Il y a quelques jours, c'est donc l'instance de référence, le Conseil national de la protection de la nature qui, par la voix de sa commission des Parcs, a opposé son veto à l'entrée du Marais Poitevin dans le club des Parcs régionaux. Cet avis a été transmis à Jean-Louis Borloo pour la décision définitive. Mais plus personne ne se fait d'illusion dans l'équipe de Coulon : « Le ministère a fait un véritable lobbying auprès de la commission pour influencer sa décision. La mascarade gouvernementale continue dans ce dossier », commente Yann Hélary, le président vert du Parc.
De Lalonde à Borloo
Règlement de compte politique ? Beaucoup le pensent et pour plusieurs raisons. C'est Brice Lalonde (Génération Écologie), alors ministre de l'environnement qui avait retiré le label en 1991. C'est Jean-Louis Borloo (également issu de Génération écologie) qui est sur le point de lui refuser aujourd'hui. Le Président du Parc est un élu vert, les deux régions concernées par le territoire sont tenues par la gauche. Ajouter à cela que Philippe de Villiers et le Conseil général de Vendée ont toujours affiché leur hostilité à ce qu'ils considèrent comme une « sanctuarisation » du marais au préjudice des agriculteurs.
« Le devenir du Marais Poitevin est finalement l'otage de querelles très éloignées des problèmes à résoudre. Ce nouvel échec enterre sans doute définitivement l'idée d'en faire un Parc naturel régional. Un résultat qu'on ne peut que mettre en rapport avec les avis majoritairement favorables recueillis dans la population dans le cadre de l'enquête publique », note François-Marie Pellerin, président de la Coordination pour la défense du Marais Poitevin, association qui, depuis dix-sept ans, milite pour la défense des zones humides de ce territoire.
Les régions prennent la main
François-Marie Pellerin espère maintenant que l'État approuvera en fin d'année les trois schémas d'Aménagement et de gestion des eaux du Marais Poiterin qui pourraient dicter les règles de conduite pour les usagers de cette deuxième humide de France.
Accusé, selon les cas, d'être trop vert, trop céréalier, trop à gauche, trop à droite, le Parc se cristallise sur place. La charte signée par la majorité des communes du syndicat mixte est le fruit d'un travail de sept ans. Un travail pour rien ?
Pas vraiment puisque les deux conseils régionaux ont décidé d'anticiper le refus gouvernemental et d'accorder le label au Marais Poitevin en pérennisant l'appellation de Parc Interrégional et en accordant une ligne budgétaire de 20 M? pour les dix ans à venir.
Après tout, ce n'est pas parce que l'État tourne le dos à notre Venise Verte que ça empêchera les hérons de pêcher et les bateliers de manier la pigouille.