Sommet horizontal
C’est un pic, c’est un cap. Le Horn. C’est un des pinacles du Vendée Globe, son sommet horizontal, même si ce n’est pas encore son achèvement. C’est la porte de sortie du Grand Sud, la fin d’un mois de brise, de mers grosses, de hautes vitesses non-stop, de gifles froides et salées sur le pont, du train lancinant des dépressions et des lumières grises. Le Horn est avant tout un soulagement et il n’est beau à doubler qu’au regard des difficultés qui ont jalonné le chemin qui conduisait jusqu’à lui.
Premier Horn à 29 ans
Et c’est le benjamin de l’épreuve qui aura dans quelques heures le privilège de couper en tête la longitude 67°17’21’’. François Gabart, 29 ans, dont c’est le tout premier Vendée Globe. Pas sûr que le jeune marin se fasse percer l’oreille gauche pour y mettre une créole en or, comme le voulait la tradition. Mais il aura en lui cette fierté d’appartenir à son tour au cercle des hommes rares que sont les cap-horniers. Le skipper de MACIF devrait donc doubler le bout de rocher chilien aux alentours de 18h00 (heure française) après 52 jours et une poignée d’heures de course. Autrement dit avec au moins quatre jours d’avance sur le temps de Michel Desjoyeaux en 2009.
Son meilleur ennemi Armel Le Cléac’h (Banque Populaire), après s’être fait légèrement distancer ces dernières 24 heures, devrait lui emboîter le pas deux heures plus tard. Les deux hommes ont empanné en fin de matinée tout près de l’entrée du canal de Beagle, le long des côtes chiliennes, premières terres humées et peut être entraperçues depuis le Portugal !
Sur le pont et au radar
Mais ils n’ont probablement pas le temps de profiter du paysage, malgré un passage de jour, sous un beau ciel de traîne. A bord de MACIF comme de Banque Populaire, il faut être sur le pont et devant les écrans radar pour surveiller d’éventuels growlers issus d’une quinzaine d’icebergs repérés dans une zone allant du sud-ouest de Chili (jusqu’à 100 milles au large) à une centaine de milles dans l’Est de l’île des Etats. La marine chilienne a survolé et confirmé la position de quelques-uns de ces gros blocs de glace (jusqu’à 400 mètres) aujourd’hui.
Tribord amures, poussés par un vent de sud-ouest, les deux grands monocoques ont un peu ralenti cet après-midi. Les solitaires ont-il réduit la toile pour faciliter le travail de veille ? Ou le vent est-il en train de caler à l’approche du Horn. Mieux vaut en tout cas ne pas foncer à l’aveuglette sur ce terrain piégé.
Derrière eux, leurs onze poursuivants rêvent tous de franchir cette étape symbolique. Le prochain sur la liste s’appelle Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) que les routages donnent au cap Horn avec 1 jour et 7 heures de retard sur Gabart.