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Nouvelle victoire de Michel Desjoyeaux !

Après plus de 28 300 milles au compteur, soit une moyenne sur l’eau de 14,02 nœuds, Michel Desjoyeaux explose tous les temps de référence du Vendée Globe ! Le solitaire a franchi la ligne d’arrivée en vainqueur pour la deuxième fois (après 2000-2001), ce dimanche 1er février à 16h 11’ 08’’ (heure française), soit après 84 jours 03 heures et 09 minutes 08 secondes de course. Foncia a terminé ce tour du monde face à une brise de vingt-cinq nœuds et sous un ciel ensoleillé, devant une foule compacte tant sur l’eau que le long des digues du chenal d’entrée des Sables d’Olonne.



Nouvelle victoire de Michel Desjoyeaux !
Tout commence pourtant très mal pour le marin de Port la Forêt : après un départ le 9 novembre à 13h02, sous un ciel gris et un vent de Sud-Ouest qui fraîchit, Foncia doit revenir aux Sables d’Olonne, à 200 milles de son tableau arrière ! Une fuite du ballast avant a noyé la cale moteur et cramé le circuit électrique… Après une escale express, Michel Desjoyeaux repart en course le 11 novembre avec 360 milles d’écart et quarante heures de décalage : les premiers (Peyron, Josse, Jourdain, Dick…) sont déjà dans les alizés portugais avec des vents portants modérés. L’écart augmente car le solitaire peine dans les petits airs au large de la péninsule ibérique : le 15 novembre, Michel Desjoyeaux cumule 670,3 milles de retard sur Loïck Peyron, leader du moment, le plus gros écart par rapport au premier de tout son Vendée Globe !

Un Atlantique express !
Le navigateur commence à remonter la flotte : après Norbert Sedlacek au large de Madère, Michel Desjoyeaux revient sur Raphaël Dinelli à la latitude des Canaries, puis dépasse Rich Wilson, Unai Basurko et Jonny Malbon avant le Cap Vert dans des alizés qui s’animent mais obligent à une route sans option. Le Pot au Noir ralentit la tête de flotte alors que Foncia passe l’équateur le 23 novembre à 4h43 en 15ème position, avec 383,5 milles de retard sur le premier. Après huit jours de près pour contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène, le monocoque peut enfin tourner à gauche à l’approche des Quarantièmes : Michel Desjoyeaux a été le plus extrême dans l’option Ouest, ce qui lui permet de raccrocher le wagon à la treizième place dès le 30 novembre !

Dans le Sud des hautes pressions atlantiques, le navigateur met du charbon au point de rentrer dans le top ten le 3 décembre à 193 milles de Sébastien Josse à l’abord de la première porte des glaces… Au passage de la longitude du cap de Bonne Espérance, il ne concède plus que 89,5 milles alors que les vents des mers du Sud commencent à prendre des tours ! La position très basse en latitude des icebergs venus de la mer de Weddell incite la Direction de Course à modifier le parcours : les portes des glaces vont presque toutes être remontées ce qui n’empêche pas Michel Dejoyeaux de croiser un glaçon le 11 décembre juste avant de laisser les Kerguelen à bâbord...

Leader dès l’Australie
Les mers de l’océan Indien sont violentes et les avaries succèdent aux abandons : Loïck Peyron, Bernard Stamm, Dominique Wavre, Yann Eliès, Jean-Pierre Dick, Mike Golding… et le skipper de Foncia réalise le meilleur score de tout ce sixième Vendée Globe : 466,6 milles en 24 heures le 16 décembre, le jour même où il franchit la longitude du cap Leeuwin, pour la première fois en tête ! Toujours sur un rythme extrêmement élevé, Michel Desjoyeaux entre dans le Pacifique le 19 décembre avec 59,1 milles d’avance sur Roland Jourdain et déjà plus de 400 milles sur Armel Le Cléac’h. Car les mers du Pacifique sont particulièrement traîtresses : alors que le solitaire a évité de justesse une catastrophe qui l’aurait obligée le 25 décembre, à abandonner, Sébastien Josse se fait écraser par une déferlante ! C’est dire l’état de la mer dans ce front froid très actif que les deux leaders arrivent à attraper : les écarts avec leurs poursuivants directs se creusent…

Seul le skipper de Veolia Environnement ne le quitte pas d’une étrave : le 5 janvier à 4h10, Michel Desjoyeaux passe le cap Horn avec moins de 100 milles d’avance sur Roland Jourdain, mais le reste de la flotte est désormais reléguée à plus de 700 milles. Le marin de Port la Forêt en profite pour rattraper tout le retard accumulé sur le temps de référence de Vincent Riou en 2004 : il a désormais deux heures d’avance… La remontée de l’Atlantique est une nouvelle fois express ! À l’équateur Michel Desjoyeaux a déjà quasiment une journée d’avance sur 2004 et il laisse son dauphin à plus de 330 milles… Et si le Pot au Noir est peu coopératif, la fin de parcours est un véritable sprint : une douzaine de jours pour en finir ! Et en ce dimanche 1 février, Michel Desjoyeaux termine son deuxième Vendée Globe, une nouvelle fois sur la plus haute marche du podium…

Quelques chiffres sur le parcours de Michel Desjoyeaux
Les Sables-équateur : 13j 15h 41’ (retard sur Loïck Peyron : 1j 06h 43’)
Les Sables-cap Bonne Espérance : 27j 00h 34’ (retard sur Sébastien Josse : 4h 56’)
Les Sables-cap Leeuwin : 37j 07h 23’ (avance sur Roland Jourdain : 50’)
Les Sables-Antiméridien : 43j 23h 33’ (avance sur Roland Jourdain : 2h 55’)
Les Sables-cap Horn : 56j 15h 08’ (avance sur Roland Jourdain : 8h 50’)
Les Sables-équateur : 71j 17h 12’ (avance sur Roland Jourdain : 3j 05h 52’)
Les Sables-Les Sables : 84j 03h 09’08’’(avance sur Roland Joudain : 1345 milles, avance sur Armel Le Cléac’h : 1632 milles)
Écart par rapport au temps du vainqueur du Vendée Globe 2004
Les Sables-équateur 2004 : 10j 12h 13’ (retard de Michel Desjoyeaux : 3j 03h 28’)
Les Sables-cap Bonne Espérance 2004 : 24j 02h 18’ (retard de Michel Desjoyeaux : 2j 22h 16’)
Les Sables-cap Leeuwin 2004 : 36j 11h 48’ (retard de Michel Desjoyeaux : 19h 35’)
Les Sables-cap Horn 2004 : 56j 17h 13’ (avance de Michel Desjoyeaux : 2h 05’)
Les Sables-équateur 2004 : 72j 13h 58’ (avance de Michel Desjoyeaux : 20h 46’)
Les Sables-Les Sables 2004 : 87j 10h 47’ (avance de Michel Desjoyeaux : 3j 07h 39’)

Tout le potentiel
« Je pense qu’il y a beaucoup de raisons et le hasard compte parmi elles. Puis il y a le fait que le bateau a sans doute effectué plus de milles que tous les autres bateaux de la flotte et moi, j’ai parcouru beaucoup de milles sur le bateau. J’ai eu ma part de problèmes techniques, mais dans l’ensemble, j’ai eu de la chance, car cela fait si longtemps que j’ai le bateau. La casse est arrivée lors des entraînements avant le départ de cette course. J’avais ainsi la possibilité de préparer cela et de réparer et j’avais à bord les pièces qui risquaient de se casser. La préparation est en effet un élément crucial dans cette course et j’ai une fabuleuse équipe, qui a préparé le bateau avec tout son cœur et cela aide beaucoup. Après, il faut savoir rester prudent et il y a des marins qui poussent plus que d’autres. C’est une question de prise de risque et il faut savoir si la chance va sourire ou non… » Samantha Davies (Roxy)

Remontée express de l’Atlantique
« C’est fabuleux. En plus, je crois que j’ai passé plus de 17 heures lorsque j’ai rebroussé chemin (au large de la Pointe de l’Amérique latine où il attendait le passage d’une grosse tempête – ndlr). C’était au début de l’après-midi, quand je suis rentré pour m’abriter et je suis reparti en début d’après-midi le lendemain. C’est pas mal, mais j’ai vraiment eu de la chance avec le temps. Même si j’ai été ralenti ces derniers jours, sur les derniers 330 milles. Mais à part cette phase, la remontée s’est passée comme dans un rêve. Hier, je n’ai pas eu de réparation à faire et j’ai pu me concentrer sur la progression du bateau. Chaque heure gagnée ici dans le Pot au Noir en vaut trois sur la route vers les Sables. J’ai dû effectuer beaucoup de manœuvres et de réglages, mais c’était le pire endroit dans le Pot au noir. » Brian Thompson (Bahrain Team Pindar)

Les derniers milles de Foncia
Michel Desjoyeaux a été survolé ce dimanche matin pour un hélicoptère : derniers mots en mer du skipper attendu cet après-midi vers 16h00. Foncia naviguait au près tribord amures dans un vent et une mer encore très maniables.

Foncia à l’île d’Yeu
A 14h30, Michel Desjoyeaux était repéré dans le Sud de l’île d’Yeu : le skipper de Foncia est donc toujours attendu aux Sables d’Olonne vers 16h30-17h00, naviguant au près avec environ 25 nœuds de vent bâbord amure.

Déjà foule !
Les digues du chenal d’entrée du port des Sables d’Olonne ainsi que les quais de la Chaume commençaient déjà à se remplir : plusieurs milliers de personnes attendaient malgré le froid piquant d’Est qui souffle sur la Vendée. Et devant les phares d’entrée, plusieurs bateaux naviguaient à la rencontre du monocoque de Michel Desjoyeaux.

L'heure de la sieste
« C'est comme un dimanche, sauf que je vais encore rater la messe. Le samedi après-midi, j'en ai bien profité. Comme il n'y avait pas de vent, je me suis occupé de moi, je suis allé chez le coiffeur, chez le barbier, et puis... Ne rien faire, c'est pas mal, hein ? La nuit a été un tout petit peu animée au début, le temps que le vent se lève un peu, puis c'est monté rapidement jusqu'à 15-20 nœuds, j'ai mis un peu de toile et suis allé me coucher. Pas mal de cargos sont passés, donc je me suis levé pour surveiller un petit peu le terrain de jeu, puis ce matin, je n'ai rien fait. Et ce soir... Je ne pourrais pas ne rien faire. Je me suis rendu compte qu'on était pas loin de la côté, car il y a pas mal d'oiseaux, des sternes, des mouettes et l'eau devient un peu plus verte-blanche. Je suis à 35 milles de l'arrivée, je ne vais pas y aller en direct car le vent est contraire, mais le créneau, c'est 16h30-17h. Je n'ai pas trop envie de réfléchir, ni aux questions, ni aux réponses, ou même refaire le fil de la course, car je ne vais pas avoir le temps. Mine de rien, ça a duré trois mois. Je suis plutôt pénard, détendu... Je vais aller faire une petite sieste, je n'ai pas beaucoup dormi et je m'apprête à faire un virement de bord, ça demande un peu d'énergie. Enfin, changer les adresses, préparer les sacs et à la prochaine colonie de vacances ! 35 milles, c'est déjà la maison... On est proche de la civilisation, il y a eu plusieurs signes déjà, dont un hélicoptère qui m'a survolé tout à l'heure. Je pense que je ne dois pas être très loin de la fin de ce Vendée Globe, je ne sais pas ce qui me fait dire ça... J'ai déjà passé commande pour ce soir. Tout ce dont je rêve, c'est du vrai manger, sain et frais, et des fruits que tu peux croquer, plutôt que des boîtes de conserve sans arrêt. » Michel Desjoyeaux, Foncia, à la vacation de 11h30.

S’arrêter ou continuer, réponse dans 24 heures
« Il y a de la grosse houle, au moins 7m. L'après-midi et la nuit dernière n'étaient pas simples . Je suis à sec de toile et ça n'avance pas vite. Hier j'ai remis un bout de grand voile, il y a moins de vent, mais toujours de la mer. Le bateau ne se comporte pas si mal, j'ai de la chance dans mon malheur de ne pas avoir chaviré du premier coup, d'avoir pas mal de ballasts, donc pas mal d’eau dans mes fonds. Ca se présente pas mal sauf que dans les pentes de vagues, surtout les pentes que donnent les déferlantes, je ne contrôle pas mon bateau… et passé 20° de gite, je ne sais pas ce qu'il peut se passer dans les forts vents dynamiques, normalement je pourrais aller jusqu’à 35°- peut-être - de gîte mais je n'ai pas envie de faire des essais. J’ai envie que ça marche du premier coup. Donc voilà, c’est un peu l’inconnu, mais il reste encore de la grosse mer comme on n’a pas eut dans le Vendée Globe. Je peux m’estimer heureux d'être là déjà. Je jongle avec le vent, il est plutôt du Sud Ouest. J’ai essayé de monter dans le Nord. Là j'arrive à faire la route, limite, le vent va mollir un petit peu, je pense que je vais pouvoir garder le cap, demain il va y avoir un coup de Sud Ouest, ça va me permettre de récupérer ce que j'ai perdu, avant de repartir avec un fort vent de Nord Ouest et après on verra... C'est super qu'une partie de mon équipe soit en route pour Punta Delgada. D'ici 24h, on tirera le bilan et on prendra la décision. On n’ira pas risquer, ni ma peau, ni celle du bateau. On prendra les fichiers météo et on vous dira tout ça demain. Avec mes architectes, il y a Eric Levèque qui nous a redonné la stabilité du bateau : à l'endroit, et à l'envers, rempli de tout ça d'eau. Cette décision d'arrêter ou de continuer, je la prendrai avec mon équipe, mais je dirais surtout avec moi-même. Il faut séparer les choses : l'envie d'arriver jusqu'au bout de l’aventure, de terminer un projet qui dure depuis plusieurs années, et mon métier de marin, qui est de ramener le bateau au port en sécurité. Et c’est pas évident. » Roland Jourdain, Veolia Environnement, à la vacation de 11h30.

J-1 avant l’Atlantique
« Le cap Horn est assez proche, je pense y arriver demain matin, car il y a un anticyclone qui se prépare derrière nous, Norbert (Sedlajek) devrait être pris dedans, mais moi, j'espère passer juste juste juste, en évitant les mauvais courants. Il y a deux/trois jours que je suis sur les réglages à fond. Ça m'est déjà arrivé de passer le cap Horn sans avoir de vent derrière et j'ai eu très peur de me mettre sur les cailloux. Mon ETA ? Ce n’est pas parce qu'on est derrière qu'on s’arrête, qu’on lâche le morceau, qu’on ne fait pas marcher un bateau de compétition. Maintenant, tout va dépendre de la remontée Atlantique qui est assez complexe, donc je pense arriver entre le 6 et le 15 mars,… Je vais vraiment réfléchir du côté des Malouines car il faut que je fasse un petit stop pour réparer cette drisse de grand voile, sachant que je n'ai plus de gennaker, plus de spi non plus. Il faut que je sécurise et que j'arrive à avoir le maximum de toile pour avancer. J'ai assez à manger, mais je me rationne un peu, un petit régime sec, c’est pas plus mal. J’ai envoyé des photos et l’on m’a dis que j’avais bonne mine. » Raphaël Dinelli, Fondation Ocean Vital, à la vacation de 11h30.


Dimanche 1 Février 2009 - 19:14
Jean-Claude Raveneau

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