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Après avoir longé l’île d’Yeu, peut-être bien pour un dernier plaisir à la conclusion de son dernier bord par le nord du golfe de Gascogne, Ari Huusela s’est présenté sur la ligne d’arrivée ce vendredi matin, un tout petit peu plus tôt qu’il l’imaginait. On salue toujours le chef de bord quand l’avion rejoint le tarmac plus tôt qu’annoncé… Il faisait beau, frais, et un simple et joyeux cortège a accompagné le skipper jusqu’à la ligne d’arrivée.
LA COURSE D’ARI
Le contrat que le pilote de ligne avait passé avec lui-même, ainsi que ceux qui l’ont entouré, était clair : il se devait d’aller au bout de ce tour du monde, parce qu’il était clair, avant le départ, qu’il ne s’accorderait qu’une chance de tenter l’aventure.
Ingénieur aéronautique devenu pilote de ligne, passionné de course au large depuis sa première traversée de l'Atlantique en Mini650 en 1999, Ari Huusela est devenu le premier skipper d'une nation nordique à terminer le Vendée Globe. Sa 25e place importe infiniment moins que son statut de « finisher », et peu importe que les jours aient pu paraître longs parfois, le Finlandais mérite qu’on universalise le surnom qu’il s’est attribué : « Super Happy Ari ». Au pire, au plus fort de la déprime, lorsque les galères se sont amoncelées sur son bateau, a-t-il concédé qu’il n’était que « happy ». « Je ne suis pas du tout soucieux du fait d’être dernier, disait-il encore il y a quelques jours. Je suis juste super content d’être dans la course et d’être là où je suis. Je savais que je serais loin des autres, et l’essentiel était de terminer, avec un bateau solide et qui reviendrait en bon état ».
Très longtemps au contact d’Alexia Barrier (TSE-4MyPlanet), le pilote n’a perdu contact avec la défenderesse de la terre que lors des quinze derniers jours quand, entrée la première dans la zone de hautes pressions du sud des Açores, la 6e navigatrice à finir un tour du monde cette année en solitaire a creusé l’écart, Stark restant encalminé dans l’ouest de l’anticyclone.
Quelques moments de son épopée le marqueront peut-être plus que d’autres. L’épouvantable orage sous lequel il s’est enferré dans le pot au noir, à l’aller ; la traversée vers l’Afrique du Sud, sous grande voile d’avant et au contact de Clément Giraud et Sébastien Destremau ; le méchant système dépressionnaire qui le secoue au cap Leeuwin et lui fait affronter plus que la limite qu’il s’était autorisé à défier : 30 nœuds de vent, et les routages calés sur cette limite pour ne pas abîmer le bateau ; la tempête à l’ouest du cap Horn, qui lui fit essuyer des vents de 40 à 50 nœuds, loin de sa zone de confort – mais qui est réellement dans le confort, au Cap Horn ?
Le point d’orgue d’un amour du large
Finir ce Vendée Globe, c’est pour le pilote de ligne le point d’orgue d’une carrière au large entamée en Mini à la fin des années 90. En 1999, sur un 650 dessiné par son compatriote Kamu Strahlmann (ministe en 1997), Ari s’était classé 13e, juste derrière un certain Yannick Bestaven. Plus tard, il a racheté l'ancien Aberdeen Asset Management, conçu par Andrew Cape, mené par Sam Davies lors de la Mini en 2001, pour une 11e place. Privé, pour des raisons qu’il ne comprend toujours pas, de l’édition 2003, Huusela a vendu le bateau à Isabelle Joschke et l’a aidée à prendre le départ. Après une nouvelle Mini en 2007, après avoir également régaté en F18, il a pris le départ de la Route du Rhum sur un Pogo40 dans la classe Rhum, et a pris la 9e place. Restait à conquérir le Vendée Globe, sur le plan Owen Clarke qui eut pour premières couleurs cette de Aviva et pour skipper Dee Caffari (2008-2009). Il y a deux ans, enfin, Ari Huusela faisait équipe avec Mikey Ferguson sur la Transat Jacques Vabre (26e), pour prendre le temps de comprendre le bateau et d’en dominer l’essentiel.
Son aventure aura connu une résonnance épatante. En Finlande, porté par son partenaire, Stark, avec lequel il a emporté trois prix de sponsoring, Ari Huusela a peut-être suscité d’autres vocations. Une de ses plus belles victoires, sans doute, pour ce marin de 58 ans devenu un héros dans son pays.