Solitaire du Figaro: Morgan Lagravière : " Je me sens plus fort que l'an dernier "

Il était arrivé l’an dernier au départ de la Solitaire du Figaro avec la fraîcheur et la naïveté du débutant. Un mois et quatre étapes magistralement maîtrisées plus tard, Morgan Lagravière repartait auréolé d’une superbe septième place au général et d’une victoire en bizuth. Une année s’est depuis écoulée, jalonnée d’excellents résultats, qui ont confirmé le potentiel du jeune skipper du Figaro « Vendée ». C’est donc tout naturellement qu’il arrive à Paimpol, en ces premiers jours d’été, avec une étiquette de sérieux outsider. Un statut que Morgan Lagravière assume, sans arrogance et avec humilité. A trois jours du départ, il évoque sans détour cette épreuve dont il a fait sa priorité de la saison.

Morgan, tu te sais attendu cette année. Est-ce que cela change quelque chose pour toi ?
« J’essaye de faire en sorte que non, de ne pas tenir compte de ce qu’on dit ou ce qu’on attend de moi. Je me focalise sur moi, mon potentiel, mes faiblesses, ma progression. C’est tout ce qui m’intéresse. La différence avec l’année dernière, ce n’est pas le regard que portent les autres sur moi, c’est la conscience que j’ai acquise de ce que je suis capable de faire sur une course comme La Solitaire. L’an dernier, j’arrivais dans l’inconnu, sans pression, sans à priori. Cette naïveté m’a sûrement facilité les choses. J’arrive cette année avec plus d’expérience, je me sens plus fort aussi. La contrepartie c’est que j’ai ce résultat de 2011 qui me suit comme une référence. Le plus difficile finalement, c’est de réussir à en faire abstraction mais c’est ce que j’essaye de faire. »

En quoi te sens-tu plus fort que l’an dernier ?
« L’an dernier, j’étais arrivé sur la Solitaire avec seulement huit mois de pratique du Figaro Bénéteau 2. J’ai énormément travaillé cette dernière année. Je connais mieux le bateau, ses réglages, ses petits trucs. Techniquement, je suis donc meilleur. Avec l’expérience des courses, j’ai également progressé tactiquement. Et puis surtout, je me connais mieux ! Je sais ce que je suis capable d’endurer, jusqu’où je peux aller… Je suis conscient de mes forces, mais je connais aussi mes faiblesses. J’ai une telle envie de bien faire, une telle motivation à repousser mes limites, que j’ai parfois du mal à dire stop. Quand je lâche la barre pour me reposer ou pour m’alimenter, je culpabilise. Or, sur des étapes aussi longues que celles qui nous attendent, c’est impératif. »

Sur ce point justement, l’an dernier tu avouais avoir du mal à prendre du plaisir en course, est-ce que cela a changé ?
« La différence c’est que je sais où et comment je vais trouver le plaisir. Au départ l’an dernier, je ne savais pas que j’allais souffrir autant, physiquement et moralement durant les étapes. Aujourd’hui, je sais. De cette souffrance, je ne trouve toujours aucun plaisir sur le moment. En revanche, je sais désormais sur quoi elle débouche. Je connais la satisfaction qu’on en retire. Ça ne la fait pas disparaître mais ça aide à mieux l’accepter. »

Mentalement, tu sembles fort. Tu confirmes ?
« ça, je ne pourrai le dire qu’à la fin... Le mental, aujourd’hui, à trois jours du départ, on l’a tous ! On est tous motivés, on a les crocs, on a envie d’en découdre. Mais qu’en sera-t-il dans trois semaines à quelques heures du dénouement ? C’est là seulement qu’on verra qui est fort mentalement. Ce que j’ai appris de ma première Solitaire, c’est que c’est une course d’endurance. Tu peux faire de petites erreurs, parce que sur la longueur tu auras des opportunités de te refaire. Etre mentalement fort sur la Solitaire, c’est donc aussi être capable d’accepter ses erreurs et de se remobiliser immédiatement pour réussir le coup suivant. »

Te considères-tu parmi les favoris de cette Solitaire ?
« Je pense que je fais partie de la douzaine de skippers qui peuvent l’emporter. Il y a des favoris logiques comme Yann Eliès, Nicolas Lunven ou Gildas Morvan. Comme d’habitude, il y aura aussi des révélations et des surprises. Personnellement, je pars du principe que pour gagner la Solitaire, il faut déjà ne pas la perdre ! ça paraît une évidence, mais ça se joue sur tellement de détails… Tu es devant, tu rates une marque de parcours et tu peux tout perdre… »

Quelles sont les forces qui peuvent te permettre de faire la différence ?
« Je vais vite et j’ai une envie énorme… »

Dimanche 24 juin : 13h00 : Départ de la 1ère étape Paimpol – Gijon (504 milles)
Mercredi 27 juin : Arrivée prévue de la 1ère étape à Gijon
Dimanche 1er juillet : 12h30 : Départ de la 2ème étape Gijon – Saint Gilles Croix de Vie (442 milles)
Mercredi 4 juillet : Arrivée prévue de la 2ème étape à St Gilles Croix de Vie
Dimanche 8 juillet : 13h00 : Départ de la 3ème étape Saint Gilles Croix de Vie – Cherbourg/Octeville (486 milles)
Mercredi 11 juillet : Arrivée prévue de la 3ème étape à Cherbourg
Dimanche 15 juillet :12h00 – 14h00 : Parade de clôture