Peser le pour et le contre…
Depuis son avarie de quille jeudi dernier, il s'était fixé d'atteindre les Açores pour évaluer le comportement de Veolia Environnement dans sa nouvelle configuration. Après avoir revu tous les paramètres avec les architectes et son équipe technique pour étudier la stabilité du bateau selon les différents angles de gîte, les ballasts chargés de 8 à 10 tonnes d'eau, il s'était encore donné 24h hier pour décider de la suite de la course. Partagé entre la théorie et la pratique, Bilou a donc tranché. Certes l'idée était tentante dans certaines conditions de s'élancer sur les 1000 derniers milles, mais pas à n'importe quel prix, sa priorité ayant toujours été de ne prendre de risque ni pour lui-même, ni pour son bateau. Les conditions annoncées sur la suite du parcours ne s'avérant pas favorables, Bilou a donc préféré renoncer. Quoi qu'il en soit, il pourra tout de même se satisfaire d'avoir parcouru 600 milles sans quille dans une mer formée générant parfois jusqu'à 7 mètres de houle pour rallier le port le plus proche.
Bilou, joint par téléphone ce matin : « Une fois que la décision est prise, elle est entérinée. J'aurais sans doute eu plus de mal à trancher si les prévisions m'avaient indiqué un petit flux léger mais pour le coup, c'est tout le contraire. Pour le 3 février, les fichiers annoncent clairement 50 nœuds de vent avec 10 mètres de houle. J'ai déjà eu de la chance en avançant comme ça sans chavirer, notamment avec la baston que j'ai eu hier, je ne vais donc pas abuser de mon capital chance. J'ai assez joué, ça ne sert à rien et cela ne serait vraiment pas raisonnable. La pilule est dure à avaler mais elle serait encore plus amère si 24h après avoir dépassé un port pour m'arrêter, je chavire et je dois y laisser le bateau. »
Aux avant-postes de la course…
Classé second depuis le 16 décembre, il a pris ce même jour Michel Desjoyeaux en chasse dès que ce dernier s'est installé aux commandes de la course. Dès lors, les deux hommes de tête ont imposé leur rythme et créé les écarts sur le reste de la flotte. Une grande satisfaction pour celui qui avait pris le parti de repartir avec son plan Lombard de 2004, revu et corrigé en 2007 par Juan Kouyoumdjian. Au passage du Cap Horn le 5 janvier dernier, 8h50 seulement le sépare du leader soit 112 milles. La remontée de l'Atlantique, souvent jugée éprouvante, n'épargnera pas Bilou. 3 jours plus tard, le 8 janvier, Veolia Environnement heurte une baleine. Sa cloison de pied de mât est fissurée mais Bilou ne renonce pas. Après 48h de travail acharné dans la poussière de carbone, il consolide l'ensemble des fissures et repart crescendo à la poursuite du Desjoyeaux. " Je ne sais pas quel trousseau de clé Mich a piqué mais il ouvre toutes les portes météos et les referme poliment derrière lui… " De fait, dans le Pot-au-Noir, Bilou passera 48h à se démener dans les petits airs sans savoir que l'anticyclone des Açores lui réserverait le même sort. Son avarie de quille survenue le 29 janvier dernier le contraint aujourd'hui à renoncer mais Bilou aura été sans conteste l'un des plus grands acteurs de ce Vendée Globe.