On craignait la pluie, et finalement le ciel bleu a daigné faire un clin d’œil aux équipages en partance pour les Açores. Pour ce prologue, les concurrents ont été virés la bouée ouest du plateau des Barges avant de revenir tirer un long bord de portant devant la grande plage des Sables d’Olonne. A ce petit jeu, tout le monde a préféré jouer la prudence et l’on ne peut guère tirer d’enseignements significatifs de cette régate préliminaire. A un peu plus de vingt-quatre heures du départ, les tandems étaient plutôt focalisés sur les conditions à venir pour jeudi soir et les derniers routages avant la traversée. A priori, l’anticyclone des Açores semble enfin vouloir prendre ses aises et développe une dorsale sur le golfe de Gascogne en direction de la France. Au programme, par voie de conséquence, des régimes de vent de nord-ouest tournant nord-est et mollissant progressivement. Pour la flotte, ce sera donc une route quasiment directe, même s’il faudra négocier finement les empannages, car les Class40 ne sont pas des machines conçues pour naviguer au strict vent arrière, du fait de leur spi asymétrique fixé sur un bout-dehors à poste fixe. Il faut donc faire des bords de grand largue et choisir les bons timings pour être sur un bord ou l’autre. Au final, c’est 10 à 20% de route en plus pour un navigateur qui négocierait à l’envers les bascules du vent. La navigation devrait donc être relativement simple jusqu’aux abords de l’archipel des Açores, où le relief des îles, conjugué à des régimes de vents faibles, peut réserver quelques traquenards dans les derniers milles. Au final, les premiers devraient rallier Horta en un peu moins de sept jours.
En revanche, les concurrents vont devoir gérer une nouvelle disposition réglementaire puisque le dispositif de séparation du trafic (DST) du cap Finisterre a été classé comme zone interdite par les instructions de course. Le DST est une sorte d’autoroute de la mer que l’on retrouve dans les zones de fort trafic comme l’entrée de la Manche, le Pas de Calais ou la pointe nord-ouest de l’Espagne. Au sein du DST, les cargos se doivent de respecter les sens de circulation, mais sont considérés comme prioritaire sur tout autre navire qui pourrait entrer dans le dispositif en respectant quelques consignes très précises (interdiction de naviguer à contre-sens, traversée la plus perpendiculaire possible, etc.). Cette disposition prise par la direction de course vise surtout à lever toutes les ambiguïtés concernant des concurrents qui auraient pénétré le DST sans être parfaitement en phase avec les contraintes imposées. Pour l’heure, les routages de navigation semblent proposer une route bien au nord du cap Finisterre écartant les concurrents de la tentation. Mais les conditions peuvent évoluer et personne n’est à l’abri d’une option solitaire. Pour l’heure, c’est la dernière nuit à terre, les derniers repas chauds, tous ces petits riens que l’on apprécie tellement quand on revient de mer. Les marins sont impatients de partir au large mais ils le seront tout autant de toucher terre après une traversée… Tout le monde a ses petites contradictions.
Classement du prologue
- 1er GDF SUEZ Sébastien Rogues – Armel Tripon – Fabien Delahaye
- 2e Solidaire en Peloton Victorien Erussard – Thibault Vauchel-Camus
- 3e Mare Jörg Riechers – Sébastien Audigane