Un bilan de compétences
L'inspecteur réalisait jusqu'à présent un simple décompte d'erreurs. Par exemple, il sanctionnait un défaut de clignotant, une vitesse excessive ou un arrêt injustifié. Qui n'a pas tremblé, le matin de l'épreuve, à l'idée de caler en côte ? Désormais, l'examinateur devra davantage apprécier le comportement général du conducteur au travers d'une nouvelle grille d'évaluation. La réforme inquiète les professionnels qui y voient un risque de subjectivité et, donc, de disparités dans les notes attribuées. «Le cadre de travail est trop flou», selon Christian Grolier, responsable du Snica-FO. «L'État espère tenir ses objectifs : augmenter le taux de réussite du permis et le faire passer de 52 % à 65 %. Pas sûr qu'il y parvienne car la forme change, mais pas le fond», estime de son côté Christophe Nauwelaers, responsable de l'Unsa-éducation routière.
Un barème de trente points
Le candidat sera noté sur trente points. Il lui faudra en acquérir 20 pour réussir l'examen. La plupart des épreuves sont notées de 1 à 3. Les fautes éliminatoires restent. Il s'agit de respecter une directive européenne qui vise à écarter «les comportements dangereux mettant en cause la sécurité» de tous. Alcool, stupéfiants, tranquillisants à fortes doses sont des motifs d'élimination. «Sur 950 000 examens annuels, cela peut arriver. Ce sont des cas extrêmes», souligne Gilles Leblanc, haut fonctionnaire chargé du pilotage de la réforme.
Un itinéraire à respecter
C'est nouveau ! Le conducteur devra aller à un endroit que lui indiquera l'examinateur. Selon Gilles Leblanc, «l'examinateur doit apprendre à être moins dirigiste. Il peut aussi demander à un candidat de circuler sur un parking pour apprécier ses capacités d'autonomie». Une nouvelle épreuve critiquée. «Stressé, le candidat n'arrivera pas à se concentrer et à chercher les directions», estime-t-on à l'Unsa-éducation routière. Par ailleurs, dans les grandes villes, l'épreuve risque de tourner court en cas d'embouteillage.
Une conduite économique
C'est aussi une innovation. À la Direction interministérielle à la sécurité routière, on indique que le candidat doit réguler son allure et changer les vitesses le plus tôt possible. Cette épreuve constitue le point bonus du bilan. Si le candidat a 19 points, il peut sauver son permis grâce à elle.
Un dialogue nécessaire
Cette exigence apparaît sous l'intitulé «analyse des situations». L'examinateur devra demander au candidat d'expliquer ses erreurs. Pour Christophe Nauwelaers, c'est remettre en cause le principe des résultats différés. Ces derniers sont envoyés par la Poste pour éviter les agressions des examinateurs par des candidats mécontents.
Un examen généralisé à partir d'avril
En fin d'année, les inspecteurs vont être formés à cette méthode qui sera généralisée le 1er avril. «Cette formation va permettre à l'inspecteur d'être à l'aise et d'harmoniser les taux de réussite», estime Gilles Leblanc. Auparavant et durant la première quinzaine d'octobre, la grille d'évaluation va être testée à 600 reprises dans six départements. Des réunions de concertation suivront. Les syndicats, qui critiquent l'insuffisance du nombre de formateurs (huit) et parlent «d'une réforme à la va-vite», estiment que le projet est déjà bouclé.