Océan Indien, acte premier, scène finale… Les acteurs ont joué leur rôle à la perfection : Jean-Pierre Dick endosse celui de la divine surprise qui démontre qu'il n'a plus grand-chose à envier aux monstres sacrés de la course au large. Michel Desjoyeaux (Foncia) s'est mis dans la peau du chasseur de prime dont on ne sait s'il faut admirer ou craindre le savoir-faire. Sébastien Josse (BT), Roland Jourdain (Veolia Environnement) ou Loïck Peyron (Gitana Eighty) nous jouent la partition des enfants terribles que rien ne sépare et qui ne cessent de se chamailler. Un peu plus en retrait, Yann Elies (Generali), Vincent Riou (PRB) ou bien encore Jean Le Cam (VM Matériaux) se verraient bien dans le rôle de la cavalerie dont on a craint qu'elle ne manque et qui, comme dans les bons westerns, arrive toujours à temps. Rattrapés par la dorsale qui étendait ses ramifications sur l'arrière de la flotte, les leaders marquent aussi un temps de pause. Pour affoler les compteurs, il faudra attendre des jours meilleurs.
Nettoyage et balisage
Pour autant, il serait étonnant que ce mardi soit décrété férié à bord des bateaux. Car c'est un des paradoxes de la course au large. Que le vent vienne à mollir et voilà que ressurgissent quelques tâches annexes : nettoyer le grand bazar qu'ont souvent laissé quelques jours à la limite du raisonnable, réparer les ineffables bobos, combler le déficit de sommeil et d'ores et déjà se projeter vers le deuxième acte. Dans les coulisses, on s'active pour essayer de se positionner au mieux dans l'attente de la nouvelle dépression qui les emportera : les modèles météos tournent à plein sur les ordinateurs, car chacun sait que ces quelques heures de répit sont peut-être celles qui vont permettre d'optimiser les routes à venir. D'autant que venant du fond de la scène, les poursuivants ont déjà repris leur route avec fifres et tambours. Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) et Marc Guillemot (Safran) étaient ainsi crédités de la meilleure progression de cette nuit quand Sam Davies(Roxy) empochait la meilleure moyenne sur la dernière heure de course.
A l'avant Jean-Pierre Dick se préparait à abandonner " Joséphine " dans l'Océan Indien. " Joséphine " est la première des balises Argos qui seront jetées à la mer dans le cadre du projet Argonautica qui permettra de recueillir des informations sur les courants circumpolaires. Cette opération menée par le CNES servira de support pédagogique à destination d'enfants d'une cinquantaine de classes dans toute la France. Arnaud Boissières (Akena Vérandas), puis Dominique Wavre (Temenos) devraient répéter l'opération, pour le premier au large des Kerguelen et pour le second, après le passage du Cap Horn. Entre la longue route de Bernard Moitessier et les coureurs d'océans du Vendée Globe 2008, les liens sont peut-être moins ténus qu'on ne l'imagine.
Classement à 5h00 :
1- Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) à 16411,5 milles de l'arrivée
2- Sébastien Josse (BT) à 37,9 milles du premier
3- Roland Jourdain (Veolia Environnement) à 40,5 milles du premier
4- Loïck Peyron (Gitana Eighty) à 66,3 milles du premier
5- Mike Golding (Ecover) à 99,5 milles du premier
Sélection internationale :
12- Dominique Wavre (Temenos II) à 373,6 milles du premier
13- Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) à 605,8 milles du premier
14- Sam Davies (Roxy) à 651,5 milles du premier