Chère prudence
Voilà pour les scénarii très lisses qui chaque jour animent les réunions de l’organisation à terre, désormais installée aux Sables d’Olonne. Pourtant, le skipper de MACIF n’est pas invulnérable. A l’approche des Açores puis sur la route du cap Finisterre, le trafic maritime va devenir plus dense. Aux cargos, viendront se mêler les bateaux de pêche. Les parages sont aussi fréquentés par les mammifères marins, ennemis jurés des appendices des grands monocoques. Les conditions météo, elles, vont se dégrader pour finir dans le golfe de Gascogne avec 30 à 35 nœuds de sud-ouest et 5 mètres de creux.
Dans ce contexte, Gabart n’a pas l’intention de jouer les têtes brûlées. « Je ne vais pas spécialement lever le pied, mais je serai très vigilant, et je vais naviguer prudemment » promettait-il au Live de la mi-journée. Une casse pourrait tout remettre en question.
Jean-Pierre Dick en sait quelque chose. Depuis lundi soir, Virbac-Paprec 3 navigue sans quille. Pour l’instant, sur la bordure de l’anticyclone, les éléments lui sont favorables pour continuer à progresser en toute sécurité. Mais une fois attrapé le train des dépressions dans le nord des Açores, ce sera une toute autre histoire : forts vents portants et grosses vagues. Aujourd’hui, les architectes de Virbac-Paprec 3 (Guillaume Verdier et le cabinet VPLP) planchent sur les meilleures options pour assurer la stabilité du bateau (configurations des ballasts, seuils de gîte à ne pas dépasser). Quoi qu’il arrive, et quelle que soit sa décision, « Jipé », encore à 1900 milles de l’arrivée, devra redoubler de prudence. Ce qui permettra tôt ou tard à Alex Thomson de s’emparer de la troisième place. Au classement de 16h, le skipper d’Hugo Boss n’était plus qu’à 130 milles du bateau bleu.
Laborieux Atlantique Sud
Huit bateaux naviguent encore dans l’hémisphère sud. Or, leur route vers l’équateur est tout sauf un chemin pavé de roses. C’est long, laborieux, poussif. En pointe, au large de la corne du Brésil, l’intensité de la bagarre entre Jean Le Cam (SynerCiel) et Mike Golding (Gamesa), bord à bord à 30 milles l’un de l’autre, est inversement proportionnelle à la force des alizés qui les poussent mollement vers la « ligne ». Ils devraient toutefois passer en Atlantique Nord dans moins de 48 heures et traverser dans la foulée un pot au noir peu actif.
Derrière, Dominique Wavre (Mirabaud), Javier Sanso (ACCIONA 100% EcoPowered) et Arnaud Boissières (AKENA Vérandas) sortent chacun à leur tour d’un marasme météo généré par un front orageux. La navigation est douce, bien que face au vent, sous le soleil et une mer plate. Mais leur ralentissement général de ces derniers jours a permis à Bertrand de Broc (VNAM avec EDM Projets), Tanguy De Lamotte (Initiatives-cœur) et plus loin à Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) de combler leur retard. Pour tous ceux-là, la ligne d’arrivée est encore un lointain fantasme.
François Gabart (FRA, MACIF)
(A propos de sa position) : Je suis content d’être là où je suis, le vent est en train de re-rentrer pour moi. Je pense que je suis du bon côté de l’anticyclone. Je fais route le plus rapidement possible vers la France. La mer est quasi plate, je suis au portant sous spi avec 15-17 nœuds. Il y a encore du soleil et les conditions météo sont parfaites. Je pense qu’il va y avoir de la mer dans les jours qui viennent. Bien sûr, il ne sera pas question de ralentir le rythme. (A propos de sa navigation dans la dernière ligne droite). C’est évident que je ne vais pas faire du grand spi dans 35 nœuds, je ne vais pas prendre des risques inconsidérés. On va tout faire pour faire des manœuvres propres comme je l’ai fait depuis le début. Je vais naviguer prudemment, ne pas forcer outre mesure et ne pas aller naviguer au-delà de ce que je sais faire. Mais si Armel avait été 10 milles devant moi, je n’aurais pas tenu ce discours et je pense que j’aurais été plus agressif.
(A propos de son jour et de son heure d’arrivée) Je pense arriver ce week-end aux Sables, à priori avant le front froid assez violent de dimanche. Je pense arriver samedi en fin de journée ou début de nuit. Samedi matin, ça me parait un peu compliqué si on regarde la situation météo mais si c’est possible, avec plaisir.