Le grand bonheur est tout proche mais Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) doit garder son sang froid. Il a bouclé 99% du Vendée Globe, le rêve d'une vie, son cadeau pour ses 40 ans. Au classement de 15h, Eric n'avait plus que 278 milles à parcourir, et il progressait à 8,5 nœuds. N'ayant pour le moment pas réussi à renvoyer sa grand-voile, il navigue seulement sous J3, une voile d'avant d'une surface de 45m2, ce qui n'est pas énorme pour un bateau de 18,28 mètres et 8,5 tonnes… Eric navigue au près et tire des bords non loin de la côte Nord de l'Espagne. Le vent devrait tourner au Sud-Est (30-35 nœuds en fin de journée), et donc adonner, ce qui lui permettra d'accélérer. Rappelons qu'Eric ne peut plus démarrer son moteur et qu'il doit compter sur ses hydrogénérateurs pour recharger ses batteries. Or ces hélices immergées dans l'eau ne s'actionnent que si le bateau avance à une certaine vitesse. Eric doit donc cravacher malgré sa voilure réduite. Il pourrait franchir la ligne d'arrivée dans la nuit de lundi à mardi, ou alors mardi matin, en décrochant une jolie 9e place et le statut de premier bizuth. On parle d'une entrée dans le chenal mardi vers 9h… A suivre !
Conrad Colman vers des jours meilleurs
Conrad Colman (Foresight Natural Energy) est toujours en situation de stand-by à 250 milles au large des côtes portugaises. Les conditions s'améliorent pour le Néo-Zélandais : le vent bascule au Nord-Ouest puis au Sud-Ouest à partir de demain. Conrad va probablement tenter de mettre en place son gréement de fortune au lever du jour demain matin. Les conditions devraient rester favorables plusieurs jours pour Conrad qui, s'il parvient à mettre en place un système satisfaisant, pourra progresser au portant. On espère qu'il pourra faire route demain à la mi-journée.
Arnaud Boissières : « Ce sont les milles de tous les dangers »
Il reste 900 milles à parcourir pour Arnaud Boissières (La Mie Câline) qui pourrait arriver aux Sables jeudi ou vendredi. « Cette échéance me semble à la fois proche et lointaine », nous confiait-il ce midi en vacation. « Ce sont les milles de tous les dangers, tout peut se produire à n'importe quel moment. Je suis marqué par ce qui est arrivé à Conrad (Colman), ça me fait peur. Je suis content de boucler la boucle mais j'essaye de ne pas trop y penser. » 200 milles derrière, Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut) est dans le même état d'esprit. Lui aussi va bientôt passer sous la barre des 1000 milles à couvrir. Ce n'est plus grand chose, sachant qu'il en a déjà parcouru plus de 26 000 depuis le départ il y a 98 jours. Mais prudence… Arnaud et Fabrice naviguent dans un vent de Nord-Ouest qui devrait basculer au Sud-Ouest au large du Portugal.
Pour Alan Roura (La Fabrique), les enchainements météo sont toujours complexes. Mais le Suisse devrait bientôt profiter de conditions lui permettant de progresser au vent de travers dans la bonne direction. Il passera demain à proximité des Açores. « Les routages me font arriver dimanche 19, tôt le matin, avec deux jours sans vent à l'approche de la France », écrit Alan dans un message du bord. « Donc si ça change, je pense qu'arriver le samedi reste possible ! Derrière, s'ils prennent la même route que moi, je ne suis plus en danger, je pourrais garder mes distances tout en naviguant à mon rythme. »
Alan a toujours une avance confortable sur Rich Wilson (Great American IV) qui fait face à une météo plutôt calme : « Une zone sans vent devrait arriver, je vais la contourner par le Sud pour continuer à avancer. C'est dur d'avoir de telles conditions, mais cela me permet de faire un check du bateau et de vérifier que tout va bien à bord. Physiquement je me sens beaucoup mieux qu'en 2008, et je sens que le bateau va mieux aussi. » Rich prévoit une arrivée dans 10 à 12 jours.
Didac Costa (One Planet One Ocean) et Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) sont toujours au reaching (vent de travers) dans un alizé plutôt faible. Une bulle sans vent se présente devant leurs étraves et ils pourraient être ralentis dans les prochaines heures.
Week-end mouvementé pour Sébastien Destremau
Englué dans le Pot au noir, Pieter Heerema (No Way Back) n'affole pas les compteurs : 83 milles ces dernières 24 heures, à la vitesse moyenne de 3,5 nœuds ! Mais il devrait sortir demain de cette zone instable.
Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) n'a pas passé un week-end de tout repos. Hier soir, il a mis trois heures à démarrer son moteur. Une fois démarré, la courroie d'alternateur a cassé au bout de 20 minutes… Puis un tuyau de ballast a cédé et l'eau a inondé son bateau. Après 2h30 de pompage pour vider tout cela, Sébastien s'est accordé quelques heures de sommeil. Il raconte la suite : « Ce dimanche matin, j'ai passé une bonne heure les mains dans le moteur pour changer cette courroie d'alternateur. Puis je me suis accordé une pause de 30 minutes pour un café-croissant.
J'ai mis 1h30 pour démarrer le moteur (avec la grand voile c'est très compliqué). A 9h ce matin, le moteur tournait et les batteries chargeaient, enfin ! Il ne va pas falloir que ce soit comme ça tous les jours, sinon je vais en faire du petit bois de ce bateau. » Sébastien navigue ce soir dans un alizé d'Est qui ne devrait pas le quitter jusqu'au Pot au noir.