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http://www.lepoint.fr/…/philippe-de-villiers-taille-un-cost…
Le Point : Quel regard portez-vous sur l'action de Bruno Retailleau à la tête du département ?
Philippe de Villiers : A en croire ce que je lis ici et là, c'est lui qui a fait de la Vendée ce qu'elle est : ce serait lui qui aurait créé le Vendée Globe, les Vendéopôles et le Vendéspace. C'est à se demander ce que faisait son prédécesseur. Philippe de Villiers est-il donc un spectre ? N'a-t-il jamais existé ? Soyons sérieux ! J'ai présidé l'assemblée départementale pendant vingt-deux ans. J'ai porté la Vendée à l'avant dans tous les domaines. J'y ai fait venir le TGV, j'ai développé son réseau routier, soutenu son développement économique en y multipliant des zones d'activité inédites en France. J'y ai créé des universités. Dans le domaine culturel, j'ai multiplié les grandes manifestations... Tous les chantiers dont se targue mon successeur, c'est moi qui les ai lancés. Cet homme n'a pas de bilan.
Même dans le numérique ?
Là encore, les choses étaient sur les rails lorsqu'il est arrivé. Les Vendéens le savent. J'ai eu toutes les audaces pour ce département. Mon objectif était de rendre leur fierté aux habitants de ce merveilleux territoire. Lorsque je travaillais à la Datar, j'en entendais parler dans des termes scandaleux. On nous traitait de cul-terreux, de ruraux profonds. J'ai mis toute mon énergie pour changer ce regard. Pour ce faire, je me suis entouré d'une équipe. J'ai détecté des talents : je les ai formés. J'aime cette formule du maréchal de Lattre de Tassigny, dont mon père, officier lorrain, était très proche : "A quoi reconnaît-on un chef ? A ce qu'il ne craint pas de s'entourer d'hommes plus intelligents que lui." Je triais mes collaborateurs sur le volet. Ils étaient tous de très grande valeur...
Vous reconnaissez donc des qualités à Bruno Retailleau ?
Il n'avait pas son pareil pour dénouer un écheveau technique. Lorsque j'indiquais une direction, il mettait tout en oeuvre pour parvenir au résultat escompté. Mais c'est tout sauf un visionnaire.
Vous l'avez rencontré quand il n'avait que 17 ans. Qu'est-ce qui vous avait séduit chez lui ?
C'était le 2 août 1978. Il faisait partie des 2 000 membres actifs du Puy du Fou. J'ai été surpris de le voir arriver vers moi avec Véronique Besse pour me remercier d'avoir créé le parc. Je lui ai alors lancé un défi en lui promettant de l'aider à préparer Sciences po s'il décrochait son bac. Ce que j'ai fait. Je n'ai cessé ensuite de le promouvoir. C'était un vrai compagnonnage. Je lui ai donné tout ce que j'avais dans mon coeur.
Quelle était votre relation ?
C'était une relation à la fois paternelle et fraternelle. Il me rendait en fidélité tout ce que je lui apportais en énergie. Mais il s'est révélé être un homme déloyal au moment où j'ai été frappé d'un cancer. Il a alors décidé, selon son expression, de tracer sa route, de changer de mentor, de parti et de corpus doctrinal.
Vos divergences idéologiques ne sont-elles pas à l'origine de votre rupture ?
Je n'ai jamais changé de ligne politique, contrairement à ce qu'il veut faire croire pour justifier sa trahison. Il a été le premier à savoir que j'allais mal et, au lieu de me soutenir, il m'a fait le reproche de ne plus être dans ma fonction. Il a organisé à Paris puis en Vendée un réseau de déstabilisation contre moi.
Mais vous avez quand même mis votre veto à sa nomination au gouvernement en 2009...
Il a tenté de devenir ministre dans mon dos ! C'est Nicolas Sarkozy qui me l'a appris par téléphone et m'a demandé mon avis. Je lui ai répondu que c'était une manoeuvre de François Fillon pour m'empêcher de me présenter aux élections européennes. Il m'a alors dit qu'il ne donnerait pas suite. J'ai ensuite appelé Bruno Retailleau, qui m'a affirmé qu'il n'était pas au courant...
Pourquoi êtes-vous parti en 2010, avant le renouvellement du conseil général ?
Je ne voulais ni parricide ni fratricide. La profondeur de nos liens rendait tout conflit insupportable. Je ne suis pas parti parce que j'ai été chassé, mais par élégance face à une situation douloureuse. Et puis je voulais me reconcentrer sur le Puy du Fou.
D'aucuns estiment que vous n'acceptiez pas de voir votre poulain prendre son envol...
C'est moi qui l'ai imposé à chaque élection. Il savait qu'il me succéderait. Il aurait pu attendre ma guérison avant d'accélérer le pas. Mais il a considéré que je devenais une gêne, c'est classique. Depuis le Puy du Fou, il va de tremplin en tremplin. Ce qu'il veut, c'est devenir ministre. C'est une ambition saine, à condition de ne pas se trahir. Or ce qui me choque, ce n'est pas tellement qu'il se présente à la région, c'est qu'après avoir promis aux Vendéens de ne jamais les quitter il s'en va. En outre, alors qu'il s'était battu avec moi pour conserver la clause de compétence générale des départements, il a fait voter au Sénat son abolition. Il a aussi changé d'avis sur l'Europe. C'est un professionnel de la politique, mais ce n'est pas un homme d'envergure ; il a été un bon second. Je regrette qu'il n'ait pas servi la Vendée comme je l'ai fait. Il s'en est juste servi à des fins carriéristes.
Souffrez-vous encore de cette rupture ?
Non. La page est tournée pour moi. Le temps des visionnaires est révolu, voici venu le temps des mécaniciens. Je ne les prends pas au sérieux. La politique est devenue un cloaque, une piscine sanguinolente où des caïmans mangent des crocodiles. Je suis content d'être désormais loin de tout ça.
Le Point : Quel regard portez-vous sur l'action de Bruno Retailleau à la tête du département ?
Philippe de Villiers : A en croire ce que je lis ici et là, c'est lui qui a fait de la Vendée ce qu'elle est : ce serait lui qui aurait créé le Vendée Globe, les Vendéopôles et le Vendéspace. C'est à se demander ce que faisait son prédécesseur. Philippe de Villiers est-il donc un spectre ? N'a-t-il jamais existé ? Soyons sérieux ! J'ai présidé l'assemblée départementale pendant vingt-deux ans. J'ai porté la Vendée à l'avant dans tous les domaines. J'y ai fait venir le TGV, j'ai développé son réseau routier, soutenu son développement économique en y multipliant des zones d'activité inédites en France. J'y ai créé des universités. Dans le domaine culturel, j'ai multiplié les grandes manifestations... Tous les chantiers dont se targue mon successeur, c'est moi qui les ai lancés. Cet homme n'a pas de bilan.
Même dans le numérique ?
Là encore, les choses étaient sur les rails lorsqu'il est arrivé. Les Vendéens le savent. J'ai eu toutes les audaces pour ce département. Mon objectif était de rendre leur fierté aux habitants de ce merveilleux territoire. Lorsque je travaillais à la Datar, j'en entendais parler dans des termes scandaleux. On nous traitait de cul-terreux, de ruraux profonds. J'ai mis toute mon énergie pour changer ce regard. Pour ce faire, je me suis entouré d'une équipe. J'ai détecté des talents : je les ai formés. J'aime cette formule du maréchal de Lattre de Tassigny, dont mon père, officier lorrain, était très proche : "A quoi reconnaît-on un chef ? A ce qu'il ne craint pas de s'entourer d'hommes plus intelligents que lui." Je triais mes collaborateurs sur le volet. Ils étaient tous de très grande valeur...
Vous reconnaissez donc des qualités à Bruno Retailleau ?
Il n'avait pas son pareil pour dénouer un écheveau technique. Lorsque j'indiquais une direction, il mettait tout en oeuvre pour parvenir au résultat escompté. Mais c'est tout sauf un visionnaire.
Vous l'avez rencontré quand il n'avait que 17 ans. Qu'est-ce qui vous avait séduit chez lui ?
C'était le 2 août 1978. Il faisait partie des 2 000 membres actifs du Puy du Fou. J'ai été surpris de le voir arriver vers moi avec Véronique Besse pour me remercier d'avoir créé le parc. Je lui ai alors lancé un défi en lui promettant de l'aider à préparer Sciences po s'il décrochait son bac. Ce que j'ai fait. Je n'ai cessé ensuite de le promouvoir. C'était un vrai compagnonnage. Je lui ai donné tout ce que j'avais dans mon coeur.
Quelle était votre relation ?
C'était une relation à la fois paternelle et fraternelle. Il me rendait en fidélité tout ce que je lui apportais en énergie. Mais il s'est révélé être un homme déloyal au moment où j'ai été frappé d'un cancer. Il a alors décidé, selon son expression, de tracer sa route, de changer de mentor, de parti et de corpus doctrinal.
Vos divergences idéologiques ne sont-elles pas à l'origine de votre rupture ?
Je n'ai jamais changé de ligne politique, contrairement à ce qu'il veut faire croire pour justifier sa trahison. Il a été le premier à savoir que j'allais mal et, au lieu de me soutenir, il m'a fait le reproche de ne plus être dans ma fonction. Il a organisé à Paris puis en Vendée un réseau de déstabilisation contre moi.
Mais vous avez quand même mis votre veto à sa nomination au gouvernement en 2009...
Il a tenté de devenir ministre dans mon dos ! C'est Nicolas Sarkozy qui me l'a appris par téléphone et m'a demandé mon avis. Je lui ai répondu que c'était une manoeuvre de François Fillon pour m'empêcher de me présenter aux élections européennes. Il m'a alors dit qu'il ne donnerait pas suite. J'ai ensuite appelé Bruno Retailleau, qui m'a affirmé qu'il n'était pas au courant...
Pourquoi êtes-vous parti en 2010, avant le renouvellement du conseil général ?
Je ne voulais ni parricide ni fratricide. La profondeur de nos liens rendait tout conflit insupportable. Je ne suis pas parti parce que j'ai été chassé, mais par élégance face à une situation douloureuse. Et puis je voulais me reconcentrer sur le Puy du Fou.
D'aucuns estiment que vous n'acceptiez pas de voir votre poulain prendre son envol...
C'est moi qui l'ai imposé à chaque élection. Il savait qu'il me succéderait. Il aurait pu attendre ma guérison avant d'accélérer le pas. Mais il a considéré que je devenais une gêne, c'est classique. Depuis le Puy du Fou, il va de tremplin en tremplin. Ce qu'il veut, c'est devenir ministre. C'est une ambition saine, à condition de ne pas se trahir. Or ce qui me choque, ce n'est pas tellement qu'il se présente à la région, c'est qu'après avoir promis aux Vendéens de ne jamais les quitter il s'en va. En outre, alors qu'il s'était battu avec moi pour conserver la clause de compétence générale des départements, il a fait voter au Sénat son abolition. Il a aussi changé d'avis sur l'Europe. C'est un professionnel de la politique, mais ce n'est pas un homme d'envergure ; il a été un bon second. Je regrette qu'il n'ait pas servi la Vendée comme je l'ai fait. Il s'en est juste servi à des fins carriéristes.
Souffrez-vous encore de cette rupture ?
Non. La page est tournée pour moi. Le temps des visionnaires est révolu, voici venu le temps des mécaniciens. Je ne les prends pas au sérieux. La politique est devenue un cloaque, une piscine sanguinolente où des caïmans mangent des crocodiles. Je suis content d'être désormais loin de tout ça.