Il y a une part de magie, indéniablement, dans le Vendée Globe de Miranda Merron. Juchée sur son Campagne de France de 2006, un plan Owen Clarke que Dominique Wavre a fini par mener autour du monde en 2012-2013 après un abandon en 2008 (quille), que Rich Wilson a également piloté en 2016-2017 (13e), Miranda Merron n’a pas à rougir de sa 22e place, bien au contraire ! Avec son compagnon à la ville comme à la mer, Halvard Mabire, la navigatrice a préparé son Vendée Globe avec autant de méticulosité que son budget était riquiqui. Pourvu qu’il soit fiable et qu’il permette à la Britannique de s’éviter les situations les plus scabreuses, tout en l’armant pour jouer les matches qu’elle aurait à jouer, c’était bien là l’essentiel.
Miranda aura, pendant 101 jours et quelques poussières, tricoté une histoire qui lui ressemble : investie, entière et éclairée. L’ancienne « pubarde », l’ex-étudiante en Langues O’ (option japonais) a partagé son aventure d’un bout à l’autre, très souvent par ses écrits inspirés. S’y sont mêlés les problèmes techniques véniels mais contrariants (ah, ce hook de gennak qui reste bloqué quelques jours à peine après le départ, parce que le boat captain n’avait pas démêlé les drisses…), les vraies galères, comme cette fuite du système hydraulique de quille qui, fort heureusement, n’envahira que le compartiment du moteur, ces pannes d’hydrogénérateurs qui obèrent sa progression dans le grand Sud et de pilotes automatiques qui complexifient sa remontée après le cap Horn et les contrariétés météo, avec par exemple un pot au noir grand comme un puits sans fond à l’aller, les grands méchants mous de Sainte-Hélène ou ce Pacifique où auront alterné les séquences velues et les pannes de vent.
Et puis il y aura eu la littérature, les découvertes et les extases. Compter quelques années de plus que la moyenne d’âge (Miranda a 51 ans) et avoir voyagé dans différents univers sociaux donnent peut-être une appétence plus forte à profiter ce que la vie offre. Et l’océan fur riche d’images, de situations, de rencontres, avec par exemple ce petit oiseau venu se nicher sur le pont et qu’il a fallu du temps pour l’identifier (c’était un Oceanis Tempête), ou encore ce drôle d’animal venu se coller au pont après que celui-ci a été traversé par une vague immense, dans le grand Sud. Le voici en photo. Si vous le savez, n’hésitez pas à partager avec Miranda, qui en a terminé avec cette grande aventure qu’elle a rendue pop et cérébrale à la fois.