Un classement à géométrie variable
Sans réel choix stratégique, chaque skipper hésite encore quant à la route à suivre. Car la problématique est simple : si rien ne bouge devant les étraves, il vaut mieux rester sur un cap plein Sud (180°) qui permet d’aller vite mais fait s’écarter le bateau de la route directe (140°), donc perdre des places ou, à tout le moins, des milles. C’est la situation de . Leurs vitesses sont similaires, mais leurs caps diffèrent de 15°… Quant à Armel Le Cléac’h (Brit Air), il suit une voie intermédiaire assez productive en ce mardi, puisqu’il s’adjuge la troisième place devant Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2). En fait, le groupe de tête semble se compresser, peut-être parce que la brise n’est pas tout à fait identique sur le plan d’eau. Vu du ciel (avec la cartographie virtuelle), les écarts paraissent faibles mais en réalité, les monocoques sont aussi éloignés les uns des autres qu’entre Belle-Île et Groix ou entre Hyères et Porquerolles. Et le vent n’est pas une valeur stable dans l’espace-temps… Trois nœuds de plus de brise et dix degrés de différence d’angle suffisent pour que l’un progresse à plus de 18 nœuds quand l’autre marche à 14 nœuds… Sur quelques heures, cela suffit à expliquer bien des écarts à chaque prise de position satellitaire.
L’effet rame de métro
Ainsi, quand l’un ralentit, l’autre accélère, comme les rames de métro qui se succèdent aux stations. Mais à l’arrivée, les écarts sont identiques. Ce ne sera peut-être pas tout à fait le cas lorsque l’anticyclone qui barre la route devant les étraves va enfin se déplacer vers l’Est. Et si ce scénario se présente, ce sont les « retardataires » et surtout les « revenants » des Sables d’Olonne qui pourraient tirer leurs marrons du feu ! D’ailleurs Michel Desjoyeaux (Foncia) marquait une certaine satisfaction à constater que son décalage dans l’Ouest consécutif à son passage plus tardif du Pot au Noir, ne devenait plus un handicap. Au contraire… Lorsque l’anticyclone va se replacer vers Sainte-Hélène, il pourra obliquer à gauche plus tôt en latitude, et donc raccourcir sa route pour rallier le cap de Bonne Espérance. Et pour Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), tout comme Derek Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada) et Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve), la situation pourrait être encore plus favorable !
Retard ou rattrapage ?
Déjà en retard de 46 heures au passage de l’équateur par rapport au temps de référence établi quatre ans plus tôt par Jean Le Cam (10j 20h), il devient difficile d’imaginer que les premiers vont rattraper leur écart au cap de Bonne Espérance : Vincent Riou avait aussi établi un temps de référence en 2004 avec 24 jours 07 heures 20 minutes. La longitude de la pointe Sud Afrique étant à plus de 2 600 milles (en route directe !), les premiers devraient encore mettre une dizaine de jours pour l’atteindre… Enfin, côté performance sur l’eau, la palme revient ce jour à Marc Guillemot (Safran), le plus rapide sur 24 heures avec 302 milles au compteur.
Classement du mardi 25 novembre :
1- Loïck Peyron (Gitana Eighty) à 20 263,6 milles de l’arrivée
2- Sébastien Josse (BT) à 13 milles du leader
3- Armel Le Cléac’h (Brit Air) à 43,7 milles
4- Jean Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) à 45,7 milles
5- Vincent Riou (PRB) à 52,1 milles
Les premiers étrangers :
7- Mike Golding (Ecover 3) à 73,7 milles
11- Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) à 231,6 milles
12- ADominique Wavre (Temenos II) à 253,5 milles