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Au classement de 15 heures, le skipper de Apivia était en tête au classement, pour la 168e fois depuis le départ. Il comptait 11,4 milles d’avance sur son dauphin et 55,6 milles sur le troisième… Thomas Ruyant (+55,6 milles), venu chiper la place à Boris Herrmann (+63,0 milles) cet après-midi. S’il convenait de les relativiser tant que les marins avaient la tête au fond du pot, ils se révèlent plus parlants maintenant qu’ils se rapprochent des alizés de l’hémisphère nord. A l’heure d’écrire ces lignes, un orage passait sur la tête de course, menaçant de créer un peu de zizanie encore.
L’on peut conclure que le skipper allemand, qui a mis de l’ouest dans sa route pour aborder le pot au noir, n’a pas été aussi récompensé pour ses manœuvres que le Nordiste, qui est allé dans l’Est chercher une route de traverse. En faisant le même choix oriental, Yannick Bestaven (Maître CoQ IV) semble lui aussi s’être fait du bien : le revoici à moins de 100 milles de la tête, même si les fichiers météo semblent montrer qu’il n’a pas encore rejoint le flux des alizés.
A l’entrée du pot, Jean Le Cam a mis de l’ouest dans sa route, tandis que son compagnon des premiers jours, Benjamin Dutreux (OMIA – Water Family), a choisi de rester dans l’est, sur la trajectoire de Giancarlo Pedote. Bon courage à ces marins qui vont négocier ce pot entre chien et loup, lorsque les orages se font les plus nombreux.
Durant ces trois derniers jours, encalminés tandis que ça filait devant, Armel Tripon (L’Occitane en Provence) et Clarisse Crémer (Banque Populaire) ont concédé environ 200 milles supplémentaires. Le duo est sorti de la zone de haute pression et doit miser sur la stabilité de l’alizé de Sainte-Hélène pour boucher un peu le trou sur la route de Recife.
Romain Attanasio (Pure – Best Western) patiente encore, en faisant sécher le contenu de son sac hebdomadaire qui s’était empli d’eau, sans qu’il s’en aperçoive jusque-là. Cela promet au compagnon de Sam Davies (hors course, à 1500 milles du Cap Horn) quelques restrictions à venir, tandis que, devant lui, Maxime Sorel s’est fait des goûters « comme à la maison » à base de pâte à tartiner et de confiture.
14e, Jérémie Beyou (Charal) s’accorde quelques heures de répit – ce qui signifie des vitesses élevées, pour ce compétiteur hors-pair. Il est sorti de la molle qui colle ses poursuivants… et il envisage déjà, avec joie (?) une nouvelle session de près.
Ce matin, Miranda Merron (Campagne de France) a paré le Cap Horn 14 jours 19 heures et 40 minutes après le leader d’alors, Yannick Bestaven. Elle fut rapidement imitée par Clément Giraud (Compagnie du Lit / Jiliti), à 11h54 TU.
Enfin, contraint à l’abandon hier, Sébastien Destremau (Merci) longe la façade est de la Nouvelle-Zélande et se prépare à trouver refuge à Christchurch.
Quelques chiffres pour aller plus loin
Le passage de la tête de flotte à l’équateur, ce dimanche matin, donne l’occasion de faire le point sur quelques datas mises à disposition par Géovoile. Nous prenons comme classement et positions de référence ce dimanche matin, à 12h00.
- 168 : Le nombre de classements qui ont annoncé Charlie Dalin (Apivia) leader du Vendée Globe.
- 27 : Le nombre de changements de leaders depuis le départ de ce Vendée Globe.
- 10 : Si on omet le premier classement, qui le donnait leader après une heure de course, mais établi alors que le jury n’avait pas statué sur son départ anticipé, Louis Burton (Bureau Vallée 2) a été le 10e leader du Vendée Globe hier samedi, au classement de 17 heures.
- Des trajectoires très opposées -
Si 206,8 milles séparaient Charlie Dalin de Jean Le Cam (Yes We Cam !) au classement de midi, avec un décalage en latéral de 13 milles environ, d’autres chiffres beaucoup plus significatifs révèlent beaucoup du profil de leur bateau respectif, et de la manière de l’exploiter.
Le leader a parcouru réellement 25 154,31 milles depuis le 8 novembre, soit 21 248,8 milles de route théorique ; le 8e a parcouru 23 487,41 milles pour 21 042,1 sur l’orthodromie.
Cela fait un différentiel de 1 666,9 milles en distance fond. 1 600 milles, c’est la distance entre Recife (Brésil) et Dakar (Sénégal)…
Entre le foiler dernière génération, et l’IMOCA à dérives droites, il est évidemment question d’angles au vent et de choix de la trajectoire préférentielle. Pendant que les foils permettent d’abattre pour arrondir pour jouer avec des angles de 70° à 110° du vent, les dérives droites offrent au skipper la possibilité de serrer le vent, et de tendre ses trajectoires.
Quelques autres chiffres émergent : Apivia et LinkedOut sont les deux seuls bateaux à pointer à 15,0 nœuds – ils sont les plus rapides de la flotte. Thomas Ruyant a parcouru 25 154,31 milles, soit 6,93 milles de plus que Charlie Dalin. « Hasard ou coïncidence ? ». Les deux bateaux sont des plans Verdier, deux quasi-sister ships que des détails différencient, ainsi que le chantier de construction : Persico (Italie) pour le premier, CDK (Port-la-Forêt) pour le second.
Les foilers de la précédente génération ont parcouru 24 300 milles, 24 361,31 pour ce qui concerne Bureau Vallée, 2e. Entre les deux, donc, un différentiel de distance fond de 786,07 milles. La vitesse d’avancement de Louis Burton a été de 14,5 nœuds, soit un déficit de 0,5 nœud avec le leader. Pourtant, ce midi, 3,2 milles séparaient les deux hommes au classement.
Ah, la voile….