Ces deux-là se connaissent bien. Ils ont la même culture de la gagne, acquise sur les triangles olympiques de leur enfance en dériveur. Metteurs au point passionnés, ils n’ont de cesse de peaufiner la préparation de leur bateau de série, travaillant sans cesse sur l’ergonomie, chassant les poids inutiles. Avec comme résultat, le fait de posséder deux « avions de chasse » tant leur potentiel de vitesse est impressionnant. Ajouter à cela que les deux gaillards n’ont pas vraiment froid aux yeux, n’hésitant à porter de la toile au delà du raisonnable d’autres compétiteurs peut-être moins acharnés choisissent de calmer le jeu. Entre Xavier Macaire, centrés sur une route un peu plus sud et Davy Beaudart, l’écart en distance au bout a tourné en moyenne à moins de dix milles. C’est paradoxalement sur la fin de parcours, quand on pouvait penser que Xavier avait fait la différence, que Davy a su trouver les ressources nécessaires pour recoller et finalement doubler son camarade de jeu.
Mais les deux ne sont pas que des régatiers au sang froid. S’il en fallait une preuve, ils ont été les deux premiers à réhabiliter le rituel du plongeon dans l’eau du port du vainqueur et de son dauphin. Il est des traditions qui ne sauraient se perdre…
Ils ont dit :
Davy Beaudart (Innovea Environnement) :
« La bagarre a été intense du début à la fin. Je me doutais que Xavier avait choisi une route un peu plus sud que la mienne, mais je ne voulais pas risquer de me trouver en difficulté au large des côtes du Portugal dans une mer trop formé. Je sais que dans le vent fort, Xavier est meilleur que moi. J’ai préféré faire ma route. Sur la dernière nuit, j’avais veillé à être bien reposé et compte tenu de l’avance dont Xavier disposait, je savais qu’il faudrait que j’attaque. J’ai passé ma nuit à régler, à empanner à la moindre bascule de vent et quand j’ai commencé à apercevoir son feu de route, je me suis dit que je tenais le bon bout… »
Xavier Macaire (Starter) :
« C’était vraiment intense. Je savais que Davy possédait une très bonne vitesse, c’est pourquoi j’ai choisi d’attaquer sur une route sud pour garder de la pression. Au large du Portugal, c’était parfois très chaud. A un moment, j’ai enfourné mon bout dehors alors que j’étais sous gennaker, j’ai eu un peu de chance de ne rien casser. Sinon, avec un adversaire comme Davy, il faut tout le temps être dessus le bateau, ne rien lâcher. La preuve, sur les derniers milles… Maintenant, il reste la deuxième étape ; trente minutes ce n’est rien. Et puis, j’ai quand même envie de profiter des Açores, c’est tellement génial d’être ici. »