La lettre au Père Noël des jeunes agriculteurs

Cher Père-Noël,
Comme beaucoup d’enfants, nous t’avons souvent écrit lors de notre enfance pour que tu puisses réaliser nos rêves.
Puis un beau jour, la magie de Noël a opéré. Nous avons concrétisé nos rêves en devenant éleveurs. Un métier passionnant qui se veut également très noble car nous avons la lourde responsabilité de produire une alimentation saine et de qualité pour nos concitoyens ; le tout en quantité suffisante pour maintenir la paix dans notre pays.
Néanmoins, depuis quelques temps ce rêve s’est transformé en parcours semé d’embûches. La grippe aviaire s’est invitée sur notre territoire provoquant des dégâts physiques irréversibles à nos animaux mais également des dégâts psychologiques sur notre moral. C’est pourquoi, après une pause dans nos correspondances, nous revenons vers toi cher Père-Noël car au cœur de cette crise, nous ne savons plus à qui nous adresser et avons le triste sentiment d’être seuls à prendre conscience de l’urgence que nous traversons.
Alors, pour retrouver nos rêves et notre motivation, voici la liste des cadeaux que nous te demandons :
 Le versement urgent du solde des indemnisations de l’épizootie du printemps dernier pour pallier l’absence de
trésorerie de nos exploitations
 La solidarité des centres de gestion comptable pour faire l’effort de ne pas accentuer les charges de nos entreprises en prétextant une surcharge de travail pour piocher dans nos tirelires un bout de l’argent qui nous est dû
 La nomination d’une personne représentant l’Etat et le ministère (un « préfet de la grippe aviaire ») en capacité de
prendre des décisions rapidement et de coordonner les actions de terrain ; que cette personne soit également présente sur nos territoires pour assurer l’écoute de nos revendications
 L’ouverture immédiate des dispositifs indemnitaires de l’épizootie actuelle à la hauteur de nos pertes d’activités
 La revalorisation des Valeurs Marchandes Objectives en lien avec l’inflation et une simplification des démarches pour
les jeunes installés sans historique de production
 Un effort collectif de l’ensemble des maillons de la filière en anticipant les démarches sanitaires pour contenir au mieux le virus et arrêter de se raccrocher à une gestion de crise au jour le jour
 L’envie collective de rédiger un vrai plan d’avenir de notre filière prenant en compte la juste rémunération de notre
métier et une contractualisation longue permettant la visibilité nécessaire pour le renouvellement des générations ;
bref, l’application de la loi EGALIM2
 Une prise en compte immédiate de notre département comme territoire pilote de la vaccination de nos animaux contre la grippe aviaire pour permettre de protéger nos cheptels reproducteurs et de relancer nos cycles de production avant la prochaine vague migratoire
Jusqu’à aujourd’hui, nous Jeunes Agriculteurs, avons toujours eu le sentiment d’être sages en respectant systématiquement l’état de droit et en privilégiant le dialogue et la construction plutôt que la force et l’interaction inaudible d’idées irréalistes et irresponsables. Nous sommes des agriculteurs pragmatiques, soucieux quotidiennement de nos animaux et attachés à nos valeurs d’une agriculture durable et prospère pour nos territoires.
Alors cher Père-Noël, permets-nous de croire en des jours meilleurs où nous pourrons travailler sereinement. Mais notre patience a ses limites et c’est pourquoi nous lancerons dès le début de l’année 2023 une carte des exploitations où le désarroi a pris le dessus sur l’espérance car nous avons fait les efforts qu’il fallait lors de la première épizootie pour relancer rapidement la production française mais cette fois-ci, notre générosité est à bout de souffle