« C’est usant » résumait Armel Le Cléac’h. « La mer est mauvaise. Pas simple dans ces conditions » confessait à son tour François Gabart.
Joint en visioconférence dans Live de la mi-journée, le skipper de MACIF avait sans cesse un œil rivé sur ses instruments de navigation. Au cas où. Et un joli bonnet polaire vissé sur la tête. Il fait 4 à 5 degrés à l’extérieur et à peine plus dans les habitacles de carbone. « Je mets le petit chauffage une heure par jour pour réchauffer l’intérieur du bateau mais surtout essayer de faire sécher les vêtements » confiait Armel. Pour la première fois, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) a eu l’onglée ce matin en allant manœuvrer. Normal, les trois hommes font leur entrée dans les Cinquantièmes hurlants, là où il n’est pas rare de naviguer sous le grésil et les averses de neige, même pendant l’été austral.
« Là, ça mollit, je n’ai plus que 40 nœuds »
Derrière, si les températures sont encore douces, la météo va peu à peu se détériorer pour tout le monde, y compris pour la poignée de solitaires encore empêtrée dans des zones de transition. Alex Thomson (Hugo Boss) et Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) vont bientôt faire connaissance avec Claudia et filer dans du nord-ouest soutenu. « Ça ne devrait pas être la tempête, mais je me méfie de ces phénomènes-là » prévenait Stamm, en plein atelier voilerie, mais satisfait d’avoir réussi à réparer un de ses deux hydrogénérateurs.
En route pour passer la porte Ouest Australie, Mike Golding (Gamesa), Jean Le Cam (SynerCiel) et plus loin Dominique Wavre (Mirabaud) vont à leur tour retrouver des ailes. Une grosse dépression est en train de fondre sur eux, celle qui a affecté cette nuit Javier Sanso (ACCIONA 100% EcoPowered) et Arnaud Boissières (AKENA Vérandas). Joint au téléphone, « Cali » évoquait une rafale à 63 nœuds, une pointe de vitesse à 33. « Je suis sous 3 ris –ORC, je t’avoue que c’est le shaker dans le bateau. Je n’ai quasiment pas dormi hier. Mais là, ça a molli, je n’ai plus que 40 nœuds ».
Au passage, ces conditions plus ventées à l’arrière de la flotte ont permis au skipper espagnol de revenir titiller les safrans de Mirabaud (65 milles d’écart). En l’espace d’une semaine, Javier a gagné 650 milles ! Ce gain illustre parfaitement les propos tenus aujourd’hui par Mike Golding : « tout ce qu’on a pu perdre en distance ces derniers temps, on sait qu’on peut aussi le récupérer ». A méditer.
En bref :
Passages record
En franchissant la longitude du cap Leeuwin hier à 23h55 (heure française) François Gabart (Macif) établit un nouveau temps de référence entre les Sables d’Olonne et le cap Leeuwin en 34j10h23min (ancien temps de référence : Vincent Riou 2004 36j12h48min). Il signe aussi le meilleur chrono entre le cap de Bonne Espérance et le cap Leeuwin en 11j 6h 40min (ancien temps de référence Michel Desjoyeaux 2008 en 11j 6h et 49 min)
Demain dimanche, dans le Live du Vendée Globe, Catherine Pottier recevra en direct du Nautic l’architecte Quentin Lucet et le navigateur Yannick Bestaven