Une préparation express et fructueuse
Conscient de ses forces et motivé comme jamais, Sébastien Simon avait à cœur de renouer le fil de son histoire avec le Vendée Globe. Il y a quatre ans, son aventure s’était avortée au cap de Bonne-Espérance alors qu’il occupait la 4e place. Ensuite, il a fallu tout reconstruire, conserver son état de forme, continuer à naviguer. Sportif accompli, toujours désireux de se fixer des challenges, il se lance un défi loin de la mer – l’Half Ironman des Sables – puis dispute The Ocean Race avec Benjamin Dutreux. De retour de cette expérience, Paul-Henri Dubreuil lui propose une mission : représenter le groupe Dubreuil, qui fête ses 100 ans en 2024 en disputant le Vendée Globe.
En l’espace de deux ans, il constitue une équipe, prend en main un bateau qui a déjà fait ses preuves (l’ex-11th Hour, vainqueur de The Ocean Race) et dispute quatre transatlantiques. Pendant ses courses, Sébastien Simon montre une abnégation rare, et va au bout d’une transatlantique malgré une vertèbre fracturée et un démâtage (Retour à La Base). Il signe aussi deux places d’honneur – 10e de The Transat CIC, 4e de la New York Vendée – Les Sables d’Olonne – et rappelle par la même occasion qu’il est un fin régatier, lui qui fait partie du club très fermé des vainqueurs de la Solitaire du Figaro (2018).
Dans le bon tempo dès le départ
Ce Vendée Globe, Sébastien l’aborde avec humilité, désireux plus que tout d’aller au bout et de ne jamais s’empêcher de rêver. Malgré la rapidité de sa préparation, le marin a tenté de tout optimiser, de ne négliger aucun détail, d’avoir toutes les clés en main pour être performant. Passionné de l’histoire du Vendée Globe, il sait que c’est d’abord une course contre soi-même, qu’il faut se convaincre qu’on est capable de le boucler et de faire un peu mieux encore, qu’on a les capacités pour résister à tous les aléas du large.
Mais dès les premiers jours de course, le skipper Groupe Dubreuil a démontré qu’il pouvait faire un peu plus qu’aller au bout et signer un ‘top 10’ ce qui était son objectif. Ainsi, le lendemain du départ, Sébastien occupe la première place du classement. Un peu plus tard (le 27 novembre), il signe le record de distance parcourue en 24 heures (615,33 milles soit 1139,6 km), soit 35,47 milles de plus que le précédent record décroché par Yoann Richomme.
Opposition de haute volée dans les mers du Sud
Audacieux par son positionnement dans l’Atlantique, il parvient à prendre le bon wagon qui est propulsé des côtes brésiliennes au cap de Bonne-Espérance. Dans l’océan Indien, il y a une terrible dépression, des creux qui avoisinent les 10 mètres et des rafales qui tutoient les 60 nœuds. La plupart des skippers décident de faire du Nord pour éviter le plus fort de la tempête. Seuls deux marins filent plein Est : le futur vainqueur, Charlie Dalin et Sébastien Simon. Un courage et un sang-froid qui leur permettent rapidement de creuser l’écart.
Mais c’est là que Seb’ doit faire face à un sacré coup du sort : la casse de son foil tribord (le 7 décembre). « Sur bâbord amure, je vais perdre aux alentours de 30% de vitesse », confie-t-il alors. Pourtant, le marin s’accroche encore et tient la cadence en tête de course qu’il occupe avec Charlie Dalin et Yoann Richomme. Sébastien s’offre même le luxe de prendre la tête de la course le 17 décembre pendant 16 heures. Le Pacifique est avalé à vive allure (en 11 jours et 20 heures).
Malgré l’effervescence de la course et la réussite du Vendéen, la solitude est pesante. Les fêtes de fin d’année sont d’ailleurs difficiles à vivre loin des siens. Mais le jour de Noël, Sébastien s’emploie pour franchir le cap Horn malgré des conditions particulièrement musclées. Comme toujours, il résiste, tient bon, trouve les bons réglages et prend le temps de savourer aussi : « jamais je n’aurais imaginé franchir le cap Horn en étant 3e du Vendée Globe ! »
« Il a su tirer le meilleur » (Charlie Dalin)
La course n’est jamais un long fleuve tranquille, surtout au fil d’un Atlantique Sud particulièrement périlleux. Il y a les pépins techniques à régler en permanence, les effets de l’usure sur le bateau et de la fatigue sur l’organisme. Mais la place sur le podium que Sébastien Simon conforte progressivement fait office de source de motivation au quotidien. Le 1er janvier, il doit monter au mât pour réparer ses aériens et son antenne VHF – « moi qui ai un peu le vertige, je n’aime pas du tout ça ». Un autre, c’est un souci de démarreur de moteur qui concentre ses doutes avant de vite le résoudre. ‘Seb’ en sourit : « c’est l’esprit du Vendée Globe qui m’a accordé une journée de plus ». Un « esprit » qui l’a accompagné jusqu’à l’arrivée, cette nuit.
À son arrivée, le vainqueur Charlie Dalin s’est montré très élogieux avec Sébastien Simon. « Il a su tirer le meilleur d’un bateau qui a été conçu pour l’équipage, c’est impressionnant », a confié le Normand en conférence de presse. Surtout, ‘Seb’ s’invite dans la cour des grands et s’impose comme la grande surprise de cette édition.
En bouclant son tour du monde en 67 jours, 12 heures et 25 minutes, il réalise la troisième meilleure performance de l’histoire du Vendée Globe. Désormais, Sébastien va pouvoir prendre le temps de réaliser la grandeur de son exploit. Il va pouvoir relâcher la pression et apprécier chaque moment. Des milliers de Vendéens sont attendus tout au long du chenal et au village de la course pour l’accueillir. Ce n’est pas seulement le retour de l’enfant du pays, c’est celui de l’enfant du Vendée Globe. Et ce sera à coup sûr un des grands moments d’émotion de cette 10e édition.
Paul-Henri Dubreuil, PDG du groupe Dubreuil : « Le groupe Dubreuil est très fier d’avoir accompagné Sébastien Simon dans cette aventure incroyable du Vendée Globe. Avec cette troisième place malgré un foil perdu depuis plus de 5 semaines, Seb’ a fait preuve d’un courage et d’une résilience hors du commun. Les 6700 collaborateurs du groupe sont très fiers de cette performance ! Merci Seb. »