Reste que les deux compères de Port la Forêt doivent d'abord traverser une belle bulle anticyclonique et d'ors et déjà, les prévisions qui annonçaient un ralentissement à partir de ce week-end semblent en avance : Michel Desjoyeaux (Foncia) comme Roland Jourdain (Veolia Environnement) ont sensiblement baissé de rythme ce vendredi matin avec une dizaine de nœuds au compteur… Mais c'est justement la moyenne minimale qu'ils doivent tenir pour arriver en moins de 87 jours !
Ils sont normalement en bordure d'anticyclone avec des vents de secteur Sud-Ouest d'une douzaine de nœuds, mais pour l'instant, ils cherchent à se décaler vers le Nord-Est pour contourner le centre qui s'est expansé au large de l'Uruguay. Et dans ces conditions, le deuxième s'aligne sur la route du premier… et perd des milles par rapport au but. Mais les alizés de l'anticyclone de Sainte-Hélène semblent installer au Nord du 30° Sud, à un peu plus de 700 milles des étraves du duo. Et même si le tempo descend d'une mesure, les deux monocoques sont loin d'être plantés dans des calmes : ils vont juste passer à des valeurs plus proches de 240 milles quotidien. On peut même imaginer qu'à l'issue de cette pause du week-end, le rythme reprenne de plus belle dans les alizés d'Est…
Plus ou moins venté
Cette trêve estivale australe en tête de flotte ne peut faire que les affaires de Armel Le Cléac'h qui caracole désormais à l'Est des Malouines, contournées cette nuit. Le skipper de Brit Air cherche aussi à glisser sous la bulle anticyclonique qui s'étend vers lui et n'a pas d'autre solution que de s'échapper vers le Nord-Est : il devrait toutefois grignoter des milles sur les deux leaders et c'est probablement le solitaire qui va gagner le plus ces prochains jours…
Pour Samantha Davies (Roxy) et Marc Guillemot (Safran), l'objectif est avant tout de s'extirper enfin de cet océan Pacifique : à 700 milles du cap Horn, la Britannique est la plus rapide de la flotte grâce à un flux de secteur Nord-Ouest qui s'établit à une vingtaine de nœuds. Mais la journée de samedi s'annonce plus agitée avec une dépression qui se forme au large des côtes chiliennes : il y aura des grains, des rafales, des vents instables… ce qui n'est jamais très réjouissants dans ces parages patagons.
Autre lieu, autre temps : pour la troïka Brian Thompson (Bahrain Team Pindar), Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) et Dee Caffari (Aviva), l'ultime porte des glaces est déjà un souvenir ou presque : si le géant Britannique en a fini avec les contraintes glaciaires, il a perdu du terrain face au couple franco-anglais qui pointait ses étraves sur le point le plus occidental de la porte. En bordure d'anticyclone, tous trois vont chercher à plonger au plus vite vers les Cinquantièmes pour ne pas se faire avaler par des molles.
La pieuvre anticyclonique
Englué dans des calmes au beau milieu de nulle part ! Qui aurait imaginé voir ses voiles battre la chamade dans une longue houle du Pacifique avec une brise digne d'un Pot au Noir à plus de 2 000 milles de toute terre ? Steve White (Toe in the Water) a eu le malheur de se faire prendre par un tentacule anticyclonique qui l'a scotché pendant près d'une journée entière. Il s'en sort difficilement ce vendredi matin, mais n'est pas franchement sorti de " l'auberge " car les hautes pressions se décalent vers l'Est, vers la prochaine porte !
Il faut qu'il se dépêche pourtant, car une dépression tropicale pointe ses mauvais vents et va sérieusement secouer le Pacifique en son milieu : Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) ne devraient pas être touchés, mais l'Américain Rich Wilson (Great American III) risque fort d'être sur la trajectoire de cette perturbation à caractère orageux. Le Vendée Globe aura définitivement été plus violent en queue de peloton…
Classement à 5h00 :
1- Michel Desjoyeaux (Foncia) à 5 813 milles de l'arrivée
2- Roland Jourdain (Veolia Environnement) à 142,8 milles du leader
3- Armel Le Cléac'h (Brit Air) à 763,3 milles
4- Vincent Riou (PRB) à 1186,8 milles
5- Samantha Davies (Roxy) à 1896,4 milles