Des conditions idéales, vent portant, puissant, mer presque plate et le bateau qui glisse à plus de 15 noeuds de moyenne sous les étoiles. C'est l'heure où l'on savoure son bonheur, où l'on peut barrer et laisser son esprit vagabonder. On goûte les petits plaisirs de la vie : se faire un café bien chaud, laisser la moque réchauffer les mains avant de trouver la première gorgée presque brulante. Pouvoir extirper son coéquipier de la bannette sans qu'il y soit question d'une urgence absolue. C'est le genre de nuit où il ne se passe rien et c'est parfois diablement bon. La course reprendra totalement ses droits plus tard.
Au sien de la flotte des IMOCA, le duel Safran – Groupe Bel continue d'entretenir le suspense. Marc Guillemot et Charles Caudrelier continuent de tenir la corde, mais Kito de Pavant et François Gabart ne lâchent rien. Après le passage de l'arc antillais, l'écart entre les deux bateaux s'est à nouveau stabilisé aux alentours des soixante à soixante-dix milles. Un gouffre dans des conditions de navigation stables, un différentiel ridiculement faible si jamais les conditions météorologiques deviennent tordues. Et les deux dernières journées pourraient encore réserver leur lot de rebondissements, tant les conditions sont instables aux abords de Puerto Limon…
Ne pas perdre le nord
Chez les Multi50, les écarts entre les bateaux encore en course n'autorisent plus vraiment de coups stratégiques… Alors, on se donne de nouveaux défis : pour Franck-Yves Escoffier et Erwan Le Roux, c'est d'amener leur Crêpes Whaou ! sur la ligne d'arrivée devant l'armada des monocoques. Même dérivatif pour Victorien Erussard et Loïc Féquet (Guyader pour Urgence Climatique) qui se sont fixé comme objectif de parvenir au Costa Rica avant le groupe composé de Veolia Environnement, Aviva et W Hotel… Lesquels doivent surveiller avec beaucoup d'attention, la descente de 1876. Yves Parlier et Pachi Ribero ne se berçaient pourtant guère de beaucoup d'illusions sur leur position très au nord de la flotte. Le fait est que jusque là, ils continuent leur descente à belle allure. L'extra-terrestre, comme l'avait surnommé Michel Desjoyeaux lors d'une Solitaire du Figaro que Yves avait dominée de la tête et des épaules à coups d'options autant radicales qu'audacieuses, serait-il en train de préparer un nouveau tour de magie ?
Ils ont dit :
Victorien Erussard - Guyader pour Urgence Climatique – 2ème au classement de 5h Multi50
« J'étais dehors à contempler les étoiles… On a touché l'alizé et on parvient à faire un cap un peu plus rapprochant vers la Barbade, mais ce qui est vraiment intéressant, ce sont les vitesses. On va enfin pouvoir se rapprocher un peu et aller chercher le groupe d'Imoca devant nous. Ca fera un peu de bagarre car, malheureusement, avec les soucis techniques des collègues et l'avance de Crêpes Whaou !, l'enjeu est désormais limité. Cependant l'objectif reste bien de conserver cette deuxième place. »
François Gabart – Groupe Bel – 2ème au classement de 5h IMOCA
« Ça se passe super… On va vite, on a du vent au portant sous spi, ca glisse a toute vitesse… A ce rythme là, on va y arriver vite au Costa Rica !
Non je plaisante, on sait que les conditions de vent vont beaucoup évoluer jusqu'à la fin et il faudra sans doute faire quelques zig-zag jusqu'à l'arrivée… Tant mieux d'ailleurs, car cela créera peut-être quelques ouvertures pour aller chercher Safran, mais bon, on ne va pas non plus tenter le diable ! »
Marc Guillemot - Safran – 1er au classement de 5h IMOCA
« Vous me prenez au saut du lit ! C'est Charles qui est aux manettes… C'est une bonne nouvelle d'apprendre que l'on maintient l'avance sur nos petits camarades! On a de superbes conditions de glisse ! »
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