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Décès de l'abbé Robert Gaborit, une figure de l'Eglise dans le monde maritime



Le diocèse de Luçon a le regret de vous faire part du décès de M. l’abbé Robert Gaborit, curé de la paroisse « Sainte Anne de Riez » à St Hilaire de Riez. Il est décédé ce 2 mai au CHD de la Roche sur Yon, il était dans sa 73ème année. Vous trouverez ci-joint les principales étapes de son ministère sacerdotal.
Son corps repose à la salle paroissiale, rue du 8 mai à St Hilaire de Riez. La sépulture, célébrée par Mgr Alain Castet, aura lieu mercredi 6 mai 2015 à 16h00 à l’église de St Hilaire de Riez, l’inhumation aura lieu ultérieurement au cimetière St Sauveur de l’Ile d’Yeu.

Le Père Robert Gaborit a été une figure ecclésiale du monde maritime. Il a été ainsi prêtre au service de l'aumônerie de la Mer aux Sables d'Olonne (de 1972 à 1983), au service de la Mission de la Mer en Guadeloupe (83-89), vicaire à Noirmoutier (89-97), aumônier diocésain de la Mission de la Mer (01-04), secrétaire du Comité épiscopal de la Mission en Monde maritime (01-15), et aumônier national de la Mission de la Mer (à temps partiel de 2002 à 2005).
L’abbé Claude Babarit, prêtre auxiliaire aux Sables d’Olonne et aumônier du monde de la plaisance m’a transmis ce témoignage, je vous le fait suivre :
C’était le 21 mars 2012, à la salle des Fêtes de la Chaume aux Sables d’Olonne, l’équipe locale de la Mission de la Mer avait choisi de présenter une rétrospective de 50 années d’aumônerie maritime. L’accueil et l’animation de cette soirée ont été conduits par Robert Gaborit, aumônier diocésain qui a commencé par annoncer : « Le port des Sables a repris des couleurs : aujourd’hui 179 marins et 58 navires selon l’hebdomadaire « Le Marin. Voici son témoignage dans une longue liste d’aumôniers, dont plusieurs ont pris la mer, partageant la dure condition des « marins pécheurs ».

« Septembre 1972, débuter dans le métier de naviguant à 30 ans, un début difficile, mais dans un milieu où j’étais né. A présent, j’ai mes « invalidités » (années de retraite en termes de marins-pêcheurs) au terme de huit années de navigation à la pêche. Et moi je naviguais. En particulier à la pêche au thon. Un vieil atavisme : mes ancêtres à l’ile d’Yeu l’avaient toujours pratiquée. C’était une pêche superbe et ce fut une aventure merveilleuse. (Henri Ugel - Jacques Rousseau – Loulou Fradet et d’autres.) Une vie d’équipage, dans une chaude ambiance, mais aussi parfois des tensions. Une vie de flottille avec 100 bateaux français : on parlait de tout, à la radio du bord, y compris de l’Eglise. Grâce à une radiolocalisation de plus en plus précise, avec, après la Gonio, puis le Dekka et enfin le Loren, les bateaux commencent à passer en des endroits réputés impossibles quand ces instruments n'existaient pas. Il y a aussi des engins hydrauliques nouveaux. Quant à moi, les temps de prière m’étaient indispensables. Je goutais mieux la messe. Quand je revenais à terre à « l’Abri du marin » je trouvais du monde, dans une maison occupée par Joseph Fonteneau et frère Maximin. Tous les marins le disent : une maison vide quand on arrive, au bout d’un mois d’absence et la vie en équipage, c’est terrible : j'ai connu cela plus tard. Plusieurs naufrages m’ont marqué : celui de la « Petite Foule » de l’ile d’Yeu, naufrage survenu à proximité des Sables, le naufrage du « Marie- Christine », celui du « Petit Laurent » avec trois à hommes à bord que je venais de quitter. Après un temps à l’aumônerie nationale de la Mission de la MER je suis devenu prêtre en paroisse, curé à St Hilaire de Riez. Je demeure aumônier diocésain et toujours en contact avec les marins. »


LES VENDEEENS ET LA MER, tel était le titre du Colloque organisé par le Centre Vendéen de Recherches Historiques, aux Sables d'Olonne en septembre 2007. Un volume de 750 pages dans lequel Alain Gérard fait état des cahiers manuscrits de Robert Gaborit de 1966 à 1982. Robert Gaborit sur son bateau, réalise avec acuité combien la foi, qui ne s’impose plus, ne peut être pour les prêtres qu’une recherche « en nous même d’abord, et chez les autres ensuite ». Originaire de l’île d’Yeu, et 11 ans durant, il a choisi de partager le sort des pêcheurs des Sables d’Olonne. L’enfer, ou peu s’en faut, surtout pour qui n’a pas été endurci très jeune. Le bruit obsédant du moteur et l’humidité permanente, le cruel manque d’hygiène et une promiscuité parfois très tendue, le danger permanent et le manque de sommeil, la misère intellectuelle et sexuelle enfin des milieux d’hommes rudes, recrus de fatigue, et privés de femmes. « Il n’y a pas de Bon Dieu pour nous ! » s’entend dire le prêtre, plongé « dans un milieu de vie où il reste quelques vestiges de foi plus ou moins déguisée en superstition ». Mais il assume tout ensemble les corvées et parfois l’agressivité à l’égard de ce drôle de curé qui entend prouver « que le sacerdoce ne s’identifie pas avec une certaine condition sociale ».

Lui aussi se converti à la mer, réalisant combien l’océan ouvre au Dieu parfois terrible de l’Ancien Testament plus facilement qu’à l’amour de celui du Nouveau, et méditant volontiers, quand il est de quart, tel psaume. « Et la nuit hurle encore griffonne-t-il malgré le roulis, se peuple de vent, de mouvement, des mille bruits des choses qui tapent, craquent, roulent, claquent, gémissent et qui grincent. Le bateau s’agite et clame sa peine sur les houles hachurées, ravinées par le vent. Je suis gardien de quelques feux qui picotent l’horizon. Je suis berger de la nuit parmi ses collines que leurs crêtes blanches laissent deviner un instant et qui fuient et se suivent inlassablement, inlassablement. Le flanc tribord vient de recevoir une gifle d’écume, le bateau s’ébroue, l’eau chuinte sur le pont et lentement s’écoule. La terre n’est plus qu’un rêve heureux dans les mémoires. Chacun vit avec ce souvenir qu’il va monnayer pendant la marée quand ça ne pêchera pas ». Les misères deviennent beauté. Cela aussi est une conversion. Notes parues dans le livret « marins pêcheurs & Mission de la Mer aux Sables d’Olonne » pages 42 & 70) - claudebabarit@orange.fr



Mercredi 6 Mai 2015 - 15:12

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