A lire les trajectoires des concurrents sur la cartographie, on s’aperçoit que l’exercice de la navigation aux allures portantes est plus subtil qu’il n’y paraît. Loin de la ligne droite règlementaire et pour tout dire, sans grande fantaisie, les concurrents dessinent des courbes avec pleins et déliés qui reflètent bien mieux à quel point ils font corps avec leur bateau pour en tirer le meilleur. Que le vent vienne à monter et c’est l’occasion de grappiller quelques degrés sur la route, qu’il mollisse un peu et c’est l’occasion de lofer à nouveau pour retrouver du vent apparent et de la vitesse. La vérité, c’est le comportement du bateau, sa propension à vouloir s’envoler de vagues en vagues. Dans ce genre de conditions, les instruments ne sont plus qu’un indicateur ponctuel de l’état des lieux. Mais dans l’instant, c’est dans les fesses que l’on sent que le bateau est à sa bonne vitesse, c’est la musique de la quille et des safrans qui annonce que l’on est bien dans les survitesses attendues. L’exercice est d’autant plus délicat, qu’à l’inverse de la première étape, c’est en aveugles qu’ils avancent la nuit puisque la lune n’est plus au rendez-vous. Cette donnée change radicalement la donne. Les concurrents les moins expérimentés qui n’ont pas encore intégré toutes les sensations et doivent s’en référer aux repères visuels sont ici lourdement handicapés. Certains peuvent bouillir de se retrouver exclus de la course pour la gagne, d’autres le prennent avec plus de philosophie. La nuit, c’est aussi fait pour dormir. Ainsi Yoann Tricault (C-Possible) a-t-il croisé la route d’un bateau accompagnateur sans émotion apparente, d’être pris sous les feux de son projecteur. Son skipper dormait du sommeil du juste et du même coup, était en pleine forme à la vacation du lendemain.
Côté petits soucis, Jean-Marie Oger (Acebi) n’a toujours pas résolu ses problèmes de drisse de spi. En revanche Nicolas Boidevezi (Fondation Terrevent.org) a testé son bout dehors après avoir laissé la stratification sécher suffisamment longtemps. Au vu de ses résultats, la réparation tient le coup. A bord d’Adrénaline, Romain Mouchel a dû réparer une fuite d’eau au niveau de son puits de quille, mais tout va bien à bord.
En prototype les deux leaders de la route nord se tiennent en quelques milles. Aymeric Chappellier (La Tortue de l’Aquarium La Rochelle) a pris l’initiative d’empanner le premier devant Milan Kolacek (Follow Me) pour faire route à l’est, quand Giancarlo Pedote (Prysmian) devrait voir sa route converger avec les deux premiers. Faire route vers le cap Finisterre permet de se garder la possibilité de faire de nouveaux choix de route en fonction de l’évolution de la météo sur le golfe de Gascogne. Dans deux jours, il faudra choisir son camp : empanner à nouveau pour tenter de contourner les calmes attendus par le nord ou tenter une option de route directe compte tenu de l’incertitude qui pèse sur la réalité des conditions que la flotte va rencontrer. Pour les bateaux de série, il faudra sûrement attendre encore un peu avant que ne s’entament les grandes manœuvres. Pour l’heure Ian Lipinski (Althing) continue de résister aux attaques de ses poursuivants emmenés par Justine Mettraux (TeamWork). Mais du premier au sixième Simon Koster (Go 4 It) les écarts sont si faibles que rien n’est encore joué.
Classement au 17 août à 16h (TU+2)
Prototypes :
1 Follow Me – Milan Kolacek, à 889 milles de l’arrivée
2 Prysmian – Giancarlo Pedote, à 3,3 milles
3 La Tortue de l’Aquarium La Rochelle – Aymeric Chappellier à 4,6 milles
4 Fondation Terrevent.org – Nicolas Boidevezi à 33,6 milles
5 Chasseur de primes – Etienne Bertrand, à 35 milles
Série :
1 Althing – Ian Lipinski à 917 milles
2 TeamWork – Justine Mettraux, à 0,6 milles
3 Groupe Accueil Négoce – Clément Bouyssou à 6,6 milles
4 Tout le Monde Chante contre le Cancer – Aymeric Belloir, à 6,7 milles
5 Elect-Râ – Jonas Gerckens, à 9,5 milles