Décidément, ces deux-là, à défaut de passer des vacances ensemble, ne se quittent plus dès lors qu’ils sont sur l’eau. Entre Franck-Yves Escoffier et Yves Le Blévec, l’écart était monté hier au soir à plus de vingt milles pour la première fois de la course. Mais, cela n’aura duré que ce que durent les nuits au nord de l’Europe… Quelques heures plus tard, le trimaran vert était revenu au contact de son alter égo tout de rouge habillé. Seule certitude, la journée de lundi devrait livrer le dénouement de ce premier acte. Entre Franck-Yves Escoffier, habitué des victoires sans appel, qui sous ses abords bonhomme affiche une détermination sans faille et Yves Le Blévec quoi ne rêve que d’une chose, c’est dépingler une première victoire sur son tableau de chasse, ce n’est pas la motivation respective des deux équipages qui créera la ligne de partage. Cela risque de se jouer sur des détails : une risée mieux négociée, un petit surplus d’expérience de la navigation en multicoque pour l’un, un léger surcroit de vitesse dans la brise pour l’autre, qui sait ? Quoi qu’il en soit, entre ces deux navigateurs une histoire est en train de se créer, comme à chaque fois que deux adversaires s’affrontent sur le fil et se respectent. Les conversations risquent d’être animées au bar du Yacht-Club de Saint-Pétersbourg.
Match à quatre
Si la troisième place devrait, sauf accident, revenir à Loïc Féquet et ses complices à bord de Crêpes Whaou ! 2, la lutte est acharnée pour la quatrième place, synonyme aussi de tableau d’honneur pour les multicoques de plus ancienne génération. Alors que l’on pouvait imaginer un duel entre l’équipage de Pierre Hingant (La mer révèle nos sens) et celui de Anne Caseneuve (Croisières Anne Caseneuve), deux autres compères se sont invités à partager les restes du festin : Lalou Roucayrol (Région Aquitaine Port-Médoc) n’a de cesse de vanter les vertus de son multicoque dès que le vent monte. Il en administre la preuve en revenant au contact pour la quatrième place, alors qu’il accusait encore un débours de plus de 50 milles, hier à la même heure. Dans son sillage Erwan Le Roux (FenêtréA Cardinal) démontre que lui et ses équipiers feront valoir jusqu’au bout leurs talents de régatiers accrocheurs. Erwan sort de deux victoires consécutives, comme tacticien dans le Tour de France à la Voile, une des épreuves en équipage les plus exigeantes du circuit européen, ce n’est sûrement pas un hasard. Hervé Cléris lui-même (CLM) n’est pas si loin et peut encore espérer un regroupement généralisé pour la cinquième place. Seul l’équipage de πR2 avoue sans ambage, qu’il ne pourra pas se mêler à cette bataille : pour Etienne Hochédé et ses équipiers, pouvoir participer à la parade navale devant les murs de la forteresse Pierre & Paul, suffira à leur bonheur. Ce n’est pas manquer d’ambitions que de savoir relativiser ses objectifs, mais bien plutôt le début de la sagesse.
Paroles de mer :
Etienne Hochédé (πR2)
« On devrait franchir le pont de l’Europe d’ici quatre ou cinq heures. Ça avance bien, on est à 14-15 nœuds. Il ne fait pas très chaud à bord du bateau, car l’aluminium n’est pas vraiment isolant et comme la température de l’eau est aux alentours de 8 à 9°. La fin de parcours devrait être un peu plus rapide et justifier enfin le potentiel de notre « vieux » bateau. Dès que le vent monte, il se cale sur ses foils et peut commencer à avancer. Mais dans le petit temps ! J’ai juste envisagé de démonter les foils tant ils nous ralentissaient pour monter jusqu’ici. »
Franck-Yves Escoffier (Crêpes Whaou 3 !)
« Ce qui devait arriver arrive. On pensait avoir creusé un écart la nuit dernière et voilà qu’Actual revient par derrière. Ça va être un nième départ de course. On commence à le distinguer, tout est encore à refaire. On prend notre bâton de pèlerin jusqu’au bout. Sans oublier que l’on profite de moments exceptionnels : on a eu une nuit fantastique à marcher à vingt noeuds par mer plate. Ici la nuit dure à peine deux heures. Et hier, on avait droit en plus au dernier quartier. La lumière de la lune, cette semi obscurité et un ciel étoilé limpide, ça fait partie des moments qui vont te rester tellement c’était magique… Pour l’arrivée, on va voir. On a un atout dans notre manche avec la présence d’Antoine (Koch) à bord. Il sort de la transat Concarneau - Saint-Barth, il est chaud bouillant et comme, en plus, il excelle en navigation… »
Yves Le Blévec (Actual)
« Franck-Yves est charmant : il dit toujours tout le bien qu’il pense de toi, mais cela ne l’empêche pas d’aller toujours très vite ! Pour l’heure, il conserve l’avantage. On va essayer de jouer jusqu’au bout. On a dormi à tour de rôle pour être le plus lucide possible sur cette arrivée. On sait que la moindre erreur pourra se payer cash ; donc, on veut être en pleine forme pour ces derniers milles. La régate est passionnante ; en plus on découvre des paysages incroyables ; le seul regret c’est de ne pas pouvoir s’arrêter. »
Rappel
Vous pouvez écouter tous les jours, sur le site Internet de la course, les vacations en direct avec les navigateurs et poser vos questions aux équipages qui seront retransmises directement par l’animateur de la vacation.
Vacation tous les jours de 12h à 12h40.
Heure d’arrivée estimée des deux premiers bateaux
Heure d’arrivée estimée entre 4 heures et 5 heures TU, soit 6 et 7 heures (heure française). Une vacation sera prévue avec les deux équipages à 12 heures. (Il faut compter six heures de route entre la ligne d’arrivée et le ponton de Saint-Pétersbourg)
Classement au pointage de 16 heures
- 1 Crêpes Whaou ! 3 (FY Escoffier) à 147,7 milles de l’arrivée
- 2 Actual (Y Le Blévec) à 6,1 milles du premier
- 3 Crêpes Whaou ! 2 (L Féquet) à 291,3 milles du premier
- 4 Naviguez Anne Caseneuve (A Caseneuve) à 403,8 milles du premier
- 5 La mer révèle nos sens (P Hingant) à 422,4 milles du premier
- 6 Région Aquitaine Port-Médoc (L Roucayrol) à 433,4 milles du premier
- 7 FenêtréA-Cardinal (E Le Roux) à 439,1 milles du premier
- 8 CLM (H Cléris) à 456,5 milles du premier
- 9 π R2 (E Hochédé) à 533,2 milles du premier