déjà connu ça et je le connaîtrai encore. Et peut-être qu'un jour avant la fin de la course, la morale s'appliquera à mes concurrents de devant ? (Bon, pour Armel c'est à croire que Dame Nature a oublié de mettre des barrières!) " La route est longue jusqu'à la force, jeune Padawan " me plairait mieux comme morale… Wouah Beyou, la culture… La Fontaine et Maître Yoda pour références, c'est du costaud ! Allez ok, je vais dormir..”