« J’ai découvert les soucis de structure hier. J’ai d’abord vu que la peau de mon ballast s’était délaminée. Au moment de faire un virement de bord, j’étais en train d’éponger l’eau dans ma cellule de vie, j’ai entendu le même bruit que celui du ballast, un grincement qui venait du font de coque au niveau d’un renfort longitudinal. A chaque fois que ça cognait, j’entendais un grincement. J’ai regardé un peu partout, il n’y avait pas de signe d’ouverture. J’ai constaté avec mon équipe que je pouvais continuer.
Une fois que j’ai repris un peu de vitesse, je me suis retrouvée tribord amure et donc appuyée sur le côté bâbord en mauvais état. A chaque fois que le bateau tapait, je voyais la coque qui se pliait sous mes pieds, des plis sur la peau intérieure, ça fait un peu peur. J’ai contacté l’équipe pour faire une analyse avec ceux qui ont construit le bateau, je n’étais pas sereine. Le problème, c’est qu’on avait encore 4 jours de conditions avec beaucoup de vent et 4 jours au près, c’est long… Je n’avais pas très envie d’essayer surtout que la zone endommagée est dans ma cellule de vie, non loin des batteries. S’il y a rupture dans ces conditions, je me retrouve sans batterie, sans contact et sans énergie. J’ai donc décidé de faire demi-tour, direction Lorient tant que le vent me pousse dans le bon sens. J’espère protéger la zone endommagée le temps d’arriver à Lorient. Ça bougeait pas mal cette nuit, il y avait encore 50 nœuds et une mer énorme. »
Compte tenu des conditions sauvages qui balaient en ce moment le golfe de Gascogne (rafales d’ouest pour 50 nœuds, mer très forte et croisée), le skipper de Cré’actuel a pris la sage décision lundi soir de s’abriter dans le port de Bénodet en attendant une fenêtre météo pour repartir. Bertrand de Broc a subi en outre une avarie de pilote automatique dans le chenal du Four, le contraignant à barrer 7 heures durant pour rejoindre l’Odet. Avec son routeur Marc Guillemot, le skipper étudie toute les opportunités pour repartir, d’autant que la direction de course de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe vient de reculer la fermeture de la ligne d’arrivée à Pointe-à-Pitre au 7 décembre au lieu du 2 !