« Nous avons terminé cette transat sur une cession de surf absolument géniale qui nous a réconciliée avec la voile ! », sourient Jacques et Jean-Christophe à leur arrivée au Yucatan.
Quel est le sentiment qui a dominé votre course : la motivation ou la frustration ?
Jacques Fournier : « Nous sommes déçus de n'avoir pu jouer avec les autres. On était dans le coup jusqu'au Cap Finisterre, on était prêts, on avait un bateau très bien préparé et, en quelques secondes, tout s'est écroulé. Après, on s'est battu, on s'est toujours battus, tout le long. Mais la météo a fait que la course a systématiquement été relancée par devant, on était de plus en plus isolés. C'était juste frustrant d'être hors course... »
Jean-Christophe Caso : « On est contents, vraiment soulagés et heureux d'avoir terminé cette transat, mais forcément frustrés aussi. Pas tant pour le classement, mais parce que tout ce que l'on a tenté pour revenir dans le match, tous les milles que l'on a réussi à reprendre en donnant absolument tout à chaque fois, a systématiquement été sanctionné par un revers matériel ou météo. »
Vous avez fait preuve d'une admirable combativité d'un bout à l'autre de cette transat, quel est votre secret ?
Jacques Fournier : « On a toujours été en mode « compétition », quoiqu'il arrive. On a toujours été vigilants sur les réglages, sur la vitesse. Jamais nous n'avons baissé les bras. Nous faisions une course contre la montre. Le bateau était bien préparé, les safrans nickels, le spi neuf, nous n'avons rien à nous reprocher. Il n'y a pas d'amertume, on a tout donné...»
Jean-Christophe Caso : « Cela fait 29 jours que ça bouillonne dans ma tête, que je suis à fond. On est taquet depuis le départ. A chaque fois on s'est dit ça va aller, on va revenir... On a tout donné, tout. Lorsque tu t'arrêtes la première fois, tu prends un sacré coup au moral. Tu repars dernier, tu y crois, tu reviens, tu dépenses le double d'énergie pour revenir... et Bam ! Tu dois t'arrêter à nouveau. Là encore, tu prends sur toi, tu gères l'escale à nouveau, tu repars, tu donnes encore et toujours le triple d'énergie pour y croire et pour cravacher. Tu vois alors que, météorologiquement parlant, tu n'as pas d'ouverture pour revenir sur le peloton, donc tu revois tes objectifs. Et tu reprends des milles, tu grattes, tu grattes et Bim ! Le spi... C'est usant, frustrant, mais sans que ce soit négatif. »
Quelle est la suite du programme ?
Jacques Fournier : « Le magnifique accueil de nos partenaires et des mexicains va nous permettre d'oublier tout cela et de repartir toujours plus motivés. Nous avons la chance d'enchainer sur deux autres épreuves rapidement : l'Atlantic Cup en mai et la Québec Saint Malo en juillet, le programme continu ! »
Jean-Christophe Caso : « On a toujours la même énergie ! On l'a eu pendant 29 jours, il n'y a pas de raisons que cela s'arrête ! »
Et voilà ! Ils sont incroyables, ces « Picoty's boys » : ils viennent de passer un mois à se bagarrer, à lutter contre les éléments et la technique sans de réelles récompenses purement sportives, et les voilà déjà prêts à repartir, plein d'une énergie qui semble inépuisable !
Jacques et Jean-Christophe vont reprendre la mer d'ici quelques jours vers les États-Unis. Cap sur Charleston, en Caroline du Sud, d'où sera donné le 12 mai prochain le départ de l'Atlantic Cup, une épreuve en double puis en équipage qui va les mener jusqu'à Newport, via New York.
Et, le 22 juillet prochain, ils seront au départ de la magique « Québec Saint Malo », avec un équipage de choc !