« Dès les premiers jours, notamment dans le Golfe de Gascogne, les conditions ont été délicates, raconte le directeur de course, Sébastien Delasnerie. Avec des vents de plus de 30 noeuds et des vagues de 4 mètres, c’était particulièrement inconfortables ». La flotte n’a pas été épargnée et les pépins physique et technique ont été nombreux. L’Anglais Ertan Beskardes s’est assommé dans son cockpit, l’Indien Abhilash Tomy ne parvenait plus à se nourrir, l’Américain Elliot Smith a dû colmater de nombreuses fuites alors que le Canadien Edward Walentynowicz, lui, a abandonné pour des raisons personnelles. Guy de Boer, qui s’est entaillée la jambe les premiers jours, s’est quant à lui échoué sur un récif, des Canaries à Fuerteventura le week-end dernier, ce qui l’a également contraint à renoncer.
Une course à rebondissements
Les conditions se sont adoucies, enfin, lors de la descente des côtes ibériques (Galice et Portugal). L’occasion de pouvoir franchir avec un peu plus de sérénité la première « porte photo ». Située dans les Canaries, elle permet aux skippers de fournir les photos de leurs aventures. Ainsi, pour la première fois, il est possible d’en savoir un peu plus sur leur état d’esprit et leur état de fatigue après une quinzaine de jours en mer.
Le Britannique Simon Curven menait les débats, suivi de près par le Finlandais Tapio Lehtinen et avec une avance conséquente sur l’Irlandais Pat Lawless et l’Indien Abhilash Tomy. Le duo de tête est passé à la « porte photo » vendredi dernier, leurs compagnons d’infortune le lendemain.
Damien Guillou, la « remontada » a débuté
Damien Guillou, lui, a eu cette chance-là ce jeudi matin. L’occasion de souligner une nette progression, lui qui a dû rebrousser chemin, moins d’une semaine avant le départ, à cause d’un problème de régulateur d’allure. Reparti en course samedi 10 septembre, il a déjà repris deux à trois jours de retard par rapport au milieu de flotte , lui qui a bénéficié d’une météo plus clémente au Golfe de Gascogne pour revenir sur le peloton.
Damien a ainsi dépassé l’autre skipper français à la latitude de Lisbonne vendredi et l'Australien Mark Sinclair hier. Le marin de PRB pointe à la 12e place et les conditions lui sont favorables. « Il y a une dépression qui remonte du Cap Vert et va freiner tous les concurrents sauf les deux premiers. Damien lui, va glisser au portant pendant encore deux jours et refaire une partie de son retard », assure le directeur de course Sébastien Delasnerie.
Devant lui, la flotte a donc connu un sacré ralentissement. Simon Curven poursuit son cavalier seul en tête et devance un trio (Tapio Lehtinen, Pat Lawless et l’Indien Abhilash Tomy). Désormais, tous vont continuer leur progression vers le sud. Après le fameux passage de l’Équateur, ils rallieront le premier des trois caps mythiques, celui de Bonne Espérance. C’est là qu’ils passeront la 2e « porte photo », à Cape Town, afin de capter un peu plus les instantanées de leur incroyable aventure.