Le Vendée Globe du coeur
En terminant son Vendée Globe à la dixième place, Tanguy de Lamotte a porté son cœur autour de la planète d’une magnifique façon. Une très belle navigation marquée cependant par de nombreuses avaries que « Tanguyver » a réussi à maîtriser. Retour sur une course haute en couleurs et en sensations.
Tanguy le savait dès le début. Son Vendée Globe serait celui de la découverte et de l’apprentissage tout en portant fièrement les couleurs de l’association avec laquelle il avait déjà sillonné l’Atlantique sur son Class40. Avec un bateau d’ancienne génération qui avait déjà deux participations au Vendée Globe (ndlr : sous le nom Whirlpool en 2000-2001 et Proform en 2004-2005, ce 60 pieds n’avait jamais bouclé le Vendée Globe), le but était de terminer la course en rapportant le maximum de clics pour sauver des enfants atteints de maladies cardiaques. Tout au long de sa navigation, le skipper d’Initiatives-cœur a fait partager via des messages, des photos et des vidéos sa grande aventure, entre plaisirs, galères, joies et émotion.
La hiérarchie s’installe rapidement
Après le départ très émouvant des Sables d’Olonne, une première option le long des côtes ibériques est tentée et Tanguy de Lamotte se retrouve décalé par rapport au gros de la flotte Au fil des milles, il entre tranquillement dans sa course. Les abandons et quelques options de ses concurrents vont créer une scission dans la flotte. Après le passage du Cap Vert, un groupe de quatre solitaires composé de Javier Sansó (ACCIONA 100 EcoPowered), Bertrand De Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets), Arnaud Boissières (AKENA Vérandas) et Tanguy navigue entre les deux tropiques. La descente de l’Atlantique sud va faire éclater ce groupe et une hiérarchie va se mettre en place. Inititatives-cœur passera la première porte obligatoire, celle des Aiguilles, en 12e position, intercalé entre Bertrand De Broc, onzième, et Alessandro Di Benedetto, treizième.
Plaisir et galères dans le grand sud
Bien calé en 12e position, Tanguy avale les milles avec comme lièvre Bertrand De Broc, toujours devant à 250-300 milles de son étrave. Assez cléments, l’Indien et le Pacifique vont tout de même laisser quelques traces sur Initiatives-cœur. Entre les rencontres avec des OFNI, les nombreuses casses, de gros plantés et l’usure des voiles, Tanguy prend tout de même beaucoup de plaisir et ses vidéos de « air guitare » dans la baston ou de vaisselle d’un autre genre sont les preuves flagrantes de la joie que prend le skipper dans ces contrées. Quelques jours avant d’atteindre le cap Horn, Initiatives-cœur file à vive allure et revient à 130 milles de Bertrand De Broc. Le 15 janvier Tanguy peut savourer son premier passage du cap Horn avec un temps de 35 jours de navigation pour avaler les deux océans, l’Indien et le Pacifique.
L’Atlantique aux deux visages
Après un passage le long de l’île des Etats, Tanguy s’est lancé dans une remontée express de l’Atlantique sud. Il signe le sixième temps entre le Horn et l’équateur (juste devant Golding et Le Cam, s’il vous plaît !) avec, au passage, quelques moments de tension comme une nouvelle collision avec un OFNI, son code 0 qui chalute derrière son bateau, une drisse cassée et une ascension dans le mât. Tout à son image, Tanguy offre de nouveau de beaux moments en vidéo comme cette baignade au milieu de l’Atlantique sud avec 4000 mètres de fond et une visite des appendices d’Initiatives-cœur.
Le 27 janvier, Tanguy est à 830 milles de l’équateur tandis que François Gabart s’engage dans le chenal des Sables d’Olonne en grand vainqueur. Fin janvier, Tanguy fait son retour dans l’hémisphère nord qui va au final se révéler assez piégeux. Par deux fois Initiatives-cœur est victime d’une collision avec un OFNI, la première occasionnant de gros dégâts sur le monocoque, dérive cassée, voie d’eau au niveau du puits de dérive, safran endommagé, etc. Il aura fallu de nombreuses heures dans l’eau et dans les entrailles du bateau pour réussir à dégager la dérive, colmater le trou et installer un système de pompe pour évacuer l’eau. Le mythe « Tanguyver » est né et à force d’efforts, Initiatives-cœur peut reprendre sa course.
La dernière collision avec un OFNI a encore amputé le safran tribord rendant la navigation bâbord amure assez délicate. Après un passage à proximité de Florès aux Açores et une bonne progression vers le cap Finisterre, Tanguy de Lamotte a dû prendre son mal en patience pour enfin toucher terre. L’anticyclone qui a largement posé ses valises sur le golfe de Gascogne en fin de semaine avait décidé de garder Initiatives-cœur encore une journée ou deux.
Après 98 jours 21 heures 56 minutes et 10 secondes de course, Tanguy de Lamotte a finalement bouclé d’une magnifique façon son tour du monde, écrivant au passage une très belle page de l’histoire du Vendée Globe.
Points de repères
- Plus grande distance parcourue en 24 heures : 411,03 nm à 17,1 nds de moyenne le 5 décembre.
- Les Sables – équateur : 13j 15h 53mn (record détenu par Jean Le Cam en 2004-2005 en 10j 11h 28mn)
- Equateur – Bonne Espérance : 16j 08h 31mn (record JP Dick 12j02h40mn)
- Bonne Espérance – Cap Leeuwin : 14j 17h 44mn (record F Gabart 11j 06h 40mn)
- Cap Leeuwin – Cap Horn : 20j 23h 03mn (record F Gabart 17j 18h 35 mn)
- Cap Horn – équateur : 15j 17h 06mn (record F Gabart 13j 19h 28mn)
- Equateur – Les Sables d’Olonne : 17j 11h 48mn