Lalou Roucayrol devrait concéder environ cinq heures au leader et en finir en milieu de journée tropicale ce jeudi : le skipper aquitain cumule une bonne marge sur Gilles Lamiré (Rennes Métropole, Saint Malo Agglomération) attendu à Pointe-à-Pitre en même temps que le premier des IMOCA, vendredi soir (heure métropole). François Gabart (Macif) n’a en effet plus trop de soucis à se faire : Jérémie Beyou (Maître Coq) est dans son axe, sur la même route mais avec une centaine de milles de décalage. L’affaiblissement des alizés est finalement une bonne chose pour ces navigateurs qui avaient été particulièrement sollicités ces derniers jours par des grains violents et nombreux qui imposaient beaucoup de manœuvres et pas mal de stress.
L’envol espagnol
A 1 400 milles de l’arrivée prévue pour mercredi matin (heure métropole), Alex Pella (Tales 2 Santander) s’installe tranquillement en tête et augmente les milles sur Kito de Pavant (Otio-Bastide Médical) et ses deux compères Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en Peloton) et Yannick Bestaven (LE CONSERVATEUR). Le Catalan n’arrête pas d’empanner pour rester dans un couloir de vent étroit où les alizés d’Est oscillent régulièrement : 25 manœuvres hier ! C’est grâce à ce tempo soutenu et à l’excellent potentiel de son plan Botin que l’Espagnol crée insensiblement l’écart. La flotte des Class40 est de plus en plus étalée et en grappes de deux à cinq solitaires éparpillés sur 1 200 milles !
Enfin pour les Classe Rhum, la situation est nettement fracturée entre les leaders emmenés par Anne Caseneuve (ANEO) désormais poursuivi par Wilfrid Clerton (Cap au Cap Location), Jean-Paul Froc (Groupe Berto) et Robin Knox-Johnston (Grey Power) alors que leurs poursuivants sont soit collés double face dans un méandre anticyclonique au large des Canaries, soit en passe de s’y enferrer ! Tous ceux qui ont pris du retard pour cause d’escale technique, vont souffrir encore au moins 24 heures…
Ils ont dit
Erwan Le Roux-FenétréA-Cardinal (Multi 50), 1er au classement de 4h
« Ça sent l’écurie, il faut se battre, il faut y aller ! J’ai fait des marches arrières toutes les heures à cause d’algues monstrueuses : c’est hallucinant ! C’est la première fois que je vois cela aux Antilles. Il n’y a pas beaucoup de brise. C’est prévu que ça mollisse, il va y avoir un changement de régime de vent à partir de ce soir, il va se mettre en place. Il y a encore des grains mais ce sont des grains classiques : derrière moi cela pétait encore, il y a des orages pour mes concurrents derrière. Je préfère des conditions comme cette nuit que les grains. Mes cent milles d’avance me permettent d’attaquer le tour de Guadeloupe concentré et tranquille. Je souhaite juste bien faire les choses comme on sait faire sans avoir la pression, calmement. On va faire notre stratégie comme on l’a décidé avec Jean Yves Bernot (mon routeur). L’arrivée est prévue dans quelques heures pour le petit déjeuner guadeloupéen, c’est pas mal ! »
Jérémie Beyou-Maître Coq (IMOCA), 2ème au classement de 4h
« C’est un peu ralenti comme prévu. On n’a plus les grains violents comme les nuits précédentes, on est dans les alizés, mais en revanche on n’a plus beaucoup de vent la nuit. On a une quinzaine de nœuds, en moyenne on a plutôt 12 nœuds. La mer est plate, l’idée c’est d’avancer vite dans ce vent là sans trop faire attention à l’angle, et en faisant plutôt route vers le but. Comme cela, on ajustera la trajectoire au dernier empannage selon où on sera dans 24h. François (Gabart) s’est fait la malle les deux derniers jours, il m’a mis une soixantaine de milles : cela fait un peu mal aux dents. Il a dû avoir moins de grains. On devrait arriver d’ici 20 à 30 heures en Guadeloupe. A la fin selon l’oscillation du vent, je verrai si je dois empanner et naviguer sous spi ou gennaker. Après il reste le tour de l’île à faire, cela va être sympa. Mais je ne suis pas à l’abri d’une mauvaise surprise sous un grain. La nuit dernière sous les grains, mon spi ne voulait pas descendre, cela a été un peu scabreux... »
Alex Pella-Tales 2 Santander 2014 (Class40), 1er au classement de 4h
« C’est pas mal, cela se passe bien. A chaque fois que vous m’appelez, je suis en train de faire une sieste, cela fait partie de mes rêves ! Le vent s’est écroulé en début de nuit, on n’a pas un ciel d’alizés, puis le vent est rentré et j’ai redémarré. Je n’ai pas regardé classement car je dormais. Les conditions hier étaient difficiles car le vent était très variable. Nous avons fait de nombreux changements de voile, c’était compliqué. Hier j’ai fait 25 empannages dans la journée, aujourd’hui j’en ai fait une dizaine. J’ai une petite check-list d’empannages. Je suis resté scotché hier, j’ai tout essayé dans les grains. J’essaye de rester dans un couloir de vent. »
Anne Caseneuve-Aneo (Classe Rhum) 1ère au classement de 4h
« J’ai deux bateaux à côté de moi, on tricote, on prend la route la plus directe possible, c’est sympa et cela se passe bien. Nous faisons toujours beaucoup de manœuvres, on évite le petit temps. Je suis en compagnie de deux Class40 : c’est marrant, on a l’impression d’être en régate. Le vent a faibli, il ne fallait pas rester dans le Sud : on est tous montés dans le Nord pour récupérer de la brise, car il y a une bande de vent étroite pour aller aux Antilles. J’ai l’impression qu’à 60 milles avant l’arrivée, il y a peu d’alizé. Je devrais arriver mardi en Guadeloupe. »