Que les sensations des belles et longues glissades affolant les compteurs doivent se rappeler comme de presque lointains et douloureux souvenirs à une bonne partie de la flotte de la course Les Sables – Horta – Les Sables. En effet, la première étape entre la cité vendéenne et Les Açores vient de se voir porter un coup qui, sans être fatal, risque de laisser de profondes traces. La faute à une dorsale installée sur la route vers l’archipel portugais qui contraint à un ralentissement évident et oblige les marins à faire preuve de philosophie et de patience. Dans ce qui pourrait ressembler à une grande loterie atlantique, tous ne sont pourtant pas logés à la même enseigne. Honneur à ceux qui trustent toujours le haut du pavé, le double mixte de Telecom Italia qui, s’il a vu lui aussi chuter sa vitesse de croisière, poursuit sa course en tête avec une certaine insolence et une maîtrise sans cesse confirmée. Ainsi, malgré l’écueil météorologique dont eux aussi ont à souffrir, Giovanni Soldini et Karine Fauconnier restent non seulement les plus rapides de la flotte, mais augmentent encore et toujours leur capital en affichant désormais 40 milles d’avance sur le deuxième Palanad II. Le groupe des nordistes de son côté est loin de toucher les dividendes de ce décalage osé et doit actuellement composer avec des vents erratiques et des trajectoires beaucoup plus aléatoires. Toujours emmené par Keysource, le quatuor est à la peine et doit garder un œil inquiet sur son inexorable chute dans le classement.
Pendant l’accalmie, place à la gastronomie…
Mais d’un extrême à l’autre, l’humeur reste égale et chacun trouve dans ce changement assez radical de conditions quelques motifs de relative satisfaction. Ainsi l’ensemble des nouvelles émanant des concurrents en ce quatrième jour de course confirmait-il une évolution dans la vie à bord. En effet, si les jours précédents ne laissaient que peu de place aux préoccupations liées au confort, la donne change en ce jeudi. L’accalmie laisse d’avantage de place aux plages de repos réparatrices que chacun s’accorde sans scrupule avant un retour aux longues heures passées à la barre. Les marins profitent, se requinquent et les menus quotidiens s’agrémentent de plats bien plus élaborés. Salade de chou blanc à bord de Telecom Italia ou encore plat du terroir mêlant andouille et purée pour les hommes de Techneau… les maîtres queux ont sorti les casseroles et les gourmets apprécient. Il faut dire qu’en ces périodes un peu stressantes pour la progression vers l’arrivée, toutes les consolations sont bienvenues. Pour d’autres, à l’image d’Appart City, la stabilité de l’assiette retrouvée offre des conditions plus propices aux bricoles de haut vol comme cette ascension dans le mât pour récupérer le va et vient de la chaussette de spi.
Qu’on ne s’y trompe pourtant pas, la course reste bien évidemment la seule priorité des duos et chaque mille gagné en ces temps perturbés n’est plus à prendre. Mais à y regarder les choses avec objectivité, les premiers à sortir de la dorsale risquent fort d’empocher la mise dans les eaux açoriennes…
Classement au 9 juillet à 14h (TU+2)
1 – ITA 55 Telecom Italia (Giovanni Soldini – Karine Fauconnier) à 509 milles de l’arrivée
2 – GBR 43 Palanad II (Nicholas Brennan- Oliver Bond) à 40 milles
3 – BEL 81 Zed 4 (Gérald Bibot – Didier Le Vourc’h) à 41 milles
4 – FRA 64 CG Mer (Wilfrid Clerton – Loïc Lehelley) à 41 milles
5 – FRA 68 PLAN Les enfants changeront le monde (Denis Lazat – Rémi Aubrun) à 42 milles
6 - FRA 3 Destination Calais (Pierre-Yves Chatelain – Lionel Regnier) à 56 milles
7 – ESP 65 Tales (Gonzalo Botin – Alvaro Lopez-Doriga) à 62 milles
8 – FRA 60 Groupe Partouche (Coatnoan – Figué) – Lehelley) à 62 milles
9 – GER 53 Tzu-Hang (Strauss – Burger) à 62 milles
10 – FRA 47 Grassi Bateaux (Olivier Grassi – Eric Galmard) à 62 milles
Les skippers sont en direct du PC Course" au 18 bd de l'Ile Vertime (en face de la place du Vendée Globe), de 11h30 à 12h30.