Un peu plus de quatre heures et demi après le vainqueur, Gérald Bibot et Didier Le Vourc’h ont coupé la ligne d’arrivée en deuxième position. L’attelage du skipper–propriétaire belge et de l’habitué du circuit mini a trouvé la bonne carburation pour s’emparer du fauteuil provisoire de dauphin devant Denis Lazat et Rémi Aubrun. On n’attendait pas à pareil fête l’équipage de PLAN les enfants changeront le monde, compte tenu que Denis Lazat, pressé par ses obligations professionnelles, avait mis son bateau à l’eau tardivement et qu’il ne comptait pas d’expérience sur ce type de support. Mais le choix d’embarquer Rémi Aubrun comme coéquipier a permis au duo de trouver rapidement la bonne carburation dans une course où la vitesse était prépondérante. Si les coups tactiques ont été limités, ils ont tous été décisifs et à ce petit jeu, le tandem Lazat – Aubrun ne compte pas beaucoup de fautes de goût. Au point que Frédéric Noël qui remplace Rémi Aubrun sur l’étape de retour reconnaissait que le résultat de l’aller lui mettait forcément une grosse pression. Ce n’est jamais facile, quand on est sur le banc de touche, de remplacer au pied levé un des titulaires de l’équipe première… Derrière ce trio, Wilfrid Clerton - Loïc Lehelley (CG Mer) puis Nicholas Brennan et Oliver Bond (Palanad II,) finissaient à quelques minutes du podium. La lutte pour les deuxième et troisième places est, plus que jamais, grande ouverte.
Eloge de la diversité
Avec l’arrivée au ponton, les langues se délient plus facilement et nombre d’équipages avoue avoir
rencontré des petites misères matérielles durant cette première étape : voiles déchirées, problèmes
d’étanchéité, avaries structurelles mineures, tous auront bien besoin des deux journées de lundi et mardi pour remettre en état, consolider, améliorer les bateaux avant le départ mercredi prochain vers les Sables d’Olonne. Comme le veut l’usage, les Açoriens se démènent, inventent, donnent de leur temps pour trouver les solutions les plus adaptées à la résolution des problèmes rencontrés. Sur cette île, au carrefour des routes maritimes, la tradition d’hospitalité et de solidarité des gens de mer n’est pas un vain mot : des gestes quotidiens, simples, des attentions pudiques et délicates font parfois plus pour qu’on garde le souvenir d’une escale que des accueils grandiloquents. Il y a donc fort à parier que l’ensemble de la flotte sera fin prête pour affronter l’étape du retour.
Pour l’heure, les navigateurs ne peuvent se défaire de cette terrible manie de vouloir refaire la course
autour d’un verre. Et de comparer les performances des uns et des autres. Le podium de la course
consacre ainsi trois architectes différents Guillaume Verdier, Marc Lombard et le Groupe Finot ; il valorise trois chantiers aux histoires différentes depuis la structure historique d’un chantier bigouden à
l’entreprise artisanale lorientaise en passant par un modèle économique original de commercialisation de bateaux construit en Tunisie. Sur les cinq premiers équipages, on compte cinq nationalités différentes, sans parler des profils des navigateurs depuis les habitués du circuit Mini, en passant par les techniciens de haut vol (voiliers, préparateurs) aux côtés d’amateurs éclairés, issus pour certains du monde de la régate voire pour d’autres du désir de navigations hauturières et pimentées. On dit que l’ennui nait de l’uniformité : dans ce domaine, la Class 40 a encore de beaux jours devant elle.
Ils ont dit
Jean Saucet (Entreprendre en coopérative)
« Je viens signaler l’avis de décès de notre petit spi. Nous l’avions déjà fortement secoué lors du parcours côtier de départ quand il était passé sous la quille. Malgré quelques huit heure de travaux de couture, il n’a pas résisté à un nouveau départ en vrac… ON a réussi un joli petit coup sur la fin, mais c’est une classique : quand tu es derrière et que tu vois les autres empêtolés devant, tu cherches une autre trajectoire et des fois, tu as la chance que ça passe. Sinon, le Class 40 est un super bateau et naviguer avec Benoît est un vrai bonheur.»
Karine Fauconnier (Telecom Italia)
« On a vraiment partagé toutes les tâches à bord. J’ai même eu le droit de faire des pâtes, d’ailleurs elles étaient très bonnes. Concernant les options de navigation, on a beaucoup discuté, mais au final on était toujours d’accord… Je crois qu’on a plutôt bien navigué, mis à part peut-être la négociation de la dernière bascule lors du passage du front que l’on a beaucoup attendu. Dans cette opération, on concède quelques milles à nos adversaires. On est en position favorable, mais rien n’est encore gagné, il reste encore une étape retour. »
Classement au 12 juillet à 14h (TU+2)
1 – ITA 55 Telecom Italia (Giovanni Soldini – Karine Fauconnier) – 6j 11h 55min 06s
2 – BEL 81 Zed 4 (Gérald Bibot – Didier Le Vourc’h) – 6j 16h 28min 20s
3 – FRA 68 PLAN Les enfants changeront le monde (Denis Lazat – Rémi Aubrun) 6j 19h 27min 26s
4 - FRA 64 CG Mer (Wilfrid Clerton – Loïc Lehelley) 6j 19h 30min 55s
5 – GBR 43 Palanad II (Nicholas Brennan- Oliver Bond) 6j 19h 53min 58s
6 - ESP 65 Tales (Gonzalo Botin – Alvaro Lopez-Doriga) 6j 22h 42min 06s
7 – ITA 69 Courrier de l’Odet (David Consorte – Arnaud Aubry) 7j 00h 07min 08s
8 - FRA 17 Entreprendre en coopérative (Benoît Parnaudeau – Jean Saucet) 7j 00h 33min 56s
9 - GER 53 Tzu-Hang (Strauss – Burger) 7j 00h 36min 48s
10 – FRA 60 Groupe Partouche (Coatnoan – Figué) 7j 00h 43min 14s