Les risques du "fracking"
Avec le procédé du "fracking", des accidents peuvent se produire, affectant l'environnement et la santé. C'est surtout la contamination des nappes phréatiques par des fuites de méthane qui est montrée du doigt. Des cas supposés ont déjà été répertoriés aux États-Unis.
Robert B. Jackson, de l'Université Duke aux Etats-Unis, a ainsi mis en évidence que les eaux utilisées incluent une concentration en sel supérieure à celle de l'eau de mer, ainsi que des substances chimiques toxiques pour l'environnement.
Paulina Jaramillo, chercheur du Département d'ingénierie et de politique publique à l'université Carnage Mellon, souligne que la technique de la fracturation hydraulique provoque l'émission de gaz à effet de serre, comme le CO2. Un avis partagé par le WWF, représenté par Mark Johnston, qui juge que la fracturation aggrave l'effet de serre.
Aux yeux de Didier Bonijoly, chercheur à l'institut Géosciences pour une terre durable, la méthode du "fracking" réclame également une consommation d'eau énorme et peut être à l'origine de tremblements de terre.
L'expérience polonaise
C'est en raison de l'abondance de ses réserves d'eau et de sa géographie non soumise au risque sismique que la Pologne a été retenue comme un pays de référence pour l'exploitation du gaz de schiste.
Tomasz Maj, le représentant de la société Talisman Energy Polska, a notamment expliqué que les fuites de gaz dans les nappes phréatiques peuvent être évitée lorsque le forage est pratiqué avec précaution, en respectant la géologie. M. Maj a attiré l'attention sur la transparence de l'exploitation ; l'information concernant la composition chimique de l'eau injectée pour l'extraction doit être mentionnée, a t-il ajouté. Lors des expériences menées en Pologne, l'eau usée était recyclée dans 85 % des cas.De son côté, John Broderick, chercheur au Tyndall Centre de l'Université de Manchester, préconise une surveillance constante pour éviter la pollution de l'eau et l'élaboration d'une méthodologie recensant les bonnes pratiques.
L'Union européenne évalue les risques
Les Etats-Unis ont plus de 40 ans d'expérience dans l'extraction du gaz de schiste. En Europe, son exploitation a été freinée durant plusieurs décennies avant de connaître un développement notable depuis 2009.
La majorité des concessions d'exploration ont été conclues en Pologne mais des activités ont commencé en Autriche, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suède et en Grande-Bretagne. Néanmoins l'opposition du public à ces projets va grandissante. En France par exemple, l'Assemblée nationale a prononcé un moratoire sur le forage du gaz de schiste et interdit la fracturation hydraulique.
En Allemagne, le Parlement de la Rhénanie du Nord-Westphalie a appelé à un moratoire jusqu'à ce que l'impact de tels procédés soit connu.