Rich Wilson n'est pas le premier Américain à avoir bouclé un Vendée Globe (Bruce Schwab en 2004/2005), ni le plus vieux (Jose de Ugarte, 62 ans, en 1992-1993), mais Rich n'avait rien à faire de ses " premières ". A 58 ans, ce haut diplômé d'Harvard, du MIT, a réussi son pari de ramener à bon port l'ancien bateau de Thierry Dubois, mis à l'eau en 1999.
Rich connaissait déjà les navigations au long cours en équipage (72 jours entre Hong Kong et New York en 2003 à bord de Great American II, trimaran de 50 pieds), mais là, en solitaire, pendant plus de 120 jours, la donne était beaucoup plus salée.
Extraits d'une conférence de presse où ce haut professeur de mathématiques avait mille et une histoire à raconter, mélangeant sans cesse le français et l'anglais
Rich Wilson : " J'ai vécu deux Vendée Globe. Le premier, très dur, très difficile en mer. Le deuxième s'est passé à terre et je crois que c'est celui là que je retiendrai au final. Cette course dégage entre tous les acteurs une amitié, un respect incroyable. Je voudrais particulièrement remercier Michel Desjoyeaux. L'hiver avant le départ, on a beaucoup échangé par mails, je lui posais plein de questions que je rédigeais en français et lui, 24 heures après, il me répondait mais en anglais. J'étais content qu'il gagne ".
" Les bons souvenirs, c'est quand je suis monté dans le mât et que j'en suis redescendu indemne. C'est aussi, pas plus tard que hier soir, lorsque les dauphins sont venus jouer avec moi au coucher du soleil. Ces moments me manqueront forcément "
" Franchir la ligne aujourd'hui, c'est un soulagement, un immense bonheur car tu n'es jamais sûr de finir. Tout le temps, 24 heures sur 24, tu te demandes ce qui va pouvoir t'arriver. Il n'y a pas si longtemps, j'étais au large de l'Argentine quand mes pilotes automatiques sont tombés en panne. J'étais à la barre, il faisait nuit noire et je me disais : et maintenant, comment je fais ? "
" Je souffre de l'asthme depuis l'âge de 1 an. Pendant les 20 premières années de ma vie, il n'y avait pas de médicaments efficaces et je luttais pour tout simplement respirer. Cela m'a rendu tenace. Je n'ai jamais songé un instant à abandonner. "
" Avec Jonny Malbon, on a vécu ensemble de très grosses tempêtes. On se soutenait l'un l'autre. J'ai été très déçu pour lui quand il s'est retiré de la course. Avec Mike Golding, c'est le seul anglo-saxon à n'avoir pas terminé la course. Tous les autres ont fini, c'est bien pour la course, pour la classe IMOCA. Mais ce sont les français qui imposent le rythme, qui mènent la danse. Ils vont incroyablement vite. Je suis fier d'avoir pu les côtoyer. "
" Mon moteur, ma motivation, c'est tout le programme scolaire que l'on a construit autour de ce Vendée Globe. J'ai eu des bas, des moments d'immense fatigue mais je n'ai jamais eu d'hallucination. J'ai fait juste une fois un drôle de rêve. Je n'arrivais pas à charger, via mon ordinateur, un câble pouvant soulever 20 tonnes. Il devait hélitreuiller le bateau. On était en pleine tempête, avec l'anémomètre qui était monté jusqu'à 85 nœuds. "
" Avant la course, je suis allé chez le médecin pour me vacciner contre la grippe. Il m'a dit : si vous finissez la course, vous serez vainqueur… "
Les deux prochains et derniers concurrents, Raphaël Dinelli (Fondation Ocean Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport Kapsch), respectivement à 600 et 1000 milles de l'arrivée sont attendus ce week-end.