Roxy coupé la ligne d'arrivée dans la nuit après 27 470 milles parcourus sur l'eau à la moyenne de 12,02 nœuds ! Samantha Davies termine ainsi son premier tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, mais finit surtout première Britannique d'une armada de sept partants le 9 novembre dernier. Elle serait aussi la deuxième femme à monter sur le podium (sous réserve de l'arrivée de Marc Guillemot avant lundi matin) et la troisième Anglaise après Ellen Mac Arthur en 2000-2001 et Mike Golding en 2004-2005. Un résultat exceptionnel pour cette jeune femme de 34 ans qui a préparé avec toute son équipe, un bateau mythique déjà vainqueur des deux dernières éditions, mais qui commençait à accuser le poids de ses neuf années. La clé du succès est sûrement à chercher dans la confiance, l'énergie, l'éternel bonheur d'être en mer et le talent de Samantha Davies qui a été l'une des rares solitaires de ce Vendée Globe à franchir la barre symbolique des 400 milles quotidiens (414 milles en 24 heures)…
Quand prudence rime avec entrain
Dès le coup de canon, la jeune anglaise tient le rythme et jusqu'à l'équateur, oscille au classement entre la dixième et la quinzième place : après le Pot au Noir et au passage vers l'hémisphère Sud, Samantha Davies pointe à la quatorzième place, à 235 milles du premier, Loïck Peyron. La descente dans les alizés de sud-est est plus difficile pour le monocoque qui ne possède pas la même puissance que les bateaux de la dernière génération mais la Britannique a de la ressource malgré un passage de l'anticyclone de Sainte-Hélène qui ne lui est pas du tout favorable : elle perd en quatre jours plus de 300 milles… plantée dans les petits airs quand les premiers déboulent déjà dans les Quarantièmes et que ses poursuivants peuvent couper le fromage avec de la brise ! Mais qu'à cela ne tienne : Roxy glisse ensuite sur la longue houle du Grand Sud et franchit la longitude du cap de Bonne Espérance toujours à la quatorzième place avec 560 milles de décalage par rapport à Jean-Pierre Dick, alors en tête.
Mais au delà des performances, c'est son plaisir de participer à cette aventure et sa capacité à le transmettre qui marque le public et les coureurs : rien ne semble entacher son bonheur d'être en mer, de naviguer en course face à un plateau de coureurs exceptionnels. Là encore, la préparation du monocoque rose est son atout maître car la solitaire ne subit pas d'avarie majeure. Elle rencontre un iceberg avant même d'atteindre l'archipel des Kerguelen ! Une zone qui va commencer à faire un grand ménage dans la flotte… Au point qu'au passage du cap Leeuwin, Samantha Davies est dixième à 1035 milles de Michel Desjoyeaux. Quand Yann Eliès est en difficulté au large de l'Australie, la navigatrice met immédiatement entre parenthèse la course pour cravacher vers le Briochin afin de lui porter assistance aux côtés de Marc Guillemot. Elle arrivera quelques heures seulement après le navire militaire qui embarque Yann Eliès et reprend la course avec le Trinitain dans des conditions météorologiques peu favorables : petit temps, grosse houle.
b[Seule au monde]b
Une nouvelle fois, la navigatrice se retrouve sans compagnon de route car Marc Guillemot a mouillé aux Malouines pour réparer une nouvelle fois son rail de grand voile. Sa remontée de l'Atlantique Sud va être un véritable calvaire : alors qu'elle parvient à la latitude de l'Uruguay, une zone orageuse l'englue dans des calmes dont elle ne se sort que très difficilement, permettant à Marco de la contourner par l'Ouest, le long des côtes brésiliennes. Pour la première fois perce une pointe de lassitude. Entre la demoiselle de Port-la-Forêt, son port s'attache en France et le petit temps, il existe comme un contentieux. Le duel entre les deux concurrents est à son apogée, chacun prenant à son tour l'avantage sur l'autre, parfois pour quelques heures. Mais la jeune anglaise réussit à conserver le leadership au passage de l'équateur, toujours quatrième au classement. Elle choisit une route un peu risquée pour aborder l'anticyclone des Açores et les calmes sont de nouveau au rendez-vous quand Marc Guillemot les contourne par l'Ouest : le chassé-croisé continue… Jusqu'à ce que Safran perde sa quille. La troisième place est désormais à portée d'étrave !
Les temps de Samantha Davies :
Passage à l'équateur : 13j 01h 51'
Passage à Bonne Espérance : 28j 05h 28'
Passage au cap Leeuwin : 40j 00h 48'
Passage de l'antiméridien : 48j 11h 43'
Passage du cap Horn : 62j 21h 18'
Passage à l'équateur : 81j 02h 28'
Arrivée aux Sables d'Olonne : 95 jours 4 heures 39 minutes 01 seconde bonification incluse
Le classement complet