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Tribune : Mais où est donc passée l'Ecologie politique ?



Par Nicolas HELARY, président de l'association Vendée Ecologie.

Tribune : Mais où est donc passée l'Ecologie politique ?
Projet de société, l’écologie politique transpose dans les politiques des États et des collectivités
la protection de l’Humanité par celle de son environnement et de ses ressources. Elle anticipe
et répond globalement aux enjeux planétaires du siècle : réchauffement climatique qui s’accélère, mutation énergétique, raréfaction de l’eau, problèmes de santé liés aux modes de vie, paupérisation…

Cette anticipation de l’avenir de la planète doit se réaliser dans le cadre d’une économie mondiale cadrée par les États et tournée vers les peuples. Le libéralisme économique vise des profits à court terme générateurs de casse sociale et environnementale. L’écologie politique porte au contraire une vision de long terme dans laquelle le "produire et consommer local" est créateur de richesses et d’emplois nouveaux.

Cependant, si les enjeux du siècle demeurent, l’écologie politique, elle, a quasiment disparu des écrans radars de l’élection présidentielle. Que s’est-il passé et que faire désormais ?


La disparition de l’écologie politique des débats présidentiels trouve plusieurs sources :

1°) La situation économique et sociale dégradée place les questions d’emploi et de pouvoir d’achat au rang des premières préoccupations des citoyens.
Les décideurs politiques sont donc enclins à répondre à ces deux questions comme si elles étaient indépendantes des enjeux plus globaux.

2°) Même si le Parti Socialiste a évolué ces dernières années contrairement à l’UMP, ces deux partis politiques principaux n’ont pas fondamentalement intégré dans leurs réflexions le danger réel que représente la crise écologique planétaire.
Les crises économiques et financières les motivent à rétablir la croissance quel qu’en soit le prix environnemental et social, quitte à opposer l’économie et l’écologie, quand cette dernière permettrait d'allier création d’emplois et protection de l’environnement et des ressources.

3°) Le parti qui historiquement portait l'écologie politique ne cesse de se déliter et se montre incapable de convaincre.
Refus des débats internes, positions incohérentes, verrouillage du parti par les apparatchiks Verts historiques, démissions et exclusions en rafale, attaques personnelles et pressions sur les minoritaires, difficultés financières et opacité des comptes pointée par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques…
Structure politique porteuse d’espoir en 2009, EELV ne cesse depuis lors de se déliter et s'est auto-condamnée à la paralysie.
Ce qui n'empêche pas les responsables d’EELV, conjuguant sectarisme et condescendance, de s'ériger en seuls défenseurs de l’environnement et détenteurs de la vérité écologiste, pour tenter vainement de contrer l’ascension du candidat Jean-Luc Mélenchon.

4°) L’erreur de casting de la candidate écologiste aux élections présidentielles est manifeste.
Outre que son parti ne l’aide pas, Eva Joly n’est pas à la hauteur des débats d’une campagne présidentielle et peine à incarner l’écologie politique. Ses prises de position aléatoires et sa connaissance parcellaire des dossiers de l’écologie ne lui permettent pas d’imposer une réelle vision politique pour la France.

5°) L’accord conclu entre EELV et le PS en novembre dernier plombe l’écologie politique.
Cet accord a été passé pour assurer quelques postes de députés aux principaux responsables d’EELV en reniant les déclarations faites jusqu'à la veille de la signature : « pas d’accord avec le PS sans sortie du nucléaire et arrêt de la construction de l’aéroport de Notre Dame des Landes » (sic).
Ainsi, avant même l'élection, il fige la part maximum de l’écologie dans la politique gouvernementale des 5 ans à venir en cas de victoire de la gauche, rendant inutile le vote en faveur d’Eva Joly.
Par ailleurs, les signataires EELV de l’accord avec le PS avaient assuré qu'il ne vaudrait "que pour les législatives, pas pour un gouvernement." Or, les médias se font l’écho de discussions engagées pour la participation de membres d’EELV au sein d'un futur gouvernement François Hollande…

6°) L’accord liant Jean-Luc Mélenchon avec le Parti Communiste, véritable moteur du Front de Gauche sur les territoires, affaiblit considérablement ses positions écologiques personnelles, lesquelles n’ont pourtant rien à envier à celles que portaient historiquement les Verts.
Et en raison des écarts idéologiques et stratégiques entre ses composantes plus ou moins radicales et plus ou moins disposées aux accords électoraux avec le PS, le Front de Gauche risque fort d'imploser à la suite des campagnes présidentielles et législatives...

Alors, que faire désormais ?


Défendre l’écologie politique dans le cadre d'un nouveau mouvement

La défense de l’écologie ne pourra se faire dans le cadre verrouillé, explosif et explosé d’EELV.
En reprenant le concept de la « coopérative » initialement imaginé par Daniel Cohn Bendit, mais détourné de sa philosophie par les responsables d’EELV, il y a urgence à refonder une structure plus efficace, plus ouverte sur la société, un rassemblement plus libre mais assis sur un socle idéologique et stratégique commun.

Outre les valeurs républicaines telles l’Égalité, la Laïcité et la Solidarité, cette structure doit assumer dans sa construction trois éléments fondamentaux :

- Les politiques écologiques ne peuvent se décliner que si l’État et les collectivités sont en capacité d'influencer et cadrer l’économie. Cela revient à refuser le libéralisme, à contrôler la finance et à lutter contre le dumping social et environnemental au niveau international et européen.

- Si l’écologie politique ne trouve son origine ni dans la lutte des classes de la gauche originelle, ni dans le libéralisme économique de la droite, ses logiques d’alliances doivent être clairement du côté des forces qui historiquement ont permis l’avancée de ses thèses : le Parti Socialiste et la gauche.

- Le nouveau mouvement doit assumer sa volonté d’être présent dans les exécutifs, y compris
dans des conditions de minorité au sein de majorités plurielles si les accords programmatiques sont satisfaisants.

Aujourd'hui, sans pression politique ou rapport de force, les idées se dissipent. Quand Jean-Luc Mélenchon grimpe dans les sondages, les deux candidats principaux « gauchisent » leurs discours et propositions. Par contre, rien ne les pousse à les "verdir", tant EELV et Eva Joly sont défaillants...

Il devient plus qu’urgent de retrouver une dynamique pour l’écologie politique et de la porter dignement, car le projet écologiste est une réponse globale aux crises écologiques, sociales et économiques.

La décennie qui s’annonce est déterminante, notamment du point de vue climatique. Il ne tient qu’à nous de faire les bons choix politiques pour que les générations futures puissent dignement vivre et subvenir à leurs besoins.

Tribune à retrouver sur le site de l'association : www.vendee-ecologie.org


Vendredi 30 Mars 2012
Nicolas HELARY
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