Pour vivre heureux, vivons penchés
Au près légèrement débridé, les monocoques avancent plein sud et s’apprêtent à longer la face occidentale de l’anticyclone de Sainte-Hélène. Tous vivent dans un monde incliné à plus de 30° où la moindre brosse à dents a pris place dans les sacs de « matossage », opération qui consiste à porter sur le côté au vent, tout ce qui est déplaçable à bord, pour tenter de rééquilibrer le bateau et lui donner un surcroit de puissance. Les solitaires vivent dans un monde divisé en deux dans le sens de la longueur où d’un côté c’est un joyeux capharnaüm et de l’autre un espace vide où le moindre corpuscule est traqué. En leader intraitable, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) continue de creuser l’écart avec ses poursuivants au sein desquels Alex Thomson (Hugo Boss) perd un peu de terrain. Ces types de conditions sont particulièrement favorables aux voiliers de dernière génération et le navigateur britannique paie là, le poids des ans de sa machine. Bonne nouvelle néanmoins pour Alex, la réparation réussie de son hydrogénérateur.
Pénalités et coups de freins
Si devant, la chasse au banquier continue, le deuxième groupe a dû composer avec la pénalité infligée par le jury. Jean Le Cam (SynerCiel), Mike Golding (Gamesa) et Dominique Wavre (Mirabaud) se sont acquittés de cette tâche non sans quelques grognements. Difficile, quand on part en quête d’espaces de liberté, de se voir rappeler à l’ordre pour une infraction règlementaire…
De ces considérations, les quatre concurrents encore aux prises avec le pot au noir, n’en ont cure. Si Javier Sanso (ACCIONA 100% EcoPowered), Tanguy de Lamotte (Initiatives-Cœur) et dans une moindre mesure Arnaud Boissières (Akena Vérandas) semblent s’extirper de ses griffes, ce n’est pas encore le cas de Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) qui voit là une part de sa très belle remontée se noyer sous les nuages de grains. Plus à l’arrière encore, Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) irradie les ondes de son bonheur d’être en mer. Parti pour vivre une belle aventure, le navigateur italien est entré de plain-pied dans son histoire. Ce faisant, il incarne parfaitement la grande tradition du Vendée Globe qui fait se côtoyer bouffeurs de milles et dévoreurs d’aventure.