Un rythme de course perdu
Pour d'autres, ces considérations restent secondaires. Pour ceux qui ont du composer avec la casse, il s'agit avant tout de consolider les réparations de fortune, de garantir la possibilité pour le bateau de finir la course. C'est le cas de Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) qui doit tester la fiabilité de son safran tribord avant de pouvoir revenir éventuellement à l'attaque. Brian Thompson (Bahrain Team Pindar), quant à lui, reconnaissait avoir mis la course entre parenthèse, préoccupé qu'il est par des fissures dans son ballast avant qui obèrent la rigidité de la structure. Pour ces deux-là, la consultation des fichiers météos et la gestion de la toile du temps sont devenus des préoccupations secondaires. Il en est d'autres qui peinent à revenir dans la course, ce sont ceux qui se sont investis dans le sauvetage de Yann Elies : Sam Davies (Roxy) avouait ainsi avoir dormi plusieurs heures d'affilée, découvrant tout d'un coup la tension accumulée depuis plusieurs jours. Quant à Marc Guillemot (Safran), il reconnaissait ne pas avoir pris conscience à quel point la rupture de rythme et l'investissement personnel engagé dans le sauvetage de son compagnon du large pesaient sur sa capacité à se remettre en mode régate. Le jury international s'est donné le temps de statuer jusqu'aux alentours du 31 décembre pour évaluer le crédit de temps qui sera accordé aux deux solitaires. Une opération délicate puisqu'il s'agit de prendre en compte plusieurs paramètres : le temps effectif perdu par le fait de se dérouter mais aussi les conséquences relatives à la sortie d'un système météorologique. Ce matin, Marc comme Sam tentaient de sortir d'une zone de calmes relatifs pour retrouver le souffle du grand sud… On a l'habitude de dire que l'être humain a des facultés d'adaptations phénoménales à des univers hostiles : en coupant avec le rythme de la course, les skippers de Safran et de Roxy doivent, pour la deuxième fois, faire ce travail d'appropriation des conditions qu'impose une course dans les quarantièmes rugissants. Une manière de souligner en creux à quel point ce Vendée Globe est aussi une formidable aventure humaine.
Les 5 premiers au pointage de 16h00
1- Michel Desjoyeaux (Foncia) à 11 494,7 milles de l'arrivée
2- Roland Jourdain (Veolia Environnement) à 67,6 milles du premier
3- Sébastien Josse (BT) à 204,6 milles du premier
4- Jean Le Cam (VM Matériaux) à 244 milles du premier
5- Armel Le Cléac'h (Brit Air) à 493,6 milles du premier
Classement des premiers étrangers
8- Sam Davies (Roxy) à 1474,2 milles du premier
10- Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) à 1830,9 milles du premier
11- Dee Caffari (Aviva) à 1939,5 milles du premier