Le franchissement de la longitude du cap de Bonne Espérance est toujours un symbole - que Yann Eliès n'a d'ailleurs pas manqué de fêter en avalant la blanquette de veau qu'il s'était réservée pour l'occasion -. Il s'agit d'un des trois grands caps qui ponctuent le parcours du Vendée Globe, un cap qui fleure bon l'histoire et la vieille marine, mais qu'aucun des navigateurs n'a évidemment aperçu ce matin. De BT à Brit Air, les leaders sont passés 600 milles au sud de la pointe sud-africaine, avec une seule idée en tête : peaufiner leur trajectoire. Le temps de référence Départ-Bonne Espérance réalisé en 2004 par Vincent Riou en 24 jours 2 heures et 18 minutes, n'a donc pas été battu, puisque " Jojo " cumulait ce matin un temps de course de 26 jours, 19 heures et 38 minutes.
Dick se démarque
Après un épisode météorologique compliqué vendredi, qui a ralenti les leaders à tour de rôle, le train dépressionnaire est de retour et propulse à nouveau l'ensemble du peloton de tête, qui déboule vers l'est à 16 ou 18 nœuds moyens. Le skipper de BT qui a repris les commandes ce matin, emmène une troupe dispersée sur 200 milles du nord au sud, un étalement qui reflète les divergences stratégiques d'ici la porte des Kerguelen - deuxième porte des glaces- à 156 milles des étraves. L'option la plus radicale est celle de Mike Golding (Ecover) et surtout de Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) qui ont plongé dans le sud à la recherche d'un vent plus fort et d'un angle plus favorable, propices à faire grimper les compteurs. Ce matin, " J-P " côtoyait le 47e degré sud, à quelques poignées de milles des icebergs repérés par CLS Argos. Une position qui faisait - glaces mis à part - quelques envieux.
Le grand sud au rythme d'une fabuleuse régate
Côté vie à bord, la routine du grand sud s'installe sous un ciel uniformément gris et une houle qui s'est organisée. Le froid et l'humidité se font de jour en jour plus présents, obligeant certains à se calfeutrer, à l'image de Marc Guillemot ( 11e à 181 milles) qui a cloisonné son habitacle avec une toile, lui permettant désormais de circuler en charentaises devant sa table à cartes. Joints à la vacation du jour, Sam Davies ou Loïck Peyron confiaient s'être totalement habitués aux vents soutenus et aux vitesse élevées. Même remarque chez Michel Desjoyeaux, qui indiquait ne pas forcer pour faire avancer Foncia à des moyennes toujours un à deux nœuds supérieures à ses camarades. Mich Desj' occupe désormais la 9e place après avoir doublé Armel Le Cléac'h. Il est sur le point d'en faire autant avec Mike Golding et n'est plus qu'à 89 milles de la tête de course. Incroyable ! De son côté, Bernard Stamm (15e à 562 milles) observait Sam Davies dans son viseur et n'avait pas l'intention de se montrer particulièrement galant avec la navigatrice anglaise. Mais cette " routine " du sud est aussi faite de doutes sur l'opportunité d'adapter sa voilure au moindre changement de vent, d'interrogations sur la pertinence de sa trajectoire quand on voit les adversaires prendre la tangente, de dilemmes quant au repos à s'accorder. La compétition est si intense, la flotte est si compacte, que " tout le monde se bat pour le moindre pouillem de mille " expliquait Sébastien Josse. Après 27 jours de course, à l'entrée de l'océan indien, cette situation est aussi ahurissante qu'inédite.
Les premiers au pointage de 16 heures le 06/12/08
1- Sébastien Josse (BT) à 17,324 milles de l'arrivée
2- Yann Eliès (Generali) à 25 milles du leader
3- Jean Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) à 40milles
4- Loïck Peyron (Gitana Eighty) à 41,3 milles
5- Roland Jourdain (Veolia Environnement) à 53,3 milles
Les premiers étrangers
8- Mike Golding (Ecover) à 83 milles
12- Dominique Wavre (Temenos II) à 212,7 milles
13- Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) à 420,7 milles