Rappel des faits et hypothèses de réparations
Tandis que Sébastien fait le dos rond dans la tempête et subit les conditions sous trois ris seul, plusieurs solutions de réparation sont imaginées et proposées par son équipe à terre afin qu'il puisse choisir celle qui lui paraît la plus réalisable. « Quand tu fais le Vendée Globe, tu sais que quotidiennement tu auras des interventions à faire sur le bateau. Mais il faut que cela s'arrête aux pansements… je suis infirmier pas chirurgien » détaille le solitaire.
Ainsi, après de nombreux échanges et quelques tentatives, ces options sont, d'une part, trop difficiles à mettre en œuvre en pleine mer par un homme seul et, d'autre part, s'apparentent plus à des réparations provisoires qu'à des solutions pérennes permettant de parcourir, en toute sécurité, les 15 000 milles restants pour terminer la course. Avec notamment la traversée de l'océan Pacifique, entre 40 et 50 degrés sud, ce qui représente l'une des zones les plus isolées de la planète. L'objectif partagé par le Gitana Team et Sébastien Josse n'est pas de boucler un tour du monde coûte que coûte, et prendre des risques supplémentaires dans une situation déjà dangereuse, mais bien de faire de la compétition. Et celle-ci est aujourd'hui compromise. Ni le marin, ni l'équipe ne veulent s'exposer une nouvelle fois au risque que le foil sorte de ses cales, ce qui pourrait entraîner une voie d'eau et une situation d'urgence à bord d'Edmond de Rothschild selon sa position géographique.
Naviguant par 41° Sud et 107° Est, le Mono60 Edmond de Rothschild fait actuellement route vers l'Australie. Les membres du Gitana Team travaillent à la meilleure option et détermineront dans la journée la destination de Sébastien Josse qui pourrait être Perth, au Sud-Ouest, ou Adelaïde, sur la côte Sud, selon les solutions de rapatriement dont disposent les deux ports australiens. Après trente-un jours de mer et une course toujours aux avant-postes, Sébastien Josse se retire donc de la compétition et nous livre un tout premier bilan : « C'était dur il ne faut pas se le cacher car les bateaux sont très exigeants et inconfortables. Pour aller vite, il faut ‘foiler' et pour ‘foiler' il faut être dessus en permanence ! Mais j'étais content d'être là. Je me suis donné du mal et je n'ai pas de regrets sur cette course dans ma manière de la mener, de naviguer » concluait le skipper d'Edmond de Rothschild.
« En quelques secondes, tout s'écroule »
Pour sa troisième participation à cette mythique épreuve qu'est le Vendée Globe, Sébastien Josse était l'un des grands favoris de la huitième édition. Après tout le travail accompli et l'énergie consacrée au projet du Mono60 Edmond de Rothschild depuis plus de trois ans, cet abandon représente une immense déception pour le marin, ses armateurs et toute son équipe: « Mon univers depuis un mois est de douter en permanence pour être performant ! Alors forcément la décision d'abandonner a été très difficile à prendre mais elle est mûrement réfléchie et assumée par tous. Gérer la déception, cela va durer des semaines, des mois… car ce n'est pas uniquement le fait d'arrêter la course, c'est tout ce qu'il y a derrière : la passion, l'énergie et l'engagement que nous mettons tous dans de tels projets. Sur le Vendée Globe, nous faisons du bateau en solitaire mais plus que jamais ce sont des projets collectifs. J'ai la chance de pouvoir m'appuyer sur une très belle équipe, solide et dédiée que je ne pourrais jamais assez remercier et d'avoir la confiance d'Ariane et Benjamin de Rothschild, ainsi que du Groupe Edmond de Rothschild, qui nous soutiennent et sont toujours à nos côtés dans les bons comme dans les moins bons moments comme aujourd'hui » confiait Sébastien Josse.
« Si la compétition est l'essence même des courses au large et le moteur pour la majorité des marins et leurs équipes, la priorité absolue demeure la sécurité des hommes et de leurs bateaux. Il existe forcément des risques à s'élancer sur un tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance mais ils sont acceptés dans une certaine maîtrise. C'est un coup très dur pour notre équipe, nous sommes tous très déçus mais nous irons rapidement de l'avant et le projet qui nous attend – celui du maxi-multicoque – est en cela une chance » déclarait Cyril Dardashti, le directeur du Gitana Team.