Est-ce l’effet d’homonymie ? La quête de Richard Tolkien a pu sembler aussi imprévisible que celle de la Communauté de l’anneau entre pièges de la dorsale, découverte d’une nouvelle monture et caprices de la météo… Pas de rencontre fortuite de gobelins pour les deux navigateurs dont l’observateur avisé a pu remarquer les pieds désespérément glabres, mais le croisement de quelques baleines inoffensives et pacifiques. Passé le temps des retrouvailles, tout ce petit monde s’est déjà projeté sur la deuxième étape…
On l’oublie parfois, mais nous n’en sommes qu’à la mi-course et bien des bouleversements peuvent encore affecter la hiérarchie de la course. Si le duo Giovanni Soldini – Karine Fauconnier (Telecom Italia) a pris une option sérieuse, certains de leurs poursuivants ont pris confiance dans leur capacité à venir bouleverser l’ordre établi. Ainsi Gérald Bibot – Didier Le Vourc’h (Zed 4), auteurs d’une première étape remarquable de maîtrise, repartent-ils avec la ferme intention de défendre leur place de dauphin, voire plus si affinités. Sur cette première étape, le tandem a appris à se connaître et s’apprécier… On le sait, la performance est aussi fille de bonne entente : d’ailleurs, il semble bien qu’à l’étape de Horta, les deux protagonistes se soient laissé pousser les dents, histoire de porter leurs ambitions à la hausse. Pour Denis Lazat (PLAN, les enfants changeront le monde), la problématique est différente : en troquant Rémi Aubrun, voilier inspiré, équipier modèle et régatier pitbull, pour son ami Frédéric Nouel, il sait bien qu’il sera difficile de maintenir la barre aussi haut. Reste que Denis a engrangé une expérience certaine sur cette première étape et qu’il devra maintenant transmettre le témoin. On a vu parfois des relais particulièrement inspirés réussir des performances inattendues… Seule victime de cette première étape, Yves Ecarlat qui se voit contraint à l’abandon suite au forfait de son équipier débarqué pour cause de blessure. Tonton Kanak, comme on le surnomme dans le petit monde de la Class 40 doit donc renoncer. Une des figures les plus attachantes de la série disparaît de l’épreuve, même s’il va profiter de l’étape retour pour convoyer son bateau en solitaire : nul doute que les conversations et petits messages parallèles ne vont cesser de transiter entre les tandems des anciens de la classe et le navigateur solitaire par défaut.
Un marché des transferts actif
Le petit mercato des Açores voit ainsi débarquer Halvard Mabire, figure tutélaire de la course au large, gueule de baroudeur et personnalité hors norme, qui va faire bénéficier Christophe Coatnoan (Groupe Partouche) de son expérience. Christophe va pouvoir digérer la déception de la première étape où leur équipage s’était fait griller sur le fil, la huitième place qu’ils avaient conservée bien au chaud depuis plusieurs jours. Halvard Mabire, vainqueur l’an dernier de la Transat Québec – Saint-Malo, aura sûrement à cœur d’inscrire un doublé à son palmarès. Yann Delplace (Elsa) change lui aussi d’équipier, de même que Gilles Dutoit (Techneau) qui opère un changement au sein de la fratrie Daval, Arnaud contre Benoît.
Jean-Christophe Caso, quant à lui, a compris toutes subtilités du jeu des chaises musicales : embarqué sur la première étape à bord de domainedelabourie.fr, il change de monture pour la deuxième pour rejoindre Pierre-Marie Bazin, à bord de Rev’86.
Pour la dernière journée, les navigateurs sont invités à faire un tour de l’île : sur les routes peuplées de haies d’hortensias, ils se souviendront peut-être que la fleur a fait un long périple depuis l’île Maurice avant de venir s’échouer sur les rives de l’île de Faial. En comparaison, le retour sur les Sables d’Olonne devrait paraître une promenade de santé.