C’est le même cas de figure qui se présente vingt-quatre heures plus tard pour le duo Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) - Alex Thomson (Hugo Boss). Malgré son avance de plus de 1500 milles sur ses poursuivants, il n’est pas certain qu’Alex se lance lui-même dans cette aventure. Plus raisonnablement, le jeu consistera pour Armel comme pour Alex à observer la progression de leur concurrent dans la dorsale et à infléchir leur route, soit vers l’ouest en cas de coup de frein des prédécesseurs, soit vers l’est dans le cas contraire…
Duels à distance
Derrière, c’est toujours aussi pénible. Les solitaires en route vers l’équateur commencent à en avoir franchement marre de cette navigation dans des vents contraires. La mer hachée rend la progression des bateaux ardue, le moral en prend un coup et certains peuvent avoir parfois l’impression désagréable de naviguer sur un fer à repasser plutôt que sur un prototype taillé pour la performance. Entre Jean Le Cam (SynerCiel) et Mike Golding (Gamesa) c’est toujours le jeu du « à toi, à moi » pour la cinquième place. Malgré plus de 150 milles d’écart, les deux frères ennemis s’échangent la cinquième place parfois pour moins de dix milles. Dominique Wavre (Mirabaud) en septième position tire finalement bien parti de sa route médiane. Devant la complexité de la situation météo, le navigateur suisse avait choisi de couper au plus court en restant proche de la route directe. Bien lui en a pris, puisqu’aujourd’hui il devance Javier Sanso (ACCIONA 100% EcoPowered) d’une vingtaine de milles et Arnaud Boissières (AKENA Vérandas) de presque deux cents nautiques.
Recyclage
Derrière, c’est toujours la belle vie pour le trio de queue. Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets), Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur) et Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) continuent de profiter des vents portants pour filer à bonne allure le long des côtes de l’Uruguay. Alessandro a pu monter dans son mât pour passer des drisses en extérieur, de manière à hisser ses voiles d’avant. Malheureusement pour lui, son grand gennaker est définitivement hors d’usage. Farouchement sensible à la protection de l’environnement, il a décidé de garder la voile à bord malgré son poids. Sans compter qu’un gennaker, même détruit, peut encore rendre quelques menus services. Sous spinnaker, le navigateur continue d’avaler les milles avec constance. A ce rythme là, Alessandro pourrait rallier les Sables d’Olonne en un peu plus d’une centaine de jours. Soit bien en deçà des 140 jours de nourriture prévus à l’origine. Il pourrait y avoir des soldes sur les salades à l’arrivée de Team Plastique.
François Gabart (FRA, MACIF)