Un front à passer
Du côté des monocoques IMOCA, le décor n’est pas du tout le même puisque c’est au large des Açores que François Gabart (Macif) affronte une nouvelle dépression : dans une brise de Sud-Ouest d’une vingtaine de nœuds, il faut louvoyer pour gagner dans l’Ouest afin de traverser le front attendu pour le milieu de la journée. A la latitude des Açores, la mer est heureusement encore maniable mais ce tricotage est toujours usant pour les skippers et pour le matériel.
Parmi les Multi50, Yves Le Blévec (Actual) a enfin pu repartir de Cascais (Portugal) mercredi vers 19h mais il pointe désormais à la dernière place à plus de 300 milles du leader, Lalou Roucayrol (Arkema Région Aquitaine). Celui-ci engrange les bénéfices de son option au large dès Ouessant : il a touché la nouvelle dépression en premier et va aussi à la rencontre du front. Un joli coup tactique.
C’est à la même problématique que les Class40 plus proches des côtes espagnoles, ils vont devoir faire face : le vent d’Ouest d’une douzaine de nœuds va faire place à un flux de Sud-Ouest plus musclé dans la journée. Il faudra donc tirer des bords pour se recaler vers l’Ouest car du côté de Madère, une bulle anticyclonique rend la trajectoire très aléatoire… Les derniers Class40 ne vont pas être à la fête car ils vont être repoussés avec le gros de la flotte Rhum vers le cap Finisterre où la brise pourrait atteindre plus de 40 nœuds la nuit prochaine…
A noter que Pierrick Tollemer (Ensemble pour Entreprendre) fait route sur La Corogne pour des soucis d’énergie ayant perdu son hydro-générateur. Ainsi les Ultime vont dorénavant suivre la route des alizés jusqu’à l’arrivée prévue pour le leader en tout début de semaine, tandis que les autres classes vont devoir s’extirper de cette dépression en tentant de gagner dans l’Ouest…
Ils ont dit
Sébastien Josse - Edmond de Rothschild (Ultime) – 5ème au classement de 4h00
« Ça va bien. Nous sommes à nouveau regroupés : c’est rigolo. Nous essayons d’attraper l’alizé, les deux gros sont déjà partis (Maxi Solo Banque populaire VII et Spindrift 2). Quand nous l’aurons attrapé, on pourra sortir de ce cette bulle. L’arrêt, c’est plus en ce moment, nous sommes à 10 noeuds, ça manque un peu de vent. Mais il y a encore un paquet de coups à faire. Dans notre groupe, il y a de quoi avoir de la compétition jusqu'à l’arrivée mais je pense que nous ne verrons plus Loïck Peyron et Yann Guichard. Concernant le bateau, c’est plus instable et stressant maintenant sous gennaker que lorsque nous étions dans le gros temps. »
Armel Tripon - For Humble Heroes (Imoca) – 4ème au classement de 4h00
« Au niveau des conditions, nous sommes au près avec 25 nœuds de vent : ça tape et ça mouille aussi ! On négocie le passage du petit front et derrière, nous aurons le contournement des îles en récupérant la bordure de l’anticyclone des Açores. Nous sommes dans le front, et au fur et à mesure le vent va adonner. Ensuite, nous serons au portant jusqu'à l’arrivée. La bascule au Nord-Ouest devrait avoir lieu demain… J’ai eu quelques petits soucis techniques donc ce n’est pas terrible. J’ai un chariot de grand-voile qui s’est fait la malle donc je ne peux pas descendre complètement la voile : je monterai dans le mât dès que je le pourrai. »
Eric Jail – Défi Cat (Catégorie Rhum) – 8ème au classement de 4h00
« Dans l’ensemble ça se passe bien, j’ai eu un souci avec une cale de ma quille qui m’oblige à freiner un peu le bateau. Rien n’a été très probant pour le moment et j’hésite à m’arrêter à Cascais (Portugal) voir si quelqu'un peut me fournir une cale de quille. Nous avons du vent de Sud-Ouest, ce n’est pas très régulier. Pour le moment, on a de 22 à 25 nœuds. Je suis avec deux ris dans la grand-voile et une trinquette, ce n’est pas suffisant à mon goût mais je temporise. J’ai eu une période de grande fatigue dans le golfe de Gascogne : j’étais vraiment très, très fatigué. »